Quatre ans après une édition qui s’était déroulée dans un quasi-huis clos à cause des restrictions sanitaires, le 10e Vendée Globe de l’histoire s’est transformé dès l’ouverture du village en une fête populaire saisissante. Pendant trois semaines, ils ont été des centaines de milliers à s’y rendre, à arpenter les pontons, tenter d’apercevoir les skippers et même d’échanger les vignettes Panini de l’album dédié. Une communion entre le grand public, les équipes et les partenaires de la course qui a entraîné un sacré vent d’enthousiasme sur le Vendée Globe.
Une bataille de chaque instant
Une ambiance qui a atteint son paroxysme le 10 novembre, date du départ. Après les adieux sur les pontons et les dernières embrassades avec les proches, chaque skipper a goûté à l’ambiance magique du chenal et à une incroyable ferveur avant de prendre la mer. La météo, très clémente en début de course, leur a permis de rentrer progressivement dans la course avant d’accélérer. Le record de distance parcouru en 24 heures est battu à plusieurs reprises par Nicolas Lunven (Holcim-PRB), Yoann Richomme (PAPREC ARKEA) puis Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 615 milles). Dans l’Atlantique, Maxime Sorel (V and B Monbana Mayenne), touché à la cheville, abandonne à Madère, Louis Burton (Bureau Vallée) et Szabolcs Weores (New Europe) un peu plus tard au Cap.
Propulsés par une dépression tout au long de l’Atlantique Sud, quatre skippers (Charlie Dalin, Thomas Ruyant, Yoann Richomme, Sébastien Simon) se livrent une bataille intense en tête de course à l’entrée de l’océan Indien. Puis, une forte dépression au niveau des Kerguelen va bouleverser la hiérarchie. Dalin (Macif Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) décident de maintenir leur cap plein Est, Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA), Thomas Ruyant (VULNERABLE) ou encore Jérémie Beyou (Charal) font le choix de la contourner par le Nord pour préserver leur bateau. Le duo de tête résiste et en profite pour creuser fortement l’écart.
Richomme revient, Dalin s’impose
Sous la Tasmanie, Yoann Richomme parvient à revenir sur Sébastien Simon, qui doit progresser malgré une avarie à son foil tribord, puis sur Charlie Dalin. C’est le skipper PAPREC ARKEA qui passe en tête au cap Horn avec 9 minutes d’avance sur Charlie Dalin. Ce duel en tête de course est particulièrement haletant. Au large des côtes brésiliennes, le skipper MACIF Santé Prévoyance prend les commandes et ne les lâchera plus jusqu’à l’arrivée. Pour tous les marins, il faut composer avec la fatigue des organismes et des bateaux. Les avaries se multiplient, au point de contraindre à l’abandon le tenant du titre, Yannick Bestaven (Maître CoQ V, diverses casses) ainsi qu’Éric Bellion (Stand as One, problème d’étai) et Arnaud Boissières (La Mie Câline, démâtage).
De son côté, Charlie Dalin, premier sur la ligne mais deuxième en 2021, s’offre une victoire inoubliable, arrivant aux Sables d’Olonne au lever du soleil. Il pulvérise le précédent record de plus de 9 jours (en 64 jours, 19 heures, 22 minutes). Le Normand devance Yoann Richomme, incroyable bizuth (2e) et le Vendéen Sébastien Simon (3e) qui avait monté son projet moins de deux ans plus tôt.
Les trois premiers devancent de plus de 9 jours leurs poursuivants, pas vernis par la météo et menés par Jérémie Beyou (4e). Justine Mettraux (Teamwork – Team Snef, 8e) s’offre le record féminin de l’épreuve (76 jours et 1 heure), Benjamin Ferré (Monnoyeur Duo for a Job, 16e) a terminé premier chez les bateaux à dérives droites et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 30e) est le 1er chinois et le 100e finisher de l’histoire du Vendée Globe. Chaque arrivée a été saluée par la présence venue en nombre quel que soit l’heure et les caprices de la météo.
Mention spéciale à Violette Dorange (Devenir), benjamine du Vendée Globe qui a suscité une forte adhésion sur les réseaux sociaux en embarquant à ses côtés des centaines de milliers d’internautes dont certains étaient présents à son arrivée au cœur d’un dimanche pluvieux mais heureux. La joie intense de la navigatrice et de tous les autres resteront longtemps dans les mémoires, en attendant impatiemment la prochaine édition, en 2028.