C’est devenu un rendez-vous incontournable pour les élèves de CM1-CM2 de l’école Alphonse Daudet, à Montigny-le-Bretonneux. Depuis trois mois, chaque lundi matin, ils retrouvent non seulement leur classe, mais aussi leur fidèle navire, dont le seul nom révèle la pugnacité de son redoutable équipage : « L’Imbattable des mers ». Et gare à l’équipier de quart du week-end s’il a dévié de la trajectoire conjointement décidée ! « Je ne donnerai pas de nom, mais c’est arrivé que certains aient mal piloté, et je dois dire qu’ils se faisaient un peu gronder le lundi matin... C’est le problème de l’équipage, au moins les solitaires du Vendée Globe n’ont pas ce souci ! », sourit Virginie Rigaud, directrice de cette école de la région parisienne.
Embarqués dans l’aventure du Vendée Globe via le jeu Virtual Regatta, cette vingtaine d’élèves mène, comme plus de 175 000 enfants à travers le monde, sa propre circumnavigation. Une expérience immersive qui s’est transformée en un projet pédagogique transversal d’une richesse exceptionnelle, grâce notamment aux outils pédagogiques du Vendée Globe Junior, programme développé par le Département de la Vendée. « On n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure, explique l’enseignante. On avait déjà fait l’expérience il y a quatre ans, et on savait à quel point c’est un régal en termes de richesse d’apprentissages ! »
« Ça aurait été beaucoup plus abstrait sans ce projet »
En bonne récidiviste amarinée, Virginie Rigaud a ainsi organisé sa classe en pôles de responsabilité, pour exploiter au mieux le vaste horizon des possibles en termes de pédagogie. Chaque semaine, un groupe de quatre élèves était chargé de la navigation, et devait travailler en bonne intelligence collective tout en apprenant à maîtriser l’outil informatique. « Ce qui est vraiment génial, c’est que c’est un projet extrêmement concret de coopération, ils doivent exprimer leurs choix, argumenter. Ils sont en pratique en permanence, ce sont eux qui sont maîtres de leur bateau », explique Virginie Rigaud.
Et quand ils ne sont pas sur le pont virtuel, bien d’autres tâches leur incombent ! Exposés thématiques de culture générale, suivi d’un des six skippers retenus tout particulièrement par la classe pour en apprendre davantage sur son parcours ou son engagement, production d’arts visuels ou encore résumé de la course aux élèves des niveaux inférieurs… Un véritable travail d’équipe, où chacun avait son rôle très à cœur !
Car il y en a des éléments à connaître pour ces enfants pas franchement familiers de la mer, et encore moins de la course au large ! Outre l’immense jargon du bateau, il a fallu apprendre à maîtriser bien des notions de géographie, à commencer par la manière de se repérer sur une carte, pour situer les océans, les caps et les îles stratégiques du parcours. « On travaille avec des coordonnées GPS pour positionner notre bateau en temps réel. Ils ont dû comprendre les notions de longitude et de latitude, ce qui aurait été beaucoup plus abstrait sans ce projet », se réjouit la directrice de l’école.
Les sciences et la technologie n’ont pas été en reste : les élèves ont découvert la conception des bateaux IMOCA, de la météorologie marine ou encore les innombrables innovations permettant aux skippers de survivre dans des conditions extrêmes. A Montigny-le-Bretonneux, on est désormais incollables sur la fibre de carbone, les différentes voiles embarquées par nos solitaires du Vendée Globe, ou encore la meilleure manière de résoudre des problèmes de safrans !
Mais les élèves ont aussi dû faire travailler leur imagination et, comme tout skipper qui se respecte, partager son aventure par écrit… Mention spéciale pour la rédaction « Comment vivrais-tu le Nouvel An tout seul sur ton bateau ? », qui, pour beaucoup, a rappelé que la vie de skipper n’est pas rose tous les jours !