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Sous le soleil, pas ZEA-ctement

En ce moment dans l’océan Indien, l’ambiance est loin de celle, très suave, de la petite perle Pop écrite par Serge Gainsbourg évoquant le farniente à la plage, la moiteur et la chaleur (sans parler de l’érotisme). Sur l’eau, les dépressions se succèdent sans relâche, les vents sont particulièrement denses, les vagues atteignent parfois la taille d’un immeuble et le froid se fait généralement mordant. C’est spécialement vrai pour les deux leaders, et notamment Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) qui tire des bords au ras de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) et évolue aujourd’hui dans les Cinquantièmes Hurlants, non loin d’une zone, à l’Est des Kerguelen, où des icebergs sont en train de remonter directement du Sud vers le Nord. A la clé, une température de l’eau proche du point de congélation. De quoi se faire glacer jusqu’aux idées !

COURSE, 07 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Groupe Dubreuil lors de la course à la voile du Vendée Globe le 07 décembre 2024. (Photo du skipper Sébastien Simon)
COURSE, 07 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Groupe Dubreuil lors de la course à la voile du Vendée Globe le 07 décembre 2024. (Photo du skipper Sébastien Simon)

« Ça caille fort ! », a rapporté Sébastien Simon. De fait, sur sa zone de course, l’eau ne dépasse pas les 2° Celsius. Le vent est glacial et agressif. C’est vivifiant, sûrement, mais allez dire ça au skipper de Groupe Dubreuil pour qui, depuis quelques jours déjà, l’humidité est une compagne fidèle, invisible mais omniprésente ! A bord de son bateau, chaque surface, du pont glissant aux hublots embués, suinte cette froideur maritime. L’air lui-même, saturé d’eau et de givre, mord la peau et s’accroche aux os, laissant un frisson qui ne part jamais vraiment. « Ce froid-là ne se contente pas de toucher la peau : il s’infiltre, s’imprime et semble vouloir devenir une partie de vous », a expliqué Antoine Cornic, à vrai dire surtout gêné par la moiteur depuis son entrée dans les mers du Sud. Celle-ci est désormais partout, comme si elle avait signé un bail permanent. « Je comprends pourquoi les IMOCA les plus récents ont des cockpits entièrement fermés. Moi, j’ai un bateau à l’ancienne et pour me préserver, je n’ai pas d’autre choix que de vivre beaucoup à l’intérieur. Dans le Grand Sud, ça doit être un bonheur de pouvoir naviguer caché derrière sa bulle et ainsi de pouvoir continuer à contempler la mer », a ajouté le Rétais. 

Un froid qui mord les joues

« A l’intérieur du bateau, ça ruissèle d’humidité. Les vêtements et le duvet collent. C’est le plus dur, je crois », a ajouté le skipper de Human Immobilier dont le cockpit pourrait, en l’état, rivaliser avec un frigo mal dégivré, tant et si bien que ça le démange d’aller farfouiller dans ses sacs et de fêter Noël avant l’heure. « Ma femme a lâché le morceau : elle m’a dit que dans mes cadeaux, il y avait des chaufferettes. Je ne suis pas sûr d’attendre jusqu’au 25 ! », a raconté le marin. Pour lutter contre ce froid chargé d’eau, lourd et insidieux, chacun a donc ses petites astuces. Chaussettes chauffantes, bouillote… tout est bon à prendre. Le chauffage, installé sur un peu plus d’un quart des bateaux de cette 10e édition, reste le « luxe » ultime. Généralement doté d’un système de gaine orientable, ce type d’installation permet de faire sécher les vêtements et de réguler a minima la température dans la zone de vie du bateau. Bémol : il est énergivore. « On ne peut, de ce fait, s’en servir que de manière sporadique, mais quel bonheur ! », a confirmé Manu Cousin, qui s’apprête à franchir la longitude du cap de Bonne Espérance la nuit prochaine et commence à sentir le froid s’amplifier doucement. 

Des petits bonheurs simples

« Pour le moment, je n’ai pas encore ressenti le besoin de m’en servir mais je me souviens qu’il y a quatre ans, j’appréciais, lorsque je faisais une manœuvre sur le pont, de le mettre en route juste avant de sortir pour ainsi pouvoir profiter d’un peu de chaleur au retour, puis me réchauffer les pieds et les mains. Idem au moment du petit dej’, le temps de 15-20 minutes », a détaillé le skipper de Coup de Pouce cette nuit, de retour sur le ring avec des gants bien serrés à la suite de sa grosse mésaventure avec un OANI, il y a tout juste quelques jours. « C’est à présent derrière moi. Tous les jours, ça va mieux car je me dis que, statistiquement, les chances que ça m’arrive une nouvelle fois pendant ce Vendée Globe sont faibles », a confié le solitaire, par ailleurs adepte des petites chaufferettes thermiques qu’il prévoit de glisser dans ses gants et ses bottes le temps venu. Des chaufferettes qui, indiscutablement, occupent la tête du hit-parade chez les marins. Sam Goodchild (VULNERABLE) a, lui aussi, confié se réjouir de pouvoir en faire usage lorsqu’il sera redescendu un peu en latitude. « J'ai justement trouvé un kit rechargeable dans l’une des petites cases de mon calendrier de l’avent », a précisé le marin, bien requinqué après une bonne dose de sommeil maintenant que le vent est (enfin) redevenu plus stable sur sa zone de course. Pour l’heure, situé 400 milles au nord des Kerguelen, le Britannique ne fait pas partie de ceux qui ont les doigts engourdis et dont chaque souffle exhalé se transforme en nuage éphémère mais il le sait, ce froid à faire craquer les cailloux va forcément bientôt le (re) saisir. Finalement, le seul qui navigue encore « sous le soleil exactement » dans l’instant reste Szabolcs Weöres (New Europe) mais ce dernier ne le cache pas : il est malgré tout impatient de ressentir lui aussi cette sensation "glaciale" d’être à l’extrémité du monde.

COURSE, 07 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau TeamWork - Team Snef lors de la course à la voile du Vendée Globe, le 07 décembre 2024. (Photo du skipper Justine Mettraux)
COURSE, 07 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau TeamWork - Team Snef lors de la course à la voile du Vendée Globe, le 07 décembre 2024. (Photo du skipper Justine Mettraux)

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