Dans un Vendée Globe, les instants de répit, si précieux soient-ils, restent rares et fragiles. Pour les skippers encore plongés dans les latitudes infernales, chaque moment de calme est vite balayé par la réalité des mers du Sud. Une déferlante inattendue, des matériels qui cèdent sous la pression, ou un albatros curieux qui vient rappeler à quel point ces eaux appartiennent à un autre monde. Mais les marins, tenaces et résilients, savent s’adapter. Ils savourent ces petits moments comme des parenthèses précieuses. « J’étais content de retrouver un peu de molle hier et il se trouve que mon alarme de réveil ne s’est pas enclenchée. Du coup, j’ai dormi exactement trois heures d’affilée : un truc de ouf ! Ça m’a fait le plus grand bien. Je suis assez content d’avoir récupéré un peu d’énergie parce que la dépression qui s’est transformée en tempête entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande m’a quand même drôlement malmené », a commenté Antoine Cornic (Human Immobilier), qui a affronté des rafales flirtant avec les 80 nœuds sur une mer énorme, presque caricaturale, du genre à faire passer un film catastrophe pour une balade tranquille en barque. « J’ai déjà connu deux ou trois tempêtes dans ma vie de marin, mais là, c’était vraiment du très, très lourd. On se demande franchement comment on gère si quelque chose casse à ce moment-là ! Quand on atteint ce niveau de violence, on ne contrôle plus rien, on subit. Heureusement, nos bateaux sont incroyablement robustes dans ces conditions, même si, franchement, ce ne sont pas des moments qu’on qualifierait de plaisants », a ajouté le Rétais que, dans un tel moment, même croiser une sirène en pleine chorégraphie aurait à peine fait lever un sourcil.
Quand prendre soin de soi devient stratégique
Il le sait, la lutte ne va pas tarder à reprendre de plus belle mais lorsqu’une accalmie se présente, même brève, elle prend parfois la forme d’un petit miracle : un simple instant où l’on peut relâcher les épaules, observer la mer sans avoir à la combattre, avaler un repas chaud sans crainte de le voir se renverser ou même enfiler une paire de chaussettes propres. Et surtout, pour s’accorder enfin un moment essentiel : bichonner sa monture et prendre soin de soi.