Il a donc réussi à réaliser son incroyable pari. Disputer le Vendée Globe, tenir jusqu’aux Sables d’Olonne et savourer une remontée du chenal qui restera à coup sûr parmi les souvenirs les plus forts de son existence. Malgré la fatigue, la répétition des efforts et l’abattement parfois, il a su garder le cap, grappiller mille par mille jusqu’à la fin de son aventure.
« Comme un club belge en Ligue des champions »
Cette histoire avait débuté en 2018. Denis est patron de PME et moniteur de voile et nourrit l’ambition de participer à cette course mythique. Après être devenu propriétaire de son IMOCA (ex-Spirit of Hungary mis à l’eau en 2014), il doit batailler pour rassembler les budgets nécessaires. Il met en suspens tous ses autres projets, s’obstine puis repense son plan en 2021 en misant sur les circuits courts et la réutilisation de matériel. Un choix audacieux qui a donné naissance à une initiative collaborative, portée par une équipe 100 % bénévole.
Ensuite, Denis s’est lancé sur le circuit IMOCA afin d’accumuler les milles et d’affiner sa technique. Chaque régate et chaque sortie en mer lui ont offert l’occasion de tester sa stratégie et de renforcer son mental. Fort de cette préparation solide, il a pris le départ du Vendée Globe. « C’est comme si un club belge de 3e division jouait la Ligue des champions avec le Real Madrid », s’enthousiasme-t-il.
Une sacrée capacité de résistance
Denis savait que son tour du monde n’aurait rien d’un long fleuve tranquille. Il doit en effet composer avec les dysfonctionnements de sa girouette, les complications électroniques et les problèmes de grand-voile. Autre coup dur : son ami, Szabolcs Weöres (New Europe), lui aussi confronté à des problèmes techniques, est obligé d’abandonner.
De son côté, Denis avance, toujours, sans vraiment se soucier de l’écart qui se creuse de semaine en semaine avec le reste de la flotte. Longtemps, il reste non loin du duo Manuel Cousin (Coup de Pouce) et Fabrice Amedeo (Nexans-Wewise) et ce « match dans le match » contribue à sa motivation du quotidien. Denis offre aussi un autre rapport au temps, s’attache à profiter de chaque instant, à vivre ce rêve d’enfant, à apprécier au maximum d’être skipper du Vendée Globe et à faire partie de cette grande aventure.
Mais le plus connu des tours du monde implique souvent des galères, des moments de doute et d’abattement. Denis en sait quelque chose : les derniers jours de course ont été, de son propre aveu, « très compliqués ». En cause ? La casse de son loop de grand-voile dans l’Atlantique Nord. Depuis, il a dû se contenter d’avancer avec trois ris dans sa grand-voile. De quoi rendre pénible sa progression surtout dans la houle au cap Finisterre puis dans le golfe de Gascogne où le vent a forci notamment la nuit dernière.
Pourtant, Denis a puisé en lui une incroyable force et fait preuve d’une sacrée combativité pour aller au bout. Le skipper belge ne s’est pas attardé sur le fait d’être hors délai – la fermeture de la ligne a eu lieu vendredi à 8 heures* – lui qui s’évertuait surtout à avancer coûte que coûte : « il y a un temps imparti, ça fait partie de la course. Moi j’essaie juste de tout faire pour rentrer le plus vite possible ». L’arrivée a donc lieu ce samedi, en pleine journée, ce qui facilite la venue d’un public venu en nombre. Les Vendéens ne s’y trompent pas : tous ont hâte d’applaudir Denis Van Weynbergh et de féliciter son incroyable ténacité.
*Le règlement, accepté par l’ensemble des skippers inscrits, mentionne que la ligne d’arrivée ferme le 7 mars à 8h, ce qui correspond au temps du dernier concurrent de l’édition précédente, celle du Finlandais Ari Huusela.