Il est le nouvel homme fort du circuit IMOCA. À 41 ans, Yoann Richomme s’est hissé en haut de l’affiche et il compte bien y rester. Impressionnant en Figaro (vainqueur de la Solitaire en 2016 et en 2019) puis en Class40 (double vainqueur de la Route du Rhum 2018, 2022), c’est donc en IMOCA qu’il s’épanouit désormais. Aux côtés de Romain Ménard, directeur général de l’équipe, Yoann a repris le flambeau auprès de Paprec et du Crédit Mutuel Arkéa, deux partenaires majeurs de la voile. Ensemble, ils ont pensé un bateau - sistership de VULNERABLE, le bateau de Thomas Ruyant – et contribué à sa montée en puissance. Associé à Yann Eliès pour ses débuts réussis (2e de la Rolex Fastnet Race et de la Transat Jacques Vabre), il s’est offert sa première victoire en solitaire lors de Retour à la Base en décembre dernier. La saison 2024 a bien débuté aussi puisqu’il s’est imposé sur The Transat CIC au bout du suspense. Avec ses succès et une préparation minutieuse, Yoann Richomme pourrait impressionner lors de cette 10e édition.
Yoann Richomme : « au Vendée Globe, tout est toujours possible »
PAROLES DE SKIPPERS (3/40). En moins de deux ans, le skipper de Paprec Arkéa a mis à l’eau un bateau, est monté quatre fois sur le podium de courses et a remporté deux transatlantiques. De quoi le propulser parmi les favoris de ce Vendée Globe, qui sera pourtant son tout premier tour du monde.
Vendée Globe :
Comment est né ton goût pour la voile ?
Yoann Richomme
Nous avons toujours vécu avec un bateau dans la famille. Mon grand-père en avait un et mon père a été très fier à son tour d’en acheter un. Quand j’étais adolescent, nous sommes partis vivre plus de trois ans aux États-Unis. On faisait du bateau avec mon père et, ensemble, nous avons traversé l’Atlantique. C’est à ses côtés que j’ai appris la voile. Il m’a toujours soutenu et on continue d’ailleurs à beaucoup échanger sur le sujet.
Vendée Globe :
C’est cette première transatlantique qui t’a donné envie de faire de la course au large ?
Ça m’a surtout montré que j’étais capable. J’avais envie d’en faire un peu plus, de disputer quelques régates. Mais à l’époque, je me voyais plus travailler dans l’informatique. Et puis progressivement, j’ai eu davantage envie de me lancer dans des études d’architecture navale. Je les ai suivies à Southampton et c’est là que j’ai eu encore plus envie de faire du bateau.
Vendée Globe :
D’où vient ton esprit de compétition ?
J’ai du mal à saisir quand c’est arrivé. J’aime bien le sport, surtout le sport collectif. Quand j’étais étudiant, ça me faisait vibrer de disputer le Tour de France à la voile même si je ne me projetais pas plus loin. Et puis ensuite, j’ai beaucoup navigué, j’ai participé à de nombreuses courses, pris part à plein de navigations et j’ai senti progressivement que je pouvais viser un peu plus haut. Je n’avais jamais eu de résultats sportifs de dingue mais j’étais compétiteur, ça me plaisait de tout donner à chaque course.
Vendée Globe :
Qu’as-tu ressenti quand on t’a proposé d’être le skipper de Paprec Arkéa ?
C’était une super opportunité avec un vrai engagement. Ce qui m’a plu, c’est de pouvoir tout de suite me projeter, créer un projet dans lequel j’avais un vrai rôle à jouer. Je n’étais pas simplement un pilote, j’avais mon mot à dire sur l’organisation, sur les choix architecturaux… C’était une chance incroyable !
Vendée Globe :
Est-ce que le fait d’être devenu père de famille a changé ta façon d’aborder les courses ?
Non, ça ne m’a pas déstabilisé. Mais peut-être que ça a contribué à me stabiliser. D’avoir le soutien sans faille de ma famille, c’est une chance. Et puis ça permet aussi de ne pas être « mono-sujet », de ne pas penser qu’à la compétition, de se rappeler qu’il y a plein d’autres choses qui comptent.
Vendée Globe :
Quel est ton objectif au Vendée Globe ?
Je vise le ‘top 5’et j’espère batailler aux avant-postes. Mais je sais que je ne suis pas le seul à avoir cette ambition-là ! Paprec Arkéa est un super bateau, excellent au portant et dans du vent fort. Cette course, je la prépare comme une expédition et j’adore ça !
Vendée Globe :
Qu’est-ce qui fait que ce tour du monde a une place à part ?
C’est un événement complétement dingue par son ampleur et sa dimension aventure. Le Vendée Globe est un peu hors sol, un peu en dehors de tout. C’est la seule aventure sportive extrême qui peut être suivie par le commun des mortels. Ça parait impossible et inatteignable et, en plus, le public peut tout suivre au quotidien. En tant qu’acteur de la course, on se projette dans un challenge à long terme, ce qui oblige à être particulièrement minutieux concernant la préparation.
Vendée Globe :
Quels sont pour toi les ingrédients nécessaires pour être performant ?
Il faut de l’abnégation, un très bon niveau sportif en voile, une niaque permanente, une bonne gestion homme-machine, des qualités de bricoleur, une fine analyse de la météo et un bateau extrêmement bien préparé. Avec le niveau actuel, il n’y a quasiment pas de place pour l’erreur.
Vendée Globe :
Il y a quatre ans, tu proposais des analyses météos très poussées sur les réseaux sociaux. En quoi cette expérience a été bénéfique ?
Je ne serais peut-être pas là si je n’avais pas fait cette émission ! Ça m’a notamment aidé en matière de notoriété. Mais surtout, j’ai pu travailler sur la météo tout au long du parcours, notamment dans les mers du Sud. La dernière édition a aussi été la démonstration qu’au Vendée Globe, ce n’est jamais fini. On peut toujours revenir, la victoire peut se jouer dans les dernières heures. Il faut savoir rester fort, résister aux avaries et continuer à être positif. Dans cette course, tout est toujours possible !