Capteurs, satellites et modèles numériques pour mieux connaitre les courants marins
Les océans sont en mouvement. Le vent génère les vagues, la Lune et le Soleil provoquent les marées, la rotation de la Terre engendre les tourbillons. Et pour ajouter la dimension verticale, l’eau froide et salée plonge. Un vaste tapis roulant océanique transporte ainsi chaque goutte d’eau autour du monde, de la surface au fond et du fond à la surface.
Clément Vic nous en dit plus sur les questions scientifiques qu’il se pose encore sur cette mécanique des courants : « On connait relativement bien la plongée des eaux vers les fonds, on connait moins bien comment les eaux remontent vers la surface. Les interactions entre les courants et les fonds océaniques engendrent de la turbulence et des points particuliers de remontée d’eau. Nos dernières études montrent que la remontée des gouttes d’eau dépend de la topographie ; par exemple sur des reliefs comme la dorsale médio-Atlantique, l’eau remonte à des points multiples. ». Pourquoi est-ce important aujourd’hui de mieux connaitre cette dynamique des courants marins ? Car ils ont un impact déterminant sur notre climat. Le courant le plus connu, et pourtant pas le plus fort, est par exemple le Gulf Stream, dont le prolongement, le Courant Nord Atlantique, draine douceur et humidité vers l’Europe et qui explique pourquoi nous n’avons pas un climat canadien sur nos côtes.
Or le changement climatique dérègle les courants marins. Par exemple, la fonte des glaces augmente et accélère les flux d’eau douce sont aux pôles avec des eaux de surface moins salées, plus légères. Comment va réagir notre tapis roulant dans les prochaines décennies ? Risque-t-il de se gripper ? Pour répondre à cette question, les scientifiques déploient des appareils de mesure dans tous les océans du globe, avec par exemple le réseau de flotteurs Argo. Ils utilisent également les observations de surface effectuées grâce à des satellites équipés de capteurs. Enfin, ils résolvent par des calculs informatiques les équations qui régissent les mouvements des océans. Un moyen qui permet de prédire ce qui peut arriver dans les climats futurs à l’horizon 2050 ou 2100.
Car l’océan est un réservoir de chaleur important par rapport à l’atmosphère. L’eau a en effet une capacité mille fois plus importante que l’air pour absorber l’énergie. L’océan fonctionne ainsi comme une éponge qui absorbe l’excès de chaleur de l’atmosphère ainsi que 25% du CO2 émis par les activités humaines.