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Des cow-boys face à l’Indien

Ils ne sont pas sept mais neuf, les mercenaires du Vendée Globe à avoir atteint l’Océan Indien. Et si le gros de la troupe est encore affairé à les rejoindre au plus vite, les premiers jours de conquête dans ce Grand Sud aussi espéré que redouté ne se font pas sans quelques coups de sabot et jolis règlements de compte.

COURSE, 01 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau GUYOT Environnement - Water Family lors de la course à la voile du Vendée Globe le 01 décembre 2024. (Photo du skipper Benjamin Dutreux)
COURSE, 01 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau GUYOT Environnement - Water Family lors de la course à la voile du Vendée Globe le 01 décembre 2024. (Photo du skipper Benjamin Dutreux)

Impossible à ce stade de la course, en entendant les messages laissés par nos marins embarqués dans cette drôle d’aventure du Vendée Globe, de ne pas penser à cette réplique culte du chef d’œuvre de John Sturges : « C'est comme l'histoire de ce type qui s'est jeté d'un immeuble de dix étages. A chaque étage, les gens l'entendaient dire : "Jusqu'ici, ça va. Jusqu'ici, ça va. Jusqu'ici, ça va." »

Après trois semaines de course, Denis Van Weynbergh (D'Ieteren Group, 37e) s’en étonnerait presque :
 


Pour l’instant, je n’ai pas trouvé que c’était très difficile. On a toujours eu des conditions clémentes, jamais beaucoup de vent, pas de grosse dépression à passer, beaucoup de soleil, des allures quand même qui avançaient bien, assez stables. Jusqu’à lundi-mardi, ça va être encore des conditions sympas, et puis mercredi-jeudi on va rentrer dans le vif du sujet. On entre dans le vrai Vendée Globe, la vraie aventure.

Denis Van Weynbergh
D'IETEREN GROUP

Gâchettes bien huilées

Avec ses camarades de la fin de flotte, c’est en effet une jolie dépression bien enroulée qui s’approche et devrait les propulser de manière tonique vers le Cap de Bonne Espérance, et l’entrée du fameux Indien. Les leaders de ce paquet, à commencer par Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor-Lux, 20e) profitent d’ailleurs de cette pression plus forte pour se refaire une santé, leur permettant de revenir quasiment sur Isabelle Joschke (MACSF, 19e), sur qui ils avaient pourtant accusé jusqu’à 400 milles de retard… Décidément, il faut toujours se méfier de certaines gâchettes bien huilées, elles ne sont jamais vraiment hors de portée !

Devant ce peloton, neuf bateaux continuent leur progression vers la pointe sud-africaine, se rendant coup pour coup les empannages à la faveur des forces de vent qui les accompagnent. Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 15e), a ainsi grimpé bien Nord dans la nuit, espérant pouvoir provoquer d'ici quelques heures un duel avec Benjamin Dutreux (Guyot-Environnement, 14e).

Toujours bien en cheval de bataille, la petite meute formée par Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, 12e), Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 13e) et Justine Mettraux (Teamwork – Team SNEF, 11e) rêve quant à elle de revenir à portée de tir de Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 10e), qui devrait passer le Cap des Aiguilles dans la journée. L’Indien lui permettra-t-il de prendre la poudre d’escampette ? 
 

COURSE, 01 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau MACIF Santé Prévoyance lors de la course à la voile du Vendée Globe le 01 décembre 2024. (Photo du skipper Charlie Dalin)
COURSE, 01 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau MACIF Santé Prévoyance lors de la course à la voile du Vendée Globe le 01 décembre 2024. (Photo du skipper Charlie Dalin)

Les grains pour shérif

Pour le loup solitaire Paul Meilhat, ce n’est clairement pas le cas ! Ces dernières 24 heures, le skipper de Biotherm, toujours 9e, a subi la zone de transition de plein fouet, se retrouvant quasi à l’arrêt, sans échappatoire. De quoi en manger son chapeau, d’autant que devant, même si les grains jouent les shérifs, ça continue de cavaler bon train. 

Pour l'heure, c'est au Sud que va la prime. Un temps leader de la flotte, Yoann Richomme (Paprec-Arkea), s'est à nouveau fait reprendre par Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), plus proches que lui de la ZEA (Zone d'Exclusion Antarctique). Cela n'empêchait pas le marin d'être satisfait de son positionnement :


Je suis content, le paquet de trois on est dans une situation intéressante, on va avoir un peu d’avance sur les autres, après il y a cette grosse tempête qui arrive, avec la petite zone de transition avant, à voir comment elle se passe vraiment. Je cultive le doux espoir de me faufiler entre les deux dépressions pour gagner du terrain dans l’Est avant l’arrivée de la grosse.

Yoann Richomme
PAPREC ARKÉA

Si l'espoir fait vivre, le pragmatisme fait durer. Alors l’enjeu avant l'arrivée de ce premier gros juge de paix en milieu de semaine est de soigner la monture et le bonhomme, d’autant que les températures se font de plus en plus mordantes. « Je ne sais pas s’il fera beaucoup plus froid que ça, en tous cas je suis dans un gros sac de couchage polaire et ça fait du bien », nous racontait d’ailleurs le skipper de Paprec-Arkea, qui avait prévu « un bon tour d’inspection après quelques sessions de bombardage encore » même s’il n’a pour l’heure « rien à déplorer » côté technique. « Je n’ai jamais raté de manœuvre ou fait des choses qui auraient pu engendrer de la casse, ça me paraît maîtrisé. Pour l’instant je suis content de la façon dont je navigue », expliquait le skipper de Paprec-Arkea.

Mais tous savent qu'ils vont au devant du grabuge, et certains d'ailleurs ont profité de la nuit pour grimper bien Nord et éviter les ennuis, à l'image de Jérémie Beyou (Charal, 5e) et Nicolas Lunven (Holcim - PRB, 6e), qui ne se lâchent pas d'un sabot. Et Yoann Richomme de commenter ces grands mouvements : 
 


La tempête, on va voir comment on va la prendre tous, pas forcément au même endroit. En tous cas tout ça n’a rien de simple et on ne sait pas trop où se mettre par rapport à cette dépression, donc il risque d’y avoir pas mal de différence. Il y a quand même un enjeu de progresser vers le Nord-Est et les Îles Saint-Paul et Amsterdam, c’est ça le but.

Yoann Richomme
PAPREC ARKÉA

Qui sera le mieux placé à l'heure de faire parler la poudre ? Une chose est sûre, on peut leur faire confiance pour rester à l’affût, et seuls maîtres de leur chevauchée. « Non, personne ne me dit d’aller où je ne veux pas » est finalement un peu leur mantra. 


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