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Charlie Dalin, la force tranquille

PORTRAITS DE LEADERS (1/3). Qui sont vraiment les actuels leaders du Vendée Globe ? Une poignée de jours avant l’arrivée, nous vous proposons une série de portraits sur les trois skippers actuellement sur le podium provisoire : Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Premier volet avec celui qui n’a plus quitté la tête de course depuis le 30 décembre, Charlie Dalin.

À bord de MACIF Santé Prévoyance (Charlie Dalin).
© Charlie Dalin

Mordu de voile dès l’enfance, Charlie Dalin tapissait les murs de sa chambre de ses skippers favoris. S’il n’a jamais grillé les étapes, le Normand a rapidement gravi les échelons au point de compter, à 40 ans, l’un des palmarès les plus conséquents de la course au large. Quatre ans après sa 2e place au Vendée Globe, Charlie a mûri et distillé un peu de décontraction, de plaisir et de détachement en plus de son exigence rompue à toute épreuve. Itinéraire d’un homme heureux. 

Jeudi 28 janvier 2021, les Sables d’Olonne. Il est 5h35, la nuit est noire, le froid hivernal, tenace, et Yannick Bestaven amarre sur le ponton du Vendée Globe. 4e sur la ligne, 1er grâce aux compensations de temps, il remporte le plus connu des tours du monde. Dans la cohue du moment, il y a Charlie Dalin, qui a franchi la ligne la veille au soir. Lui, le héros malheureux, manquant la victoire pour 2h30 seulement. Pourtant, le Normand sourit, fait bonne figure, accepte d’être là, répond à la presse, rappelle l’importance des règles du jeu. Ce n’est qu’après, à l’abri des regards, qu’il refait la course dans sa tête. « Je me réveillais la nuit pour trouver les minutes qui m’avaient manqué », rappelle-t-il.

Cet épisode raconte à lui seul Charlie Dalin. Un passionné jusqu’au-boutiste capable de s’interroger sur chaque choix stratégique mais aussi un gentleman à sa façon, si respectueux de la course au large et de son exigence. À l’origine pourtant, le Normand aime rappeler qu’il « vient d’une famille de terriens ». Sa mère est assistante commerciale, son père tour-manager pour des groupes de rock. La voile est un sacré concours de circonstances : une maison louée un été à Crozon par ses grands-parents, un stage de voile là-bas et Charlie devient tout de suite un mordu du large. « J’ai tout de suite adoré, confie-t-il. Quand je suis rentré au Havre, j’ai continué et j’ai intégré un club dans lequel je suis toujours ».

À bord de MACIF Santé Prévoyance (Charlie Dalin).
© Charlie Dalin

Quand le désir de voile l’emporte sur tout

La passion devient vite débordante. Le jeune garçon se presse pour aller aux cours de voile, il ne manque aucune édition de la Transat Jacques Vabre et sa chambre est tapissée des posters des skippers du moment. À table, sa mère raconte qu’il « montrait le sens du vent avec les couverts », qu’il « cherchait ce qu’il fallait faire, l’angle à prendre »*. Le désir de voile l’emporte sur tout, même les obligations de l’école. « On lui avait mis un challenge : s’il voulait continuer la voile, il fallait aussi qu’il ait de bonnes notes », précise sa mère.

Le bac en poche, il décide de s’inscrire à l’université d’architecture navale de Southampton. Charlie apprend la maîtrise de l’anglais et renforce ses qualités d’ingénieur. En parallèle, il dispute ses premières compétitions. En Optimist, en 420, puis en Figaro. C’est le début d’une irrésistible réussite. Il s’impose à la Transat AG2R (2012 avec Gildas Morvan), remporte deux titres de champion de France de course au large en solitaire (2014 et 2016) et monte quatre fois sur le podium de la Solitaire du Figaro (2014 à 2017). C’est dans ces régates-là que s’aiguisent une rivalité avec un certain… Yoann Richomme. Ce dernier le bat pour seulement 5 minutes lors de la ‘Solitaire’ 2016. Mais la rivalité n’est que sportive : les deux jeunes hommes s’apprécient, portent un temps les mêmes couleurs (sélection Macif) et ont même été colocataires.

LORIENT, FRANCE - 7 OCTOBRE 2024 : Le skipper de MACIF Santé Prévoyance Charlie Dalin (FRA) s'entraîne le 7 octobre 2024 à Lorient, France - Photo par Ronan Gladu / Disobey / Macif
LORIENT, FRANCE - 7 OCTOBRE 2024 : Le skipper de MACIF Santé Prévoyance Charlie Dalin (FRA) s'entraîne le 7 octobre 2024 à Lorient, France - Photo par Ronan Gladu / Disobey / Macif

Un palmarès déjà exceptionnel

Les performances de Charlie lui permettent rapidement de découvrir l’IMOCA. Sous les couleurs d’Apivia, il bénéficie d’un bateau de dernière génération (2019), remporte la Transat Jacques Vabre dans la foulée (avec Yann Eliès) et s’affirme comme un outsider de choix sur le Vendée Globe. Pendant tout le tour du monde, le grand public découvre un cartésien, un homme qui s’attache en permanence à déterminer la meilleure option sans jamais être rattrapé par ses émotions.

À l’issue de ce Vendée Globe, la motivation est toute trouvée. Il manque une marche, une victoire et la prochaine occasion a lieu dans quatre ans. Entre-temps, le Normand enrichit son palmarès (2e de la Transat Jacques Vabre 2021, 1er de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne 2022, 2e de la Route du Rhum 2022). Il met à l’eau MACIF Santé Prévoyance en juin 2023 et, une poignée de semaines plus tard, gagne avec Pascal Bidégorry la Rolex Fastnet Race.
 

COURSE, 24 DÉCEMBRE 2024 : Charlie Dalin (FRA), skipper de MACIF Santé Prévoyance, est photographié en train de passer le Cap Horn en deuxième position lors de la course à la voile du Vendée Globe, le 24 décembre 2024. (Photo par Vendee Globe)
COURSE, 24 DÉCEMBRE 2024 : Charlie Dalin (FRA), skipper de MACIF Santé Prévoyance, est photographié en train de passer le Cap Horn en deuxième position lors de la course à la voile du Vendée Globe, le 24 décembre 2024. (Photo par Vendee Globe)

Comme un supplément d’âme

La fin de saison 2023 s’annonce haletante avec deux transatlantiques en moins de trois mois : la Transat Jacques Vabre et Retour à la Base. Sauf qu’au dernier moment, Charlie annonce son forfait. En cause ? Un problème médical « d’ordre digestif » qui l’empêche de concourir. À son retour début 2024, il prend la 4e place de The Transat CIC puis la première sur la New York Vendée Les Sables d’Olonne avec 17 heures d’avance sur ses concurrents directs. Et si cette absence, loin de ces batailles du large qu’il aime tant depuis sa tendre enfance, et si ce combat médical à l’ombre des regards lui avait donné un supplément d’âme ?

Ceux qui arpentent les pontons le savent : il y a quelque chose de nouveau chez Charlie Dalin. Lui-même s’amuse de s’offrir des vacances aux Caraïbes entre les deux transatlantiques au printemps ou encore de s’autoriser près de 20 jours de vacances au cœur de l’été, ce qu’il s’était refusé depuis de nombreuses années. Plus détendu, moins soumis à la pression, plus léger… Il y a une poignée de jours, Charlie reconnaissait « avoir peut-être un peu plus de détachement... J’aborde les choses avec un peu moins de pression. Au final, tout ça, ce n’est pas grave, ce n’est qu’un jeu ». Une sagesse nouvelle, un plaisir renouvelé : il fallait peut-être ça pour se hisser encore un peu plus haut au sommet de la course au large.  

SES PRINCIPALES VICTOIRES

2024 : Vainqueur de New York Vendée – Les Sables d’Olonne
2023 : Vainqueur de Rolex Fastnet Race
2022 : Vainqueur de la Vendée Arctique
2020 : 2e du Vendée Globe 
2019 : Vainqueur de la Transat Jacques Vabre
2015, 2016 : 2e de la Solitaire du Figaro 


*Interview dans Paris-Match, le 23 octobre 2024
*Interview dans Ouest-France, le 27 janvier 2021

Rencontre avec Charlie Dalin, MACIF Santé Prévoyance | Vendée Globe 2024

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