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La bataille de l’ombre

Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e) continuent d’accélérer et devraient franchir l’équateur ce dimanche après-midi. Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) va lui aussi pouvoir augmenter la cadence ce soir. Mais c’est derrière que la bagarre est plus intense que jamais : Paul Meilhat (Biotherm, 5e) revient sur Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e), Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef, 10e) poursuit son option Ouest et tous s’activent malgré les bobos qui s’accumulent comme pour Nicolas Lunven (Holcim-PRB). Loin de là, Jean Le Cam (Tout commence en Finistère - Armor-lux, 16e) a franchi le cap Horn pour la 7e fois en course, un exploit de plus dans une course de légende.

COURSE, 04 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau STAND AS ONE - Altavia lors de la course à la voile du Vendée Globe le 04 janvier 2024. (Photo du skipper Eric Bellion)
COURSE, 04 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau STAND AS ONE - Altavia lors de la course à la voile du Vendée Globe le 04 janvier 2024. (Photo du skipper Eric Bellion)

Ça leur avait presque manqué. Attaquer sans compter, monter sur les foils, voir les compteurs s’affoler… Le duo Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) – Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) a retrouvé de la vitesse, plus de 20 nœuds de moyenne, et met le cap vers le nord. Ça va vite : dès demain après-midi, ils devraient franchir l’équateur puis le pot au noir dans la nuit de dimanche à lundi. Charlie, qui a retrouvé du vent fort plus rapidement, en a profité pour creuser légèrement l’écart.  À 15 heures ce samedi, au large de Salvador de Bahia, il comptait ainsi 129 milles d’avance sur son rival.

Nouvelle donne pour le ‘top 10’ ?

Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) va également pouvoir accélérer. Après des bords de recalage, il pourra à son tour bénéficier des alizés. Mais c’est derrière que ça se bouscule. Une reconfiguration des forces en présence est en cours car tout a basculé ces dernières heures. Paul Meilhat (Biotherm, 5e) a profité des pépins de Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) pour revenir sur lui. Les deux sont désormais bloqués par une zone sans vent, « un front froid avec de la pluie et de l’instabilité », précise Basile Rochut, le consultant météo du Vendée Globe. 

Leurs poursuivants, qui progressent au près, peuvent en profiter pour revenir. Sam Goodchild (VULNERABLE, 8e) et Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, 9e) sortent de la zone de calme au centre de la dépression alors que Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 6e) tente de maintenir la cadence malgré des problèmes d’aérien. Il a été joint ce matin pendant la vacation :


Les conditions sont musclées, instables, la mer est croisée… Ce n’est pas facile de faire avancer le bateau et, sans aérien, c’est encore plus aléatoire. Le bateau commence à être bien amoché, je n’ai pas de gros soucis mais une somme de petits problèmes. Dans les prochaines 24 heures, on va avoir un front semi-permanent qu’il faudra traverser. C’est plus facile à dire qu’à faire parce qu’il y a du vent faible et des risques d’orage. Il s’agit d’une zone de transition qui peut réserver des surprises et rebattre les cartes.

Nicolas Lunven
HOLCIM - PRB

Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef, 10e), elle, tente sa chance en avançant plus à l’Ouest que ses concurrents. La Suissesse était l’invitée du Vendée Live ce samedi :


On a des conditions très instables, les prévisions ne sont pas fiables. Les mers du Sud, c’était presque plus facile. Je fonctionne toujours avec un arien de pont, j’ai eu quelques blackout, un problème à mon chariot de grand-voile… Les bateaux sont très sollicités dans cette remontée au près depuis qu’on a franchi le cap Horn. J’essaie de trouver la meilleure route mais on a des conditions encore compliquées à venir.

Justine Mettraux
Teamwork-Team Snef

Derrière, Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family, 11e) et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) ont retrouvé eux aussi de la vitesse, avec 14 à 16 nœuds. Mais cela pourra être de courte durée et les vents erratiques qui s’annoncent devraient permettre à Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) de recoller.

Ça se bouscule au cap Horn !

Ce samedi à 7h01 (heure française), Jean Le Cam (Tout commence en Finistère - Armor-lux, 16e) a été le 16e skipper de ce Vendée Globe a dépassé le cap Horn. Pour le Roi Jean, c’est presque une habitude : il s’agit de son 7e franchissement du cap mythique en course. Mais au-delà des chiffres, le skipper a contribué à la légende du lieu, lui qui l’avait franchi la première fois à 22 ans aux côtés d’Éric Tabarly (à la Whitbread, une course autour du monde avec escales) et puis après son fameux chavirage, à bord du bateau de Vincent Riou qui l’avait secouru en 2009. « C’est chouette, c’est beaucoup d’émotions », s’amuse le « Roi Jean » qui a pu échanger avec le gardien du phare du cap Horn. 

Jean Le Cam passe le cap Horn | Vendée Globe 2024

Ce bonheur-là, la joie d’être cap-hornier et d’aller au bout d’une légende, Alan Roura (Hublot, 17e) l’a aussi vécu à deux reprises en course. Et le Suisse est en passe d’y parvenir une 3e fois du haut de ses 31 ans. En revanche, ça s’annonce coton : une dépression s’est creusée avec 35 nœuds de vent moyen, 45 nœuds en rafale, 4 à 5 mètres de creux attendus lors de son passage prévu en début de matinée ce dimanche. Isabelle Joschke (MACSF, 18e) et Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e), eux, ont décidé d’attendre que le plus fort de la dépression soit passé avant d’atteindre le cap Horn. 

À l’arrière, Oliver Heer (Tut Gut., 30e) est toujours bloqué par un anticyclone. La traversée du Pacifique s’annonce donc très lente pour le Suisse Allemand. Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise, 33e) et Manuel Cousin (Coup de Pouce, 34e) connaîtront le même sort, eux qui progressent sur une route plus Nord, et Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 35e) aura pour sa part beaucoup de près en perspective. Plus en avant, Antoine Cornic (HUMAN Immobilier, 31e) prend lui aussi son mal en patience le long de la ZEA (zone d’exclusion Antarctique) en fêtant ses 45 ans à bord et en gardant le moral :

 


J’aimerai que ça avance un peu plus, que les conditions soient plus favorables pour avancer plus rapidement. Après, je n’ai pas le choix ! Je ne peux pas mettre le clignotant, aller à l’hôtel, prendre une bonne douche, dormir dans un lit chaud et revenir demain ! L’idée, c’est d’aller le plus vite possible. J’ai hâte d’avoir un peu plus chaud, de pouvoir enlever mon ciré, mes bottes, mon bonnet. Mais c’est une autre histoire.

Antoine Cornic
HUMAN IMMOBILIER

Yannick Bestaven (Maître CoQ V) a lui aussi commencé à écrire une nouvelle page de son aventure. Le vainqueur du dernier Vendée Globe avait abandonné le 30 décembre dernier après une succession d’avaries (casse du palier central, perte de deux voiles, code 0 et FR0, foil tribord endommagé, souci de bordé tribord…). À Ushuaia, son équipe s’est affairée pour réparer toute la semaine et il se dit prêt à repartir, hors course, pour boucler la boucle.


C’était dur de quitter le Vendée Globe et d’abandonner. Mais c’était une décision sérieuse pour ma sécurité. L’objectif, c’est de finir. J’ai eu l’entrée, le plat de résistance et j’ai envie de prendre le dessert pour mes amis, ma famille et les collaborateurs de Maître Coq. En plus du problème de barre, il y a un gros travail de composite puisqu’on a l’impression que la coque a été déchirée. Heureusement que je me suis arrêté et que je m’en suis rendu compte ! Les travaux ne sont pas faciles parce qu’on est au bout du monde. Mais l’équipe est sur le pont et si tout va bien, j’espère reprendre la mer lundi matin !

Yannick Bestaven
MAÎTRE COQ V

Samedi 4 janvier | Vendée Live

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