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Jingkun Xu : « Un rêve qui se réalise ! »

Ce 18 février, Jingkun Xu a bouclé le Vendée Globe en 30ᵉ position, devenant le premier skipper chinois à accomplir cet exploit. Plus qu’une simple course, son aventure a été un voyage intense, éprouvant et fascinant, où chaque instant a mêlé difficulté et émerveillement. Malgré les douleurs physiques, la fatigue écrasante et les nombreuses avaries, il a su puiser sa force dans la beauté du monde qui l’entourait : le souffle du vent dans ses voiles, les rencontres avec les dauphins, la traversée des océans infinis et la majesté des caps légendaires. Chaque jour, le skipper de Shingchain – Team Haikou, amputé du bras gauche, a lutté avec détermination et passion, transformant l’adversité en une source de dépassement. À son arrivée aux Sables d’Olonne, il laisse éclater sa joie, habité par l’émotion d’avoir réalisé son rêve. Son parcours prouve que l’impossible devient accessible à ceux qui osent croire et persévérer. Ses premiers mots.

LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 18 FEVRIER 2025 : Le skipper de Singchain Team Haikou Jingkun Xu (CN) est photographié lors de sa conférence de presse après avoir pris la 30ème place du Vendée Globe, le 18 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Jean-Louis Carli / Alea)
LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 18 FEVRIER 2025 : Le skipper de Singchain Team Haikou Jingkun Xu (CN) est photographié lors de sa conférence de presse après avoir pris la 30ème place du Vendée Globe, le 18 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Jean-Louis Carli / Alea)

Vendée Globe :

Que ressens-tu après cette épopée et cette arrivée ?

Portrait de Jingkun Xu
Jingkun Xu
SINGCHAIN TEAM HAIKOU

C’est un rêve qui se réalise pour moi, une émotion indescriptible. J’ai travaillé si dur pour en arriver là, et vivre ce moment est tout simplement incroyable ! Après 99 jours en mer, boucler la boucle est l’instant le plus intense de ma vie. Je suis profondément heureux.

Vendée Globe :

Qu’est-ce qui a été le plus dur lors de ce tour du monde ?

Le Vendée Globe est l’épreuve la plus difficile au monde, non seulement en termes de navigation, mais aussi sur de nombreux autres plans. C’est un défi mental et physique extrême. Si je devais choisir le moment le plus difficile de cette course, ce serait il y a cinq jours. Personne n’aurait imaginé que je tomberais en panne de générateur si proche du but, me privant ainsi d’électricité. C’est le seul instant où j’ai vraiment pensé que je pourrais devoir abandonner. Plus rien ne fonctionnait. Mais immédiatement, je me suis remobilisé pour trouver une solution. J’ai réussi à réparer un hydrogénérateur, ce qui m’a permis de poursuivre ma course et d’arriver ici aujourd’hui !

Vendée Globe :

A l’inverse, ce qui a été le plus plaisant ?

Il y a eu de nombreux moments merveilleux pendant cette course. Si je devais en choisir un, ce serait le jour où je suis sorti de l’océan Austral. Je suis arrivé dans une zone sans vent, où la mer était d’un calme absolu, comme un miroir. J’ai pu admirer le lever et le coucher du soleil se refléter sur l’eau, des images magnifiques qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Par ailleurs, j’ai reçu énormément de messages de soutien, notamment d’enfants. Certains m’ont envoyé des dessins, d’autres ont chanté pour moi. Une école de Marseille m’a particulièrement touché : les élèves ont passé une journée entière à travailler avec une seule main, en mettant une chaussette sur l’autre, pour mieux comprendre ma condition. Ce geste m’a profondément ému. Il m’a aussi donné beaucoup de courage.

Vendée Globe :

Dès le début, tu as connu des douleurs à l’épaule. Comment as-tu fait pour les surmonter ?

D’emblée, la douleur s’est installée, car les manœuvres se sont enchaînées sans répit. J’ai dû déplacer du matériel très lourd en permanence, sans jamais pouvoir reposer mon articulation. C’est pour cela que la douleur est toujours là aujourd’hui. Ça a vraiment été mon principal problème pendant cette épreuve. Mais maintenant, je laisse ça derrière moi, car je suis enfin arrivé !

Vendée Globe :

Ce Vendée Globe t’a-t-il paru plus éprouvant que ce à quoi tu t’attendais ?

Il y a eu de nombreux moments difficiles dans mon quotidien en mer, mais j’en ressors grandi, à la fois en tant qu’Homme et en tant qu’athlète. Pour moi, abandonner n’a jamais été une option : je voulais aller au bout. Mon seul choix était de me battre et d’affronter chaque difficulté. Je n’avais pas pu adapter le bateau à mon handicap. C’est une machine conçue pour des personnes avec deux mains, alors forcément, j’ai rencontré de véritables obstacles. Mais au final, nous avons tous en nous des ressources insoupçonnées. On peut tout accomplir et tout surmonter !

Vendée Globe :

Tu es le premier Chinois à boucler un Vendée Globe, une immense fierté. Penses-tu que cet exploit puisse contribuer au développement de la voile, et plus particulièrement de la course au large, dans ton pays ?

Avant ma participation, très peu de Chinois connaissaient le Vendée Globe. Mais grâce à toute la communication que nous avons menée, notamment sur les réseaux sociaux, des centaines de milliers de personnes nous ont suivis. J’espère sincèrement que cela inspirera des jeunes, leur donnera envie de faire de la voile, le courage de poursuivre leurs rêves et de dépasser leurs limites. J’ai essayé de partager au mieux mon aventure et ma joie avec un maximum de monde. Tout au long de la course, cet échange m’a apporté de l’énergie et m’a aidé à rester positif, même dans les moments difficiles.

Vendée Globe :

On t’a vu hurler de joie au cap Horn. Comment as-tu vécu ce moment ?

C’est un point très important pour les marins. J’avais entendu beaucoup d’histoires et de récits d’autres navigateurs, mais cette fois, c’était moi. J’ai pu le voir de mes propres yeux, et j’ai été très ému. À cet instant, j’ai repensé à toutes les difficultés traversées et aux efforts fournis pour en arriver là. C’était à la fois une concrétisation et un symbole fort.

Vendée Globe :

Aujourd’hui, tu termines ton premier Vendée Globe, un 18 février à 8h08. Le chiffre 8, un porte-bonheur pour toi ?

Oui, le 8 est un chiffre porte-bonheur en Chine, symbole de fortune et de prospérité, car sa prononciation en mandarin (‘bā’) ressemble au mot ‘fā’, qui signifie prospérer ou réussir. Et j’en aurai bien besoin pour m’aider à continuer et revenir sur le Vendée Globe… car ce n’est que le début !


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