Toutes les actualités

Une place au soleil

Quelle qu’elle soit dans le classement et dans les frustrations ou joies du moment, celle de nos solitaires est assurément plus douce quand elle se joue sous les rayons de Zébulon ! Pendant que le gros de la flotte fait le plein de vitamine D, d’autres continuent d’en rêver. A n’en pas douter, la misère est moins pénible au soleil !

COURSE, 15 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Groupe Dubreuil lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 janvier 2024. (Photo du skipper Sébastien Simon)
COURSE, 15 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Groupe Dubreuil lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 janvier 2024. (Photo du skipper Sébastien Simon)

On les aime nos marins, mais là, ils poussent le bouchon un peu loin ! Pendant qu’on grelotte dans nos bonnets et nos bas de laine, voilà que nos solitaires nous racontent par le menu cette sensation exquise de refaire découvrir le soleil à ses orteils… Et quel bonheur visiblement, surtout après le contraste saisissant du Grand Sud et de ses glaçons menaçants !

Cette nuit, c’est Guirec Soudée (Freelance.com, 23e) qui a été le plus bavard sur le sujet, lui qui en a bien bavé ces dernières semaines à la barre, et savoure d’autant plus cette petite victoire sous le cagnard !


Qu’est ce que c’est bon de pouvoir se mettre pied nu, en short, en t-shirt, de pouvoir prendre soin de soi, de pouvoir aérer le bateau, de faire des machines… toutes ces choses impossibles dans le Grand Sud ! J’aime bien le froid, mais à bord j’ai pas de chauffage, c’était très humide, j’arrivais à rien sécher, j’ai un peu enchaîné les dépressions, je me suis fait un peu malmener ! Pouvoir souffler comme ça, c’est un moment que j’attendais depuis un bout de temps, il est bien mérité !

Guirec Soudée
FREELANCE.COM

« Je profite un peu plus ! »

Une joie d’autant plus appréciée qu’elle s’accompagne d’un joli coup pour le marin finistérien, qui a distancé le petit paquet avec lequel il naviguait, de Violette Dorange (Devenir, 28e) à Sébastien Marsset (Foussier, 24e) ! Après le passage de la dépression aux Malouines, finalement moins violente que redouté – « par rapport à ce que j’ai eu dans le Sud, 45 nœuds maintenant c’est une promenade de santé » - le « bizuth » du Vendée Globe s’est un peu inquiété. Allait-il se retrouver empétolé, alors que tous ses camarades devant avaient réussi à se faufiler ? Il cravache alors plus que jamais, et réussit à accrocher le petit flux de Sud-Sud-Est qui lui tend sa risée :


Trop content ! Déjà parce que je suis au portant, en plus c’est une route qui va être plus rapide, plus confortable, et qui va me permettre de préserver mon J2 abîmé. C’est cool aussi de ne pas avoir trop de bateaux proches derrière moi, ça met un peu moins de pression, je profite un peu plus ! Après ceux de devant sont un peu loin, je sais pas comment je vais pouvoir les rattraper, mais s’il y a une opportunité je la prendrai !

Guirec Soudée
FREELANCE.COM

Ce sera donc bien au large que le skipper de Freelance.com vivra sa remontée du Brésil, en espérant qu’il ait un peu plus de réussite que ses camarades de devant, le trio mené par Damien Seguin (Groupe Apicil, 18e), qui progresse péniblement. Pour les partisans de l’option Ouest plus proche des côtes brésiliennes, les vitesses ne sont pas beaucoup plus impressionnantes, mais les trajectoires moins hachées laissent penser que le moment est tout de même moins compliqué ! C’est d’ailleurs Isabelle Joschke (MACSF, 15e) qui, malgré son foil en moins, réalise la bonne opération du moment, en prenant la tête de la petite troupe de poursuivants !

« C’est mémorable ! »

La journée a aussi été belle, forcément, pour Antoine Cornic (Human Immobilier, 30e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 31e), qui ont tous deux franchi le Cap Horn et peuvent, à leur tour, rêver des températures plus douces qu’ils sentent presque déjà sur leur frimousse… Joint quelques heures avant son passage, le marin chinois, qui prévoyait déjà de faire péter le champagne, ne masquait pas sa vive émotion à vivre ce « moment merveilleux »


C’est mémorable ! Mon équipe et moi avons beaucoup travaillé pour en arriver là, c’est pas facile du tout, mais les bonnes choses vont arriver, on va enfin arrêter cette navigation dans l’océan austral qui est glacial, et retourner dans l’Atlantique ! Je serai de plus en plus près de la ligne d’arrivée et de ma famille et mes amis, c’est encourageant ! Je suis très content que mon bateau passe cette épreuve des Mers du Sud et garde son potentiel à 100 % !

Jingkun Xu
SINGCHAIN TEAM HAIKOU

COURSE, 15 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau HUMAN Immobilier en train de passer le Cap Horn lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 janvier 2024. (Photo du skipper Antoine Cornic)
COURSE, 15 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau HUMAN Immobilier en train de passer le Cap Horn lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 janvier 2024. (Photo du skipper Antoine Cornic)

Ils ne sont désormais plus que trois dans le Pacifique, mais pour Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 34e) les quelques 1 700 milles qui le séparent du Cap Horn doivent forcément sembler un peu plus long en sachant tous ses camarades déjà bien affairés à travailler leur bronzage. 

« J’ai hâte que ça finisse aussi ! »

En tous cas, c’est ce que ressent Sam Goodchild (VULNERABLE, 5e) vis-à-vis de l’arrivée ! Le marin britannique trouve en effet le temps un peu plus long depuis qu’il sait ses deux camarades Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) et Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA, 2e) confortablement installés dans un lit king size sans secousse (pas le même, on vous rassure, ils ont arrêté de se marquer à la culotte, selon des sources sûres !)


On commence un peu trop penser à la maison parce que ça se rapproche, c’est pas forcément évident, c’est la première fois depuis le début où je trouve le temps un peu long, le fait de savoir que l’arrivée approche, j’essaie de me concentrer sur l’essentiel, le présent, le réglage de voile, de m’occuper de moi-même et du bateau. Je suis très content d’être là et j’ai hâte que ça finisse aussi !

Sam Goodchild
VULNERABLE

Il a d’autant plus hâte que le chemin ne s’annonce pas sans difficultés ! Alors qu’il ferraille avec Jérémie Beyou (Charal, 4e), qui a mis le turbo depuis le passage de l'Equateur, le skipper de VULNERABLE nous racontait le dilemme qui fait actuellement turbiner ses méninges : 


Il y a cette dépression qui arrive aux Açores dans trois-quatre jours et nous barre un peu la route avec 50-60 nœuds de vent et 8-9 mètres de mer ! Pour l’instant, on n’a pas besoin de prendre une décision, c’est plutôt samedi-dimanche qu’il faudra choisir. Pour l’instant, il y a trois options : foncer dedans et gérer comme on peut, essayer de passer vers le Sud-Est pour rester dans une mer un peu moins forte, ou ralentir et attendre que le plus fort passe, et choper le train derrière. Mais ça veut dire attendre les copains, et ça ne donne pas très envie ! Mais si c’est ça ou prendre trop de risques, il va falloir le faire…

Sam Goodchild
VULNERABLE

Voilà pour le menu pas très réjouissant, d’autant que marins et bateaux commencent à souffrir sérieusement. Après Paul Meilhat (Biotherm, 6e) qui a perdu son étai, Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 7e) toujours à l’aveuglette, ou encore Thomas Ruyant (VULNERABLE, 9e) et Boris Herrmann (Malizia – Sea Explorer, 10e) avec leurs problèmes de voiles d’avant, tous sont sur le qui-vive pour rester dans la locomotive. Sam Goodchild a d’ailleurs dû affaler hier matin sa grand-voile pour régler un souci de latte, et a plus que jamais conscience que le classement sera déterminé par sa capacité à préserver son destrier jusqu’à la ligne d’arrivée !

En attendant la précieuse délivrance, il continue à profiter de la météo clémente, alors que déjà les degrés commencent à s’égrener, ce qui pour l’heure est plutôt accueilli avec soulagement. « On doit être à 25 degrés plutôt que 30, et ça change quand même la vie à bord, on arrive à dormir mieux, c’est plus agréable ! », nous disait-il, l’inconscient ! Au large de la Bretagne, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) ne doit pas en dire autant, emmitouflé dans ses couches de vêtements à tirer des bords vers les Glénans. Mais la chaleur humaine devrait vite compenser, pour celui qui est attendu de pied ferme par toute la Vendée, et s'apprête à compléter un podium amplement mérité !

COURSE, 15 JANVIER 2025 : Photo envoyée depuis le bateau TeamWork - Team Snef lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 janvier 2025 - (Photo du skipper Justine Mettraux).
COURSE, 15 JANVIER 2025 : Photo envoyée depuis le bateau TeamWork - Team Snef lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 janvier 2025 - (Photo du skipper Justine Mettraux).

Partager cet article

Dernières actualités