Toutes les actualités

Oliver Heer, 29e du Vendée Globe

Ce lundi 17 février à 18h29, après 99 jours, 05 heures et 27 minutes de navigation, Oliver Heer a franchi la ligne d’arrivée, bouclant ainsi son premier tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Premier Suisse-allemand à terminer la course, il rejoint le cercle fermé des marins ayant dompté cette épreuve légendaire. L’émotion est immense pour ce Zurichois de 35 ans, qui a grandi en rêvant du Vendée Globe. Dans sa chambre d’enfant, il affichait fièrement des photos de Dominique Wavre, figure suisse de la course au large. Aujourd’hui, c’est son propre nom qui s’écrit dans l’histoire, au terme d’un périple où il aura tout connu : pétole interminable, tempêtes hurlantes, avaries en série et joie intense de franchir les caps mythiques. Mais plus que tout, c’est sa ténacité sans faille qui a marqué cette aventure.

LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 17 FEVRIER 2025 : Tut Gut. Le skipper Oliver Heer (SUI) fête sa 29ème place dans le Vendée Globe par un temps très calme, le 17 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo Jean-Louis Carli / Alea)
LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 17 FEVRIER 2025 : Tut Gut. Le skipper Oliver Heer (SUI) fête sa 29ème place dans le Vendée Globe par un temps très calme, le 17 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo Jean-Louis Carli / Alea)

Le goût du combat et de l’obstination

Dès les premiers jours, la mer lui a rappelé que le Vendée Globe n’était pas un rêve d’enfant, mais une guerre d’usure. Un bon départ, puis un long calvaire dans les zones sans vent, laissant filer les concurrents devant lui. Un passage de l’équateur en fond de classement, une pénalité de deux heures pour une voile débarquée sans autorisation... Le Suisse allemand aurait pu perdre pied, il a serré les dents. En Atlantique Sud, premiers gros pépins. Un moteur inondé, sa grand-voile abîmée, un vérin de quille récalcitrant. Il s’adapte, répare et continue. En franchissant le cap de Bonne Espérance, il célèbre le moment avec un cigare et une gorgée de whisky, savourant ce premier vrai jalon. L’océan Indien, lui, n’a rien d’une invitation à la détente. Violent, imprévisible, épuisant, il bouscule Tut Gut., son bateau, qui accuse le poids des ans. Mais il ne lâche rien et, malgré les vagues hostiles, il progresse. Plus tard, au cœur du Pacifique, il aperçoit un iceberg au passage du point Némo. Seul au monde, au point le plus isolé de la planète, il comprend la démesure de ce qu’il est en train d’accomplir. Puis vient le cap Horn, le Graal. Celui dont il rêvait depuis ses navigations en Optimist sur le lac de Zurich. À cet instant, il n’est plus un simple marin en quête d’un défi. Il est un Homme qui touche à son destin.

Un rêve construit sur la résilience

Le parcours d’Oliver Heer est marqué par un tournant personnel. Après une brève carrière dans le commerce en Extrême-Orient, le décès prématuré de son père, lui-même passionné de voile, le pousse à tout quitter. Il rejoint l’équipe d’Alex Thomson, apprend, grimpe les échelons et devient boat-captain du célèbre skipper britannique. L’idée de faire son propre Vendée Globe l’obsède, jusqu’à ce que Thomson, après son propre abandon en 2020, l’encourage à franchir le pas. Son projet se monte avec les moyens du bord, un bateau de 2007 et un budget serré. Pas de foils révolutionnaires, pas de préparation millimétrée, juste de la détermination et une foi inébranlable. À l’approche du but, le vent, complice ou bourreau selon les jours, décide de ralentir la cadence. L’attente devient son dernier adversaire. Frustrant, rageant, mais le marin suisse-allemand en a vu d’autres. Chaque mille gagné est un pas de plus vers la délivrance. Et ce lundi, après plus de 99 jours de mer, il met pied à terre en Homme accompli.

Sa course en chiffres

Heure d'arrivée (heure française)
Temps de course 99j 05h 27min 34s
Écart au premier 34j 10h 04min 45s
Oliver Heer a parcouru les 23 906 milles du parcours théorique à la vitesse de 10.04 nœuds.
Oliver Heer a réellement parcouru 27 724 milles à 11.64 nœuds de moyenne.

Temps de passage

Une carte du monde comprenant les points de passage stratégiques du Vendée Globe
  • Équateur (aller) 13j 14h 18min 16s
  • Cap de Bonne Espérance 26j 04h 57min 34s
  • Cap Leeuwin 40j 09h 41min 14s
  • Cap Horn 65j 03h 34min 58s
  • Équateur (retour) 84j 00h 03min 58s

Les temps forts de sa course

  • Après un bon début de course, Oliver frôle d’un peu trop près la pétole, et ralentit le long des côtes marocaines. Il est 32e.

  • La pétole s’éternise, et Tut Gut. est 36e à l’approche du Cap Vert.

  • Equateur franchi en 36e position.

  • Pénalité de deux heures pour Oliver. Le navigateur Suisse avait débarqué une voile de son bateau sans autorisation préalable de la Direction de course.

  • Largage de sa bouée météorologique dans l’Atlantique Sud, alors qu’Oli remonte en 34e position.

  • Moteur inondé à bord de Tut Gut, « c’est un peu un cauchemar », mais Oli parvient à trouver une solution.

  • Passage du cap de Bonne Espérance en 33e position, célébré avec un cigare et une gorgée de whisky !

  • Oli, 31e, progresse dans un océan Indien tempétueux. Il casse une latte de sa grand-voile et connaît un problème de vérin de quille. Le lendemain, passage du cap Leeuwin !

  • Entrée dans l’océan Pacifique pour Noël, avec en cadeau une pétole tenace !

  • L’anticyclone s’installe et cloue Tut Gut sur place… Dur pour les nerfs, et le moral, alors que les concurrents de devant s’échappent, et ceux de derrière le rattrapent!

  • Iceberg en vue au passage du point Nemo, « c’est effrayant ! »

  • Cap Horn en vue, franchi en 29e position ! « J’en ai toujours rêvé de passer ce cap, depuis que je fais de l’Optimist sur le lac de Zurich... Je suis un petit garçon très heureux aujourd’hui ! »

  • Le grand gennaker d’Oliver passe à l’eau. S’il parvient à hisser les 300 m2 de tissu à bord, la voile est irréparable.

  • Cauchemar météorologique pour Oli, coincé à nouveau dans une bulle anticyclonique ! Son option Ouest n’est pas payante, et il voit ses camarades de derrière le dépasser…

  • Une petite série d’avaries touche Tut Gut., Oliver doit grimper dans son mât, à mi-hauteur. 

  • Deuxième passage de l’équateur en 30e position, et le moral est de retour à bord. « N’attendez pas que tout soit parfait pour être heureux ».

  • Arrivée aux Sables d’Olonne en 29e position, après 99 jours, 05 heures et 27 minutes en mer.

Arrivée d'Oliver Heer, 29e du Vendée Globe

Skippers liés à cet article


Partager cet article

Dernières actualités