Conrad Colman : « on a chassé le chat noir »
Il a le sourire jusqu’aux oreilles. Conrad Colman est heureux d’être allé au bout. Avec son équipe, il est parvenu à monter un projet, à « bichonner » un bateau ayant une histoire tumultueuse avec le Vendée Globe, et a tenu bon surtout. Le « Crazy kiwi » a pu profiter tout au long de sa course et s’est donné à fond, sans compter. Huit ans après une première expérience conclue sous gréement de fortune, Conrad s’est offert une nouvelle arrivée à l’issue du plus iconique des tours du monde.
Vendée Globe :
Comment s’est passée cette arrivée ?
Même en pleine bataille jusqu’à la fin, j’ai pris le temps de regarde le ciel et les étoiles, de prendre tout ce que je pouvais prendre. Faire un Vendée Globe c’est rare, être à l’arrivée ça l’est encore plus et batailler jusqu’au bout avec une légende du Vendée Globe (Jean Le Cam), là c'est le top. On a eu un petit dossier à régler avec Éole mais c’était chouette. Ça a été une bataille de très haut niveau. C’est difficile de comprendre comment on est capable de maintenir le rythme aussi longtemps. Chaque décision te pousse à tout faire pour donner le meilleur.
Vendée Globe :
Tu fais partie de ceux qui ont vu un iceberg…
Ce que j’ai ressenti, je ne suis pas sûr que je peux le dire. C’était presque un voyage dans le temps. J’ai grandi avec des histoires de mer qui faisaient état des épisodes où les grands marins étaient confrontés aux icebergs. Lors de mon premier tour du monde en Class40, j’étais tombé par hasard sur un iceberg. Quand on en voit un, on dort mal ensuite. C’est un cauchemar parce qu’il y a tous les glaçons qui flottent autour. J’ai envoyé le drone pour voir si le chemin était libre.
Vendée Globe :
Ça faisait huit ans que tu n’avais pas disputé le Vendée Globe…
En mer, on a le temps de réfléchir. En fait, on fait que ça ! J’ai eu la chance de comparer avec ma première participation en 2016. Ce qui a changé, c’est que j’ai pris beaucoup de plaisir. J’avais eu beaucoup de problèmes techniques, une préparation courte et ça s’était fini par un démâtage. Là, j’ai eu trois ans de préparation intense, on a renforcé le bateau, on l’a bichonné et je suis fier de pouvoir raconter le fruit de notre travail et de garder le sourire même dans la tempête. À chaque fois je me disais que j’étais heureux d’y être.
Vendée Globe :
Ton bateau avait eu une histoire tumultueuse avant que Maxime Sorel ne finisse le Vendée Globe avec lui il y a quatre ans…
Avec ce bateau, on était tous les deux des bras cassés. Mais on s’est renforcé ensemble, on a grandi ensemble. Mon dernier Vendée Globe, c’était un traumatisme. Tous les deux, on a chassé le chat noir… Et j’en suis ravi !
