Déchirants, ces premiers jours de course ! Pour Louis Duc, qui rêvait de Vendée Globe depuis qu’il a l’âge d’enfiler un ciré, le quatrième jour de ce tour du monde marque déjà un tournant. Dans la descente le long du Portugal, son petit puis son grand spi se déchirent sous ses yeux, le privant d’un outil précieux qui va le brider tout au long de son tour du monde.
Mais qui connaît un tant soit peu le marin normand, 8e de la Vendée Arctique - Les Sables d’Olonne en 2022 et 14e de la Transat Café L’Or en 2023, sait qu’il n’est pas franchement du genre à renoncer. La preuve ultime, c’est cet IMOCA sur lequel il navigue, véritable rescapé ! Après son incendie en 2019, le bateau fait peine à voir, mais Louis Duc l’achète et y voit malgré tout une manière de concrétiser son rêve de tour du monde. Patiemment, il le reconstruit quasi entièrement avec sa fine équipe. Cinq ans plus tard, le voilà à franchir l’équateur en 23e position, le pied sur le champignon ! « La tête à l’envers, le bateau sur les portières ! Du coup, je décale les offrandes pour Neptune à ce soir, ce sera plus calme ! », lance-t-il le moral jovial.
« C’est frustrant mais c’est comme ça »
Forcément, il a le moral, alors qu’il prend vite la tête de son petit groupe dans l’Atlantique Sud, fort de son décalage à l’Ouest. Fin stratège, Louis ne goûte rien tant que ces mille petits réglages à faire constamment pour tirer son bateau à 100 %. Le Normand est aussi connu pour ne pas avoir froid aux yeux, et le montre dès son entrée dans l’Indien, plongeant vers le Sud, dans la baston ! Avant le cap Leeuwin, qu’il franchit en 25e position, il essuiera plus de 60 nœuds ! La nuit suivante, sa barre de liaison du safran tribord casse, ainsi que son support d’hydrogénérateur, l’obligeant à une longue mission bricolage.
Touché mais pas coulé, quatre jours plus tard, le skipper de Fives Group – Lantana Environnement, bat son record en solo sur 24h avec 469 milles avalés et revient sur les premiers de son groupe, arrêtés dans la pétole à l’entrée du Pacifique. La lutte est intense, et s’il prend un temps les commandes, ses fameux spis absents lui manquent terriblement… Un peu frustré, le compétiteur est obligé de prendre son mal en patience !
Après 48 heures dans une tempête que certains ont choisi d’éviter en ralentissant, le Normand fonce vers le cap Horn qu’il franchit en 26e position. Louis est heureux et fier, même si son pilote automatique est désormais limité au mode « compas ». Pas idéal pour la suite par petit temps, et sans pouvoir, encore une fois, avoir la toile du temps. « J’ai pris 5 jours de retard par rapport à ceux avec qui j’étais, c’est frustrant mais c’est comme ça. »
L’envie de repartir, déjà
Mais il reste tout de même quelques camarades pour « se tirer vers le haut », alors vous n’entendrez pas le skipper de Fives Group – Lantana Environnement se plaindre ! Le long des côtes brésiliennes, Louis Duc s’empare de la tête de son groupe, et remonte à la 24e place. De retour dans l’hémisphère Nord, les alizés sont violents, mais Louis, 26e, en approche des Açores et malgré une casse de sa dérive dans les derniers jours de course, continue encore et toujours de mesurer sa chance, et de la partager. « Je ne sais pas quand j’aurais l’occasion de revivre de tels moments, je ne vais pas laisser passer ça. »
Il n’aura pas non plus laissé passer d’autres concurrents, bataillant jusque dans les derniers jours de course pour finir en beauté ce tour du monde tant désiré. A l’arrivée, c’est la joie d’un « bizuth » qui réalise son rêve, et revient – déjà, mais qui s’en étonne – avec l’envie de repartir.