Yoann Richomme : « Heureux de la copie rendue »
Yoann Richomme a marqué de son empreinte la 10ᵉ édition du Vendée Globe, en s’emparant d’une superbe deuxième place qui consacre tout son talent et son incroyable maîtrise technique. Le skipper de PAPREC ARKÉA au parcours déjà brillant a une fois de plus démontré qu’il est l’un des navigateurs les plus complets et inspirants de sa génération. Avec une préparation rigoureuse et un mental d’acier, il a su relever les défis titanesques de cette course mythique autour du monde en solitaire. Son approche, à la fois méthodique et instinctive, lui a permis de naviguer à la perfection entre stratégie et adaptation, des déferlantes glacées des mers du Sud aux pièges des zones de calme de l’Atlantique Sud. Chaque décision, chaque manœuvre a témoigné de sa profonde compréhension de la mer et de son art consommé de la navigation. Mais au-delà de la performance, c’est son humilité et sa capacité à transformer les défis en exploits qui ont impressionné. Toujours en quête de la meilleure trajectoire, le Varois a su maintenir un rythme soutenu tout en gérant avec brio les aléas inévitables d’un tel marathon nautique. Sa résilience et sa vision claire de la course ont fait de lui un adversaire redoutable et une source d’admiration pour tous. Cette deuxième place, bien plus qu’un simple résultat, est une confirmation éclatante de son génie. Son aventure restera gravée dans les annales de l’épreuve comme un modèle d’engagement, de ténacité et de talent pur. Interview.
Vendée Globe :
Que ressens-tu après cette deuxième place et cette incroyable arrivée ?
« C’est exceptionnel, c’est juste trop bien ! J’avais justement souhaité arriver le matin pour enchaîner la ligne d’arrivée, puis le chenal, et vivre pleinement ce moment. J’ai passé une dernière nuit en mer, seul, avant de retrouver tout le monde ici. C’était hyper chaleureux, génial. Je ressens une immense satisfaction d’avoir terminé un projet magnifique, et surtout d’avoir bien fini. Je redoutais de ne pas rendre une belle copie, mais là, je ne peux pas être plus satisfait. Charlie est quasi imbattable ! (Rires) Franchement, il n’y a pas de regrets. Je suis super heureux de ce qu’on a accompli, et l’accueil ici est extraordinaire. C’est vraiment trop cool ! »
Vendée Globe :
Que vous êtes-vous dit avec Charlie à l’arrivée ?
« Je lui ai dit qu’il méritait amplement sa victoire. C’est une belle revanche pour lui, après avoir franchi la ligne en premier lors du dernier Vendée Globe sans pour autant être sacré. Il est très fort. Quand j’ai enroulé le cap Horn devant lui, je savais que j’avais peut-être 10 % de chances de l’emporter. Je ne me trompais pas. Peut-être que ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais je suis content pour lui. Nous partageons beaucoup depuis une dizaine d’années, et c’était sympa de se retrouver là, tous les deux. C’était beau et marquant ! »
Vendée Globe :
Avant de partir, tu avais confié avoir une angoisse : pas celle de casser, mais plutôt celle de rater ton Vendée Globe…
« Oui, c’était une vraie crainte. J’avais « raté » ma New York Vendée – Les Sables, et je n’étais pas satisfait du résultat. Un Vendée Globe, c’est 1 000 façons de passer à côté : des problèmes techniques, des coups manqués, des contretemps… mais là, rien. Je n’ai quasiment pas bricolé le bateau, qui est dans un état impeccable. Ce qui m’a marqué, c’est le rythme : c’était intense, notamment dans la descente de l’Atlantique. Le mental devait être solide, car ce n’était pas toujours évident. Je suis fier de ne pas avoir craqué. »
Vendée Globe :
Ce qui t’a le plus impressionné ?
« J’étais tellement bien préparé que je n’ai pas l’impression d’avoir découvert grand-chose. Là où je suis super content, c’est d’avoir pu vivre de beaux moments. Voir la terre, comme les îles d’Auckland ou le cap Horn, c’était incroyable. Je ne sais pas si quelqu’un est passé aussi près du cap que moi sur un Vendée Globe. C’était juste magnifique ! »
Vendée Globe :
Ce que tu as trouvé le plus dur ?
« La descente de l’Atlantique Sud a été complètement incroyable, avec des records tombant les uns après les autres. Sur le plan moral, c’était épuisant. Après trois ou quatre jours à ce rythme, il devenait difficile de continuer à pousser aussi intensément, mais je savais que si je relâchais mes efforts, je perdrais ma place dans le Top 5. Pour moi, c’est clairement à ce moment-là que la course s’est jouée. »
Vendée Globe :
Qu’as-tu appris sur toi ?
« J’ai pris du plaisir sur l’eau, et sur toute la durée de la course. Si quelque chose m’a surpris, c’est bien cela. Pour le reste, c’était une sorte de récital personnel, à ma manière. Au final, je n’estime pas que cette édition du Vendée Globe ait été particulièrement difficile – du moins pas pour moi. Quatre ans auparavant, les conditions étaient, je pense, bien plus éprouvantes. Personnellement, je n’ai affronté qu’une véritable tempête, dans l’océan Indien, où j’ai dû prendre deux ris dans la grand-voile. C’est la seule grosse dépression que j’ai rencontrée sur l’ensemble du tour du monde. Le reste s’est déroulé de manière relativement fluide. Cela dit, je reste prudent quant aux leçons que l’on peut tirer de cette expérience. Pour nous, et en particulier pour Charlie et moi, les conditions météorologiques ont été remarquablement favorables cette fois-ci, ce qui a été de pair avec la vitesse des bateaux : chaque nœud gagné a permis de mieux enchaîner les systèmes météo et d’optimiser la navigation. J’ai eu la chance d’avoir une machine extraordinaire, et elle mérite toute ma gratitude. »
Vendée Globe :
Le duel avec Charlie Dalin ?
« C’était un duel redoutable. Je savais qu’il avait la machine idéale pour remonter l’Atlantique, donc je n’étais pas vraiment surpris quand il m’a dépassé. Un peu frustré, oui, mais je savais que c’était inévitable. Je l’ai regardé partir, c’était un moment à passer. »
Vendée Globe :
Un mot sur sa victoire ?
« Une victoire dans un Vendée Globe, c’est difficile à obtenir. Passer deux fois la ligne en tête sur un Vendée Globe, c’est énorme ! Statistiquement, il y a tellement d’embûches possibles : casses, abandons, mauvais choix… mais l’équipe Macif fait toujours les choses à la perfection. Leur victoire est méritée, et je suis sincèrement content pour eux. »
Vendée Globe :
À dans quatre ans ?
« Je ne sais pas encore. Je vais prendre le temps de réfléchir ! »