Violette Dorange (Devenir, 28e) n’est assurément pas Leuconoé. Si si, rappelez-vous, cette belle demoiselle à qui le poète Horace fait la leçon, elle qui, certaine d’avoir toute la vie devant elle du haut de son insolente jeunesse, ne se préoccupe pas franchement du présent et a la fâcheuse tendance à procrastiner ses devoirs. « Carpe diem quam minimum credula postero », lui dit son érudit aîné, ce qui, dans un brûlant casse-tête de version, est communément traduit par « Cueille le jour, sans croire au lendemain. » Sauf que Horace, lui, n’avait pas accès aux prévisions météo…
« Ce qui a été dur ça a été de prendre la décision »
Car certes, au premier coup d’œil sur la cartographie, la benjamine de la course – seulement 23 Noël, on le rappelle - pourrait donner l’impression d’avoir un peu procrastiné son passage du Cap Horn. Dans les derniers milles du Pacifique, voilà maintenant deux jours que Violette Dorange essaie de contenir son véloce IMOCA, ce qui est déjà une gageure en soi ! « C’est vraiment perturbant d’avoir les voiles roulées, d’aller le moins vite possible, c’est long et c’est même pas facile parce que le bateau va trop vite ! », nous expliquait-elle dans la nuit. Mais la jeune navigatrice vit d’autant plus pleinement dans le présent qu’elle ne faisait justement pas trop confiance à l’avenir, qui lui apportait une velue dépression à la hauteur des Malouines, dont vont commencer aujourd’hui à ressentir les brutaux effets ses anciens camarades de Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e) à Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 26e) !