Quel est cet étonnant parfum qui flotte dans l’air ? L’heure est à l’effervescence, mais tout à la fois au silence. Pour la première fois depuis le début de la course, aucun marin n’a répondu à nos questions de la nuit, nous laissant seuls comme deux ronds (de flan) dans l’eau. Il fallait bien que ça arrive, mais tout de même, si près du but… Coïncidence ? Nous ne croyons pas.
Car c’est effectivement difficile de parler quand on retient son souffle ! Il y a quelques jours, nous avions demandé à Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) s’il avait un secret pour garder ce qui nous semblait être une zénitude en béton armée. Il nous avait confié qu’avant de se coucher, il pratiquait quelques exercices de respirations ciblés. Alors que le leader pointe désormais son étrave spatulée à moins de 300 milles de la ligne d’arrivée, on ne peut que vous inviter à l’imiter, tant cette journée s’annonce irrespirable…
Car la dernière ligne droite n’en sera pas franchement une ! Pour atteindre les Sables d’Olonne, Charlie Dalin va devoir redescendre le long de la Bretagne, dans des eaux certes on ne peut plus familières, mais aussi dans des petits airs… Le dauphin de la dernière édition, bien décidé à ne pas jouer les Flipper à nouveau, s’est employé à laisser le moins de chances possibles à Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA, 2e), sur lequel il compte désormais près de 200 milles d’avance. Exploitant au mieux le moindre souffle qu'il a visiblement légèrement plus puissant, le Havrais imprime une cadence infernale à son rival, handicapé en outre par la perte d’une de ses voiles d’avant cruciale dans le petit temps.
Mais tout de même, il y a toujours cette petite musique dans notre tête, et sûrement aussi dans la sienne : que peut-il arriver qu’il n’aurait pas prévu ? « C'est fou ce qu'un détail peut avoir son importance quand on s'y attache », aurait dit Columbo s’il avait eu à refaire le match, avant même qu’il ne soit terminé… Allez, plus que quelques heures en apnée !