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Vendée Globe à l’école : « C’est un régal en termes de richesse d’apprentissages »

De la voile, ils ne connaissaient rien à la rentrée de septembre, alors de la course au large encore moins. Dans cette école du Val d’Oise, les 130 élèves ont pourtant couru leur Vendée Globe et, comme les skippers qu’ils suivaient quotidiennement, ont découvert dans leur sillage mille nouveaux apprentissages. Ils en ressortent « hyper réceptifs », et déjà nostalgiques.

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© FFVOILE

C’est devenu un rendez-vous incontournable pour les élèves de CM1-CM2 de l’école Alphonse Daudet, à Montigny-le-Bretonneux. Depuis trois mois, chaque lundi matin, ils retrouvent non seulement leur classe, mais aussi leur fidèle navire, dont le seul nom révèle la pugnacité de son redoutable équipage : « L’Imbattable des mers ». Et gare à l’équipier de quart du week-end s’il a dévié de la trajectoire conjointement décidée ! « Je ne donnerai pas de nom, mais c’est arrivé que certains aient mal piloté, et je dois dire qu’ils se faisaient un peu gronder le lundi matin... C’est le problème de l’équipage, au moins les solitaires du Vendée Globe n’ont pas ce souci ! », sourit Virginie Rigaud, directrice de cette école de la région parisienne.

Embarqués dans l’aventure du Vendée Globe via le jeu Virtual Regatta, cette vingtaine d’élèves mène, comme plus de 175 000 enfants à travers le monde, sa propre circumnavigation. Une expérience immersive qui s’est transformée en un projet pédagogique transversal d’une richesse exceptionnelle, grâce notamment aux outils pédagogiques du Vendée Globe Junior, programme développé par le Département de la Vendée. « On n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure, explique l’enseignante. On avait déjà fait l’expérience il y a quatre ans, et on savait à quel point c’est un régal en termes de richesse d’apprentissages ! »

« Ça aurait été beaucoup plus abstrait sans ce projet »

En bonne récidiviste amarinée, Virginie Rigaud a ainsi organisé sa classe en pôles de responsabilité, pour exploiter au mieux le vaste horizon des possibles en termes de pédagogie. Chaque semaine, un groupe de quatre élèves était chargé de la navigation, et devait travailler en bonne intelligence collective tout en apprenant à maîtriser l’outil informatique. « Ce qui est vraiment génial, c’est que c’est un projet extrêmement concret de coopération, ils doivent exprimer leurs choix, argumenter. Ils sont en pratique en permanence, ce sont eux qui sont maîtres de leur bateau », explique Virginie Rigaud.

Et quand ils ne sont pas sur le pont virtuel, bien d’autres tâches leur incombent ! Exposés thématiques de culture générale, suivi d’un des six skippers retenus tout particulièrement par la classe pour en apprendre davantage sur son parcours ou son engagement, production d’arts visuels ou encore résumé de la course aux élèves des niveaux inférieurs… Un véritable travail d’équipe, où chacun avait son rôle très à cœur !

Car il y en a des éléments à connaître pour ces enfants pas franchement familiers de la mer, et encore moins de la course au large ! Outre l’immense jargon du bateau, il a fallu apprendre à maîtriser bien des notions de géographie, à commencer par la manière de se repérer sur une carte, pour situer les océans, les caps et les îles stratégiques du parcours. « On travaille avec des coordonnées GPS pour positionner notre bateau en temps réel. Ils ont dû comprendre les notions de longitude et de latitude, ce qui aurait été beaucoup plus abstrait sans ce projet », se réjouit la directrice de l’école.

Les sciences et la technologie n’ont pas été en reste : les élèves ont découvert la conception des bateaux IMOCA, de la météorologie marine ou encore les innombrables innovations permettant aux skippers de survivre dans des conditions extrêmes. A Montigny-le-Bretonneux, on est désormais incollables sur la fibre de carbone, les différentes voiles embarquées par nos solitaires du Vendée Globe, ou encore la meilleure manière de résoudre des problèmes de safrans !

Mais les élèves ont aussi dû faire travailler leur imagination et, comme tout skipper qui se respecte, partager son aventure par écrit… Mention spéciale pour la rédaction « Comment vivrais-tu le Nouvel An tout seul sur ton bateau ? », qui, pour beaucoup, a rappelé que la vie de skipper n’est pas rose tous les jours !

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© FFVOILE

« Il y a bien d’autres enjeux et valeurs que la seule compétition »

« On est dans une société ou on fait tout à la va vite, c’est génial une course aussi longue, ou on prend le temps de faire les choses, et où surtout il y a bien d’autres enjeux et valeurs que la seule compétition », rappelle Virginie Rigaud, qui souligne par exemple « qu’on n’aurait pas autant d’intérêt pédagogique à suivre une Coupe du monde de football, où seul compte le résultat ».

Dépassement de soi, peur, solidarité, persévérance : autant de notions sur lesquelles les élèves de l’école Alphonse Daudet ont été amenés à réfléchir. « Le Vendée Globe, ce n’est pas une compétition où l’on écrase l’autre, et ça c’est vraiment un message fort dans lequel l’école se retrouve tout particulièrement », affirme l’enseignante, heureuse de voir que ses élèves ont été « hyper réceptifs ».

De là à penser qu’un futur skipper se cache dans ses rangs ? « Alors là, pas du tout ! On a regardé le documentaire de la troisième édition du Vendée Globe, celle de toutes les tempêtes, et je peux vous dire qu’ils ont tous conclu que c’était une folie de se lancer dans une aventure du genre », sourit Virginie Rigaud, qui a également pu visiter avec ses élèves l’exposition du Musée national de la Marine consacré au Vendée Globe, « En solitaire autour du monde », prolongée jusqu'au 2 mars 2025 en raison de son succès ! Ils en sont revenus « encore plus impressionnés par ce que vivent les marins… »

L’expérience est d’autant plus positive qu’elle aura dépassé les frontières de la seule classe, alors que certains parents se sont pris au jeu et suivaient aussi la course. Et alors que « L’Imbattable des mers » s’apprête à arriver aux Sables d’Olonne, un petit pincement au cœur se fait sentir chez les élèves. « Ils ont du mal à se dire qu’ils vont devoir laisser leur bateau. Cela a été un vrai fil conducteur pendant ces trois mois, ils se sont énormément investis et  c’était un sacré repère », conclut l’institutrice, qui n’a qu’une hâte : reprendre le large dans quatre ans !

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