Denis Van Weynbergh : « des larmes de joie et d’émotion »
Il a pu enfin lâcher prise et savourer. Denis Van Weynbergh (D’ieteren Group) s’est offert les joies du chenal ce samedi matin avec ses proches. L’affluence matinale était au rendez-vous autour du chenal et sur les pontons où l’attendaient notamment Manuel Cousin et Arnaud Boissières. Très ému, Denis a livré ses premières impressions après ses 117 jours en mer.

Vendée Globe :
Quelles émotions te traversent à l'arrivée ?

Ce que je ressens, c’est indescriptible, j’ai l’impression d’être sur un nuage, de flotter ! Je n’ai jamais pris de drogue mais je crois que c’est mieux que ça.
Vendée Globe :
Qu’est-ce qui a été le plus dur ?
Tout, du 11 novembre jusqu’à tout à l’heure ! Même la manœuvre pour affaler était super difficile. Si je la ratais, je m’échouais sur la plage… Ça aurait fait une belle histoire belge ! Tout était compliqué, dur… Il faut être masochiste pour continuer et pour vouloir revenir ! J’ai surtout essayé de ne rien lâcher. J’ai failli abandonner plusieurs fois, je me disais qu’il fallait tenir et à chaque fois, ça s’est bien passé… J’ai même passé le cap Horn au près. Je ne sais pas qui l’a déjà fait à part les anciens quand ils allaient dans l’autre sens.
Vendée Globe :
Comment as-tu vécu la remontée du chenal ?
C’était incroyable. Moi, le petit Denis Van Weynbergh, qui arrive devant des dizaines de personnes, des spectateurs avec des fumigènes…. Et il y a même le président de la Vendée (Alain Leboeuf) qui est venu. Tout le monde est là ! Je ne me rends pas compte d’autant plus que je me suis coupé de tout depuis quinze jours. Il y a plein de gens que je connais, qui viennent de Belgique…
Vendée Globe :
On sent beaucoup d’émotion…
Oui, je crois que je vais pleurer toute la journée ! Je n’ai pas de souci à afficher mes larmes. Ce ne sont pas des larmes de tristesse mais des larmes de joie et d’émotion. Et je sais que je vais beaucoup en profiter.
Vendée Globe :
Tu avais déjà les larmes aux yeux au départ…
Au départ, quand tu pars sans escale et sans assistance, tu ne fais pas le malin, tu sais que ça ne va pas être simple. Et puis tu te lances, tu continues, tu vas là où tu connais jusqu’à Itajaí et après tu découvres et tous les jours tu apprends. Tu es impressionné, souvent stressé et tu fais tout pour avancer. Et tu te débrouilles pour maîtriser le bateau dans des mers inhospitalières…
Vendée Globe :
Qu’as-tu appris pendant cette aventure ?
Au-delà des aspects liés à la voile, tu découvres plein de choses sur toi. Je n’ai jamais eu autant de crises de nerf. Tu essaies de respirer, de te calmer, de gérer tes crises d’angoisse, tu apprends que tu peux avoir peur. A chaque fois tu te donnes de petits objectifs sur quelques jours. Parfois, c’est interminable, comme entre le cap de Bonne Espérance et le cap Leeuwin. L’océan Indien, c’est très grand, inhospitalier, vicieux, comme si un gros bonhomme te soufflait au-dessus de toi en fonction de ses crises. Même Jean Le Cam était très nord dans cet océan ! Moi, j’ai essayé de naviguer en bon père de famille, même en bon père de famille nombreuse. J’ai fait le grand tour de la piste. Je n’avais pas le courage et le talent pour faire autrement.