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Quelles sont les pathologies les plus courantes des marins du Vendée Globe ?

Engagés dans l'une des courses les plus extrêmes au monde, les skippers du Vendée Globe sont soumis à des conditions particulièrement éprouvantes pour le corps. Entre l'humidité permanente, les mouvements brutaux des bateaux et les postures souvent inconfortables, ces athlètes du large font face à une multitude de risques. Parmi les pathologies les plus courantes, on retrouve les pathologies cutanées liés à l'humidité, au sel, aux frottements et à l’hygiène. On note aussi des douleurs dorsales dues à des espaces confinés qui ne permettent pas toujours de se tenir debout, et enfin, des risques de chutes dans le bateau pouvant déclencher des commotions cérébrales.

LORIENT, FRANCE - 26 SEPTEMBRE 2024 : TeamWork - Justine Mettraux (SUI), skipper du Team Snef, à l'entraînement, le 26 septembre 2024 au large de Lorient, France - Photo Gauthier Lebec
LORIENT, FRANCE - 26 SEPTEMBRE 2024 : TeamWork - Justine Mettraux (SUI), skipper du Team Snef, à l'entraînement, le 26 septembre 2024 au large de Lorient, France - Photo Gauthier Lebec

La lombalgie

Le Docteur Kapandji, grand chirurgien, a été un des premiers à comparer la colonne vertébrale des humains au mât d’un bateau et la musculature qui l’entoure aux haubans (câbles fixés de part et d'autre du mât), le bassin représentant la coque du navire. Cette comparaison est tout à fait cohérente d’autant que toute la pathologie du rachis/du dos peut s’expliquer dans cette situation avec la compression qui en découle. Et pour accentuer cette comparaison, il se trouve que la pathologie lombaire (bas du dos) est la principale en course au large.

Cela commence dès le plus jeune âge avec des enfants qui soulèvent leur « Optimist » pour la mise à l’eau. La posture assise ensuite, pour barrer pendant des heures dans des positions plus ou moins stables et confortables, ou passées devant l’ordinateur et les fichiers météo pendant de longues heures.

L’hyper sollicitation des muscles du dos enfin, avec des efforts dans une enceinte surbaissée, courbé sur une colonne de winch, avec des voiles à manutentionner (sachant que la plus grande voile en IMOCA pèse environ 80 kg), et enfin le matossage qui consiste à changer de côté le matériel « de spare » (outillage et nourriture) à l’intérieur du bateau à chaque manœuvre pour faire contre-poids. Des charges à porter ou à déplacer considérables en somme.

Pour prévenir les douleurs dorsales, il est crucial d’éviter les charges lourdes, d’adopter de bonnes postures (plier les genoux ou se mettre à genoux) et de privilégier des activités douces comme la marche rapide, la natation ou le vélo. Une préparation physique continue, incluant musculation, gainage, endurance et relaxation, reste indispensable, idéalement encadrée par un professionnel. Enfin, des étirements réguliers, notamment via le yoga, apportent souplesse et prévention des tensions, une pratique pouvant être maintenue même en mer. Ces recommandations s’appliquant aux marins du Vendée Globe mais également à nous tous !

Stretching time for Sam Goodchild | Vendée Globe 2024

Risques de choc et de commotion cérébrale

En 2018, Loris Karius gardien de but de Liverpool en finale de la ligue des champions contre le Réal Madrid, après s’être heurté la tête au sol lors d’un plongeon, prend deux buts sur des maladresses grossières. Des médecins, a posteriori, déclareront qu’il a eu une commotion cérébrale. Une nouveauté pour le football. Depuis, de nombreux sports se sont progressivement alignés sur cette attention portée à ces traumatismes. 

Mais voilà, en solitaire sur un bateau à l’autre bout du monde, les choses sont plus complexes. Aujourd’hui, cinq questions sont écrites pour être posées au skipper afin d’évaluer la gravité d’une situation suite à un choc :

  1. Sur quel support êtes-vous ?
  2. Sur quelle mer, quel océan, quel plan d’eau êtes-vous ?
  3. A quel moment de la journée êtes-vous ?
  4. Quelle est votre nationalité ?
  5. Quel est le port ou la structure de départ de l’événement en cours ?

Si, suite à ses réponses, le moindre doute s’installe, l’équipe médicale et la direction de course peuvent décider de rester en contact permanent avec le skipper. Les moyens de communication d’aujourd’hui autorisent un suivi médical à distance, offrant aux skippers un soutien précieux en cas de besoin.

Dr Yves Lambert pour AMCAL


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