La « sauvagerie » du Grand Sud
Ces vagues immenses, comme des murs d’eau captés par une caméra qui tremble depuis le cockpit, ces rafales qui fouettent le matériel, ou encore ces icebergs filmés pour la première fois depuis 2008. Des images aussi sublimes qu’effrayantes pour capturer l’essence de ces contrées « sauvages », que si peu de gens auront la chance de découvrir un jour. Ici, plus qu’ailleurs, on ne triche pas.
Voilà ce que retiendra notamment Josiane Ferry, cette « grand-mère passionnée par le Vendée Globe », venue depuis Nice jusqu’aux Sables d’Olonne avec sa fille pour découvrir les bateaux sur le ponton. « Grâce aux skippers, on est au cœur de cette course et on a l’impression de la vivre avec eux. Certaines de leurs vidéos m’ont impressionnée, comme celle de Guirec Soudée dans l’Indien au milieu d’une tempête et ces vagues si hautes. J’ai une grande admiration pour tous », écrit notre lectrice, rappelant le courage de ceux qui bravent le pire, avec une mention spéciale pour les « Mc Gyver du Grand Sud », Antoine Cornic (Human Immobilier, 28e) et Guirec Soudée (Freelance.com, 23e), obligés de se mettre à l’abri sous l’île de Saint-Paul et dans les Kerguelen. « Nous sommes déjà en manque !!!!! Et sommes sûres de revenir dans quatre ans ».
L’aube de Charlie Dalin
Comment ne pas retenir ce moment, forcément ? Ce lever de soleil magistral, d’une couleur à couper le souffle en plein cœur de l’hiver atlantique. « Comme si la météo elle-même avait compris qu’il fallait faire une pause, et accueillir dignement ce grand champion », écrit Antoine Bapt, 34 ans, qui vit à Paris. Il y a quatre ans déjà, ce passionné de sport avait suivi le Vendée Globe et « même si j’avais beaucoup apprécié la personnalité de Yannick Bestaven et que je trouvais sa compensation parfaitement justifiée pour remporter le Vendée Globe 2020, j’espérais quand même pas si secrètement que ça que Charlie Dalin puisse prendre sa revanche. Et il l’a fait avec tellement de panache que je me souviendrai toujours de cette arrivée, et de son émotion quand il a enfin pu relâcher l’immense pression qui pesait sur ses épaules. Des frissons, et de la magie ! »
Un podium à couteaux tirés
On dit souvent que pour faire un beau vainqueur, il faut un beau deuxième. Dans le cas de cette dixième édition du Vendée Globe, on serait même tentés d’ajouter : et un beau troisième. La combativité de Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e) et de Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) ne vous a pas échappé, et vous avez été nombreux à distinguer leurs deux arrivées parmi les moments marquants de ce tour du monde sans escale et sans assistance.
« D’abord, il y a la joie de Yoann, qui fait presque le malin en disant que ça lui a semblé court, et puis après, la folie aux Sables d’Olonne pour le skipper vendéen qui complète le podium malgré un foil en moins, c’était complètement fou, même si tôt le matin. Mention spéciale pour les mecs en maillot de bain en plein mois de janvier alors que tout était gelé ! », s’amuse Zoé, 24 ans, étudiante à Paris.
La dernière tempête
Si ces trois arrivées se sont faites dans des conditions assez idylliques, derrière, ce fut une autre histoire. Un contre-la-montre contre les tempêtes qui a donné lieu à des corps à corps mouvementés jusque dans les derniers milles de course, et que vous êtes nombreux à garder en mémoire.
« On avait l’impression de voir un boss final se dresser devant eux, écrit Sean David, qui nous écrit depuis Londres. Et on serrait tous les dents pour savoir si ça allait passer pour eux. J’ai eu franchement peur pour Justine Mettraux (Teamwork – Team Snef, 8e) et Sam Goodchild (VULNERABLE, 9)) avec leur grand-voile complètement déchirée. Et puis après, alors qu’on croyait avoir vu le pire, il y a Benjamin Dutreux (Guyot Environnement, 10e) et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 11e) obligés d’aller se réfugier à La Rochelle, et Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, 12e) et Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 13e) qui affrontent le pire dans les derniers jours… Si ça avait été un film, on aurait dit que le scénariste exagérait un peu de s’acharner comme ça ! »
Le doyen et la benjamine
Certes, on avait dit que tous les marins de ce Vendée Globe ont été cités par nos lecteurs dans leurs moments préférés. Mais il faut bien reconnaître que certains noms reviennent plus que d’autres ! Si Romain Attanasio (Fortinet – Best Western, 14e), grâce notamment à ses karaokés passés à la postérité, a bien failli leur voler la vedette, c’était tout de même difficile cette année de faire de l’ombre aux deux chouchous du public.
Le premier, éternel, est bien sûr Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux, 20e) dont les « clac-clac-clac » vous plaisent visiblement toujours autant, surtout quand ils sont faits en haut du mât quand on a oublié quelque chose en bas. Et la deuxième, c’est bien sûr la jeune Violette Dorange (Devenir, 25e), qui vous a littéralement fait chavirer. « Violette, c’est un peu la personne qu’on a envie d’être, ou qu’on a tous un peu en soi. Celle qui se bouge, celle qui savoure, celle qui se bat, écrit Violaine Dard, 27 ans, qui vit à Marseille. Depuis que je l’ai découverte sur le Vendée Globe, je pense souvent à sa voix quand elle racontait avoir eu si peur en grimpant au mât, et ça me donne du courage quand j’ai l’impression d’en manquer. »
« Violette m'a déjà fascinée avant le départ, pour son courage et sa simplicité, pour sa gentillesse et sa générosité », écrit à l’unisson Pascale Morel, lectrice de Suisse, qui résume parfaitement notre sentiment dans la suite de son message. « J’ai suivi l'ensemble des skippers dans la mesure du possible. Les premiers parce qu'ils étaient les premiers ; Justine parce que c'est une femme et une suissesse comme moi; Tanguy et Pépin parce qu'ils étaient trop sympas et qu'ils m'ont bien fait rire ; le roi Jean parce qu'il a mon âge ; Eric et Arnaud qui m'ont fait pleurer pendant leurs galères ; les autres Suisses par patriotisme ; Romain parce qu'il chante faux très bien ; Guirec parce que je le suis sur Instagram depuis des années… En fait je pourrais citer tous les participants ! J'oublie Samantha et Isabelle et les autres... Le fait même que je désigne les skippers par leur prénom montre bien que j'ai l'impression de faire partie de la famille. Un immense merci pour ces moments hauts en émotions, en admiration et pour votre travail. Merci aussi de nous donner l'occasion de vous remercier, je me demandais comment j'allais pouvoir le faire ! »