Que ressent-on après 115 jours en mer, en solitaire, sans escale et sans assistance ? Denis Van Weynbergh, dernier marin encore en lice dans ce tour du monde, a sa petite idée. Depuis le début de semaine dernière, il avance avec trois ris dans sa grand-voile. Le Belge espère surtout que « les réparations vont tenir ». Quoi qu’il en soit, sa configuration de voile a fortement ralenti sa progression. Psychologiquement, le coup est forcément rude.
La résistance de Denis la malice
Il est le dernier skipper encore en course dans ce Vendée Globe après 115 jours en mer. Le marin de D’Ieteren Group (33e), fatigué par la répétition des efforts et la difficulté à avancer après ses problèmes techniques, devrait rejoindre les Sables d'Olonne ce samedi dans l’après-midi ou la soirée. Il arriverait donc après la fermeture de ligne (ce vendredi à 8 heures) mais sera à coup sûr heureux et libéré d’être allé au bout de son aventure. En attendant, Denis ne lâche rien.

Je fais entre 80 et 100 milles par jour, c’est compliqué et désespérant. J’ai l’impression d’être un prisonnier à qui on rajoute sans cesse des jours et qu’il y a tout un tas d’épreuves à surmonter pour sortir de prison… J’avoue que je suis vraiment fatigué.
Loin d’être une partie de plaisir
Pourtant, lui qui dispose du seul projet 100% amateur de ce Vendée Globe grappille des milles chaque jour et se rapproche progressivement de la ligne d’arrivée. Pour ajouter aux difficultés, il doit également composer avec le trafic maritime, bien plus dense dans la région. « Ce n’est pas facile de tirer des bords dans les rails de cargo à l’approche du cap Finisterre », reconnaît Denis. Le marin a décidé de passer à l’intérieur du DST (disposition de séparation du trafic) en longeant les côtes espagnoles ce mercredi.
Désormais, il progresse dans le golfe de Gascogne et là encore, ce n’est pas une partie de plaisir. « J’ai très peu de vent, s’agace Denis. J’aimerais bien que le vent prenne une direction plus Sud afin de faire de l’Est et avoir une route un peu plus directe ». Il espère donc être « le plus au Sud possible » afin d’éviter « un coup de vent qui arrive du Sud-Est ». Consultant météo du Vendée Globe, Christian Dumard explique : « actuellement Denis n’a pas beaucoup de vent. Mais un vent de Sud-Est va se renforcer demain après-midi puis dans la soirée ».
« Il y a un temps imparti, ça fait partie de la course »
Denis Van Weynbergh est attendu sur la ligne d’arrivée ce samedi, vraisemblablement dans l’après-midi ou dans la soirée. « C’est très compliqué d’avoir une estimation précise même si Denis fait tout pour rallier la ligne », précise Hubert Lemonnier, le directeur de course. Son arrivée devrait donc avoir lieu après la fermeture de ligne, programmée ce vendredi à 8 heures. Le principe de fermeture de ligne est acté dans la grande majorité des courses au large. Pour ce Vendée Globe, la règle s’est basée sur le temps réalisé par le dernier arrivé lors de l’édition précédente, Ari Huusela, qui avait justement fini son aventure en 116 jours et 18 heures.
Il représente le temps de course du vainqueur de l’édition, Charlie Dalin, augmenté de plus de 80%. Denis connaît la règle et ne s’en cache pas : « je sais que je serai sûrement hors délai, il y a un temps imparti, ça fait partie de la course, précise Denis. Moi j’essaie juste de tout faire pour rentrer le plus vite possible ».
Néanmoins, Denis sera accueilli avec les honneurs du public qui ne manquera pas d’être au rendez-vous pour saluer sa performance. Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à faire part de leur envie d’être présents autour du chenal. « Même si je me suis beaucoup déconnecté depuis une dizaine de jours, on m’a dit que ça bougeait pas mal, ça me touche beaucoup ». Pour l’instant, difficile de se projeter sur cette arrivée à terre et les joies qui vont avec. Denis conclut : « je ne pense même pas à ce que je pourrais faire, je mets toute l’énergie qu’il me reste pour faire avancer le bateau et me reposer quand je peux ».