Mordu de voile dès l’enfance, Charlie Dalin tapissait les murs de sa chambre de ses skippers favoris. S’il n’a jamais grillé les étapes, le Normand a rapidement gravi les échelons au point de compter, à 40 ans, l’un des palmarès les plus conséquents de la course au large. Quatre ans après sa 2e place au Vendée Globe, Charlie a mûri et distillé un peu de décontraction, de plaisir et de détachement en plus de son exigence rompue à toute épreuve. Itinéraire d’un homme heureux.
Jeudi 28 janvier 2021, les Sables d’Olonne. Il est 5h35, la nuit est noire, le froid hivernal, tenace, et Yannick Bestaven amarre sur le ponton du Vendée Globe. 4e sur la ligne, 1er grâce aux compensations de temps, il remporte le plus connu des tours du monde. Dans la cohue du moment, il y a Charlie Dalin, qui a franchi la ligne la veille au soir. Lui, le héros malheureux, manquant la victoire pour 2h30 seulement. Pourtant, le Normand sourit, fait bonne figure, accepte d’être là, répond à la presse, rappelle l’importance des règles du jeu. Ce n’est qu’après, à l’abri des regards, qu’il refait la course dans sa tête. « Je me réveillais la nuit pour trouver les minutes qui m’avaient manqué », rappelle-t-il.
Cet épisode raconte à lui seul Charlie Dalin. Un passionné jusqu’au-boutiste capable de s’interroger sur chaque choix stratégique mais aussi un gentleman à sa façon, si respectueux de la course au large et de son exigence. À l’origine pourtant, le Normand aime rappeler qu’il « vient d’une famille de terriens ». Sa mère est assistante commerciale, son père tour-manager pour des groupes de rock. La voile est un sacré concours de circonstances : une maison louée un été à Crozon par ses grands-parents, un stage de voile là-bas et Charlie devient tout de suite un mordu du large. « J’ai tout de suite adoré, confie-t-il. Quand je suis rentré au Havre, j’ai continué et j’ai intégré un club dans lequel je suis toujours ».