Vincent Riou : « un niveau général très élevé »
Il fait partie du club très fermé des vainqueurs du Vendée Globe. Vincent Riou s’est imposé il y a un peu plus de 20 ans, le 2 février 2005 après 87 jours et 10 heures de mer. Alors qu’il s’apprête à disputer une nouvelle saison en Class40, Vincent Riou a pris le temps de dresser le bilan de cette 10e édition et de ce qu’elle raconte sur l’évolution des IMOCA.

Vendée Globe :
Quel bilan tires-tu de ce Vendée Globe ?
Sportivement, ça a été une super belle édition avec un très bon niveau. L’enseignement majeur, c’est que dix ans après avoir mis des foils aux IMOCA, nous avons la preuve que les foilers sont compétitifs à toutes les allures. Aujourd’hui, nous avons une flotte très homogène, qui a fait ses preuves et qui a été capable de faire tomber le record.
Vendée Globe :
Quel regard portes-tu sur la bataille livrée en tête de course ?
On a assisté à un très beau match au fil de la course. Le duel entre Charlie (Dalin) et Yoann (Richomme) était très intéressant à regarder. Ils ont attaqué, osé… Ils ont fait une course dingue ! Globalement, le niveau général des dix premiers était très élevé. Ils ont réussi à mettre le curseur un peu au-delà des autres.
Vendée Globe :
Qu’as-tu pensé de l’écart entre les trois premiers et les autres, de près d’une semaine ?
L’écart a été beaucoup lié aux conditions météo mais aussi à la capacité des premiers à oser aller à l’avant de ce front très virulent dans l’océan Indien. Cette fois-ci, ils avaient la machine pour le faire. On savait que les foilers étaient très performants au reaching et au près. Au portant, il a fallu attendre des années pour qu’ils soient aussi performants.
Vendée Globe :
L’audace dont à fait preuve Charlie a-t-elle été récompensée ?
Il a toujours fallu prendre des risques et aller un peu plus loin dans l’engagement que les autres pour gagner. C’est toujours le cas dans le sport en général et dans la voile en particulier. Il y a quatre ans, les marins semblaient tétanisés dans le Grand Sud et s’étaient obligés à faire des trajectoires plus « safe ». Ici, le niveau de performance est plus élevé au portant et ce qui a fait la différence.
Vendée Globe :
Dès leurs premières courses après leur mise à l’eau, MACIF Santé Prévoyance et PAPREC ARKÉA ont été performants… Ça t’a étonné ?
Non parce qu’ils ont évolué dans tous les domaines et surtout parce qu’on a acquis une connaissance très fine des foilers. En 2020, c’était le début des grands foils et tout le monde évoluait dans l’inconnu. Mais l’expérience acquise progressivement tout comme les moyens humains et financiers des grandes équipes ont contribué à ce que la dernière génération de bateaux soit beaucoup plus aboutie.
Vendée Globe :
Est-ce qu’il y a des marins qui t’ont surpris ?
Avant le départ, je m’étais amusé à faire une liste des favoris et des outsiders, et au final, je me rends compte que globalement, tout le monde est resté à sa place. On peut noter que Sébastien Simon, qui faisait partie des outsiders, a pris une nouvelle ampleur et qu’on attendait Thomas Ruyant sur le podium. On voit quand même que ceux qui ont gagné des courses depuis trois ans et qui ont signé de bons résultats étaient au rendez-vous.
Vendée Globe :
Que penses-tu de la performance des bateaux à dérives droites ?
On a vu que l’écart se creusait entre ceux qui font de la compétition et ceux qui partent pour une aventure. Je crois qu’il n’y a pas de débat possible. D’ailleurs ce n’est pas la même façon de naviguer. J’ai hâte de voir comment cela va évoluer car malgré le décalage technologique, il y a toujours le même engouement pour l’ensemble des marins et ça fait partie de l’ADN du Vendée Globe. Lors de la première édition en 1989, Jean-François Coste était parti avec un Pen Duick (Pen Duick III, construit en 1967) alors que certains s’étaient fait construire des bateaux spécialement pour l’occasion !
Vendée Globe :
La communication a été grandement facilitée par Starlink… C’est une bonne nouvelle d'après toi ?
On part tout seul et il faut bien raconter nos histoires. Pour la première fois, ils avaient une liaison permanente avec la terre. Communiquer et envoyer des contenus devient plus simple. Je me souviens des heures que l’on passait à essayer d’envoyer un fichier son ou une image il y a quelques années… La génération qui émerge aujourd’hui a grandi avec les réseaux sociaux. C’est une pression supplémentaire pour les skippers en mer mais il y a une vraie attente et c’est un vrai plus pour faire vivre la course au grand public.