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S’adapter aux conditions de circulation

Le chemin le plus court d’un point à un autre, ça reste encore de ne pas y aller. Mais allez expliquer ça aux marins du Vendée Globe ! Pas question pour eux de faire du refus d’obstacle, surtout maintenant qu’ils sont dans les mers du Sud et que la plupart d'entre eux sont précisément là pour vivre « ça ». Ils savent toutefois mieux que personne que les voies les plus courtes ne sont pas toujours les meilleures. Reste pour eux à définir la stratégie à adopter en fonction des conditions de circulation des différents systèmes météorologiques. S’ils étaient ailleurs qu’en mer, une application telle que Waze saurait certainement leur indiquer avec précision les zones difficiles à traverser et leur proposer les itinéraires les plus praticables. Sauf que voilà, là où ils sont, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour éviter les sentiers boueux et les dangers. Ce qui les oblige à adapter leur trajectoire en ce moment, c’est une vilaine dépression qui se creuse derrière eux et va venir les percuter de plein fouet en milieu de semaine.

COURSE, 02 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau L'Occitane en Provence lors de la course à la voile du Vendée Globe le 02 décembre 2024. (Photo de la skipper Clarisse Crémer)
COURSE, 02 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau L'Occitane en Provence lors de la course à la voile du Vendée Globe le 02 décembre 2024. (Photo de la skipper Clarisse Crémer)

Pour nous terriens, une simple application GPS permet de signaler les embouteillages, les accidents, les travaux… En somme, tous les obstacles qui peuvent rendre le chemin le plus court impraticable ou plus lent à parcourir qu'un itinéraire alternatif. Pour les marins, rien de tout ça. Les seuls outils dont ils disposent sont les fichiers météo et leur bon sens marin. En l’état, ce qui les préoccupent, et en particulier les leaders, c’est de réussir à négocier de la meilleure manière possible une zone fermée de basse pression atmosphérique un peu costaude qui doit les cueillir entre mercredi et jeudi. La route la plus courte leur ferait indéniablement traverser une zone dangereuse. Un quartier pour le moins mal éclairé. Ils n’ont donc d’autre choix que de miser sur un itinéraire plus long mais plus sûr dans une certaine mesure. Le hic, c’est que pour l’heure, celui-ci est bien mal tracé. « Le but est de se positionner au mieux pour prendre cette dépression qui arrive au portant et dans des vents qui soient négociables C’est un peu compliqué », a expliqué Yannick Bestaven (Maître CoQ V).

Pas vraiment la possibilité de prendre la tangente

Si hier encore, la gestion de ce fameux système pouvait s’envisager de deux manières distinctes, la donne a évolué. « Il n’y a plus de passage par le Sud », a indiqué le tenant du titre du Vendée Globe. Chose confirmée par Christian Dumard, consultant météo de l’épreuve : « Tous les solitaires vont passer logiquement dans son nord. Plus bas en latitude, ils la subiraient beaucoup plus longtemps, mais aussi avec plus de vent et plus de mer et se retrouveraient au près à un moment ». Évidemment, ce n’est pas l’option qui arrange le plus les marins. Car si elle va effectivement leur éviter d’essuyer des rafales à 65 nœuds et des vagues de dix mètres, elle va considérablement leur rallonger la distance puisqu’elle pourrait les faire remonter jusqu’à 500 milles au nord de l’archipel des Kerguelen. On voit d’ailleurs que le trio Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) - Yoann Richomme (PAPREC-ARKEA) - Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), qui va se l’emplafonner de la manière la plus brutale puisqu’elle se creuse à mesure qu’elle avance, semble avoir décidé de poursuivre sa route vers l’Est, conscient, de ne pas pouvoir vraiment y échapper de toutes façons.

Changement de mode activé

Le schéma est un peu différent pour ses poursuivants. Thomas Ruyant (VULNERABLE), Jérémie Beyou (Charal), Nicolas Lunven (Holcim – PRB), Sam Goodchild (VULNERABLE) et Yannick Bestaven ont encore le choix de prendre un peu la tangente. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils auront le temps d’admirer le paysage ni de faire un arrêt pique-nique sur une aire aménagée. « On va prendre 40-45 nœuds, ce qui est fort mais finalement un peu le tarif de ces navigations australes », a résumé le skipper de Maître CoQ V qui se prépare au mieux à prendre la première « patate » de son tour du monde. « Aujourd’hui, c’est la journée inspection du bateau. La préparation au gros temps est en cours avec l’installation des voiles qui vont avec », a indiqué le Rochelais qui profite de zones de vents calmes actuelles sur sa zone de course pour bien verrouiller les portières. Le programme est identique pour les suivants qui vont logiquement se faire cueillir par la dépression en question les premiers. Pour l’heure, ils progressent en avant du système mais vont bientôt se faire rattraper et voir les conditions se muscler. Comme l'explique Alan Roura (Hublot) : 


On rentre à présent vraiment dans le vif du sujet du Vendée Globe. Pour nous, le passage du cap de Bonne Espérance ne va vraiment pas être simple et en même temps, quand je vois ce que les premiers vont se prendre dans les dents, je constate que tout le monde est un peu dans la même galère. Avec un petit décalage, on va tous prendre cher.



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