Si vous êtes novice en matière de science-fiction mais que vous aimez suivre le Vendée Globe, on ne peut que vous conseiller de vous aventurer dans l’univers d’Alain Damasio, tant on a souvent l’impression de retrouver dans nos marins un peu des personnages de ses livres. Quelle meilleure définition en effet de cet incroyable tour du monde sans escale et sans assistance que cette phrase tirée de Le Horde du Contrevent : « La folie n'est plus folle, dès qu'elle est collective. Je crois que j’aurais pu faire n’importe quoi, le plus absurde, tant que nous le ferions ensemble ; ensemble, je sentais la puissance de chacun, physique et mentale, j’avais confiance en nous, et j’éprouvais cette profondeur du lien qui nous cousait à même la vague. »
Cousus à même la vague, c’est littéralement toujours la désagréable sensation qu’expérimentent toujours les deux leaders de la flotte, qui continuent d’évoluer dans les petits airs instables au large du Cabo Frio brésilien. Mais changement de taille, c’est Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) qui a repris en fin de journée la tête de flotte à Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e), visiblement moins bien loti au tirage de la loterie. Si le Havrais pointe au petit matin avec une vingtaine de milles d’avance sur son dauphin, nul doute qu’il garde la tête bien plus froide que l’océan qui se réchauffe à vue de foil, tant les écarts dans cette contrée se font et se défont en un claquement de voile. « Le hasard est un allié aussi fugitif que mortel. Il te tue avec la même facilité qu'il te sauve », écrivait fort à propos Alain Damasio, qui aurait pu être inspiré par ce mano a mano sans decrescendo. Etait-ce bien Talweg, le géomaître de la Horde, qui disait : « Ce sera insoutenable très vite mais faites face, toujours ! » ?
« On ne fait pas la même course »
Bien conscient de cette réalité, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e), qui n’a cessé de reprendre du terrain sur ses deux prédécesseurs, gardait lui aussi les pieds sur le pont… Dans la nuit, il nous racontait :