Violette Dorange, une vague d’enthousiasme mémorable

Vingt-six jours après l’arrivée de Charlie Dalin, il flottait à nouveau une atmosphère de « grand jour » aux Sables d’Olonne. Le dispositif sécuritaire mis en place pour l’arrivée du premier a été reconduit. Dès le début de matinée, on se presse pour trouver une place de parking, pour se masser autour du chenal, dénicher « la » bonne place pour ne rien rater du spectacle. Un coup d’œil aux journaux du jour ne fait que conforter tous ceux qui sont présents. On y loue « la nouvelle étoile » (Ouest-France), la « superstar » (Le Parisien), « l’enfant prodige de la voile » (France 3). Violette Dorange a bouclé son tour du monde en 90 jours mais elle a fait un peu plus que ça. La benjamine - toutes éditions confondues - a « fait souffler une bourrasque d’air frais sur la com » (France Info) et rencontré « un succès fou sur les réseaux sociaux » (Ouest-France) où « elle cartonne » (Voiles et Voiliers). 

Une foule massive, intergénérationnelle et joyeuse 

Sa popularité a d’abord été un empilement de chiffres à faire tourner la tête aux community managers : 50 000 sur Instagram à l’ouverture du village, 100 000 le jour du départ et 557 000 aujourd’hui ! Ils sont 204 000 sur Tiktok, 420 000 sur Facebook, la chanteuse Angèle et le nageur Léon Marchand font partie de ses followers… Jamais un skipper n’avait suscité autant d’adhésions sur les réseaux sociaux. Derrière les chiffres, il y a donc un engouement, fort, ressenti plus que jamais ce dimanche. 

Des dizaines de journalistes se sont regroupés dès le début de la matinée au PC course. Des cars ont été affrétés depuis son village de Charente-Maritime (Pont-l’Abbé-d’Arnoult). Des fans se sont regroupés sur les réseaux afin de constituer le « virage Vio » quai Rousseau-Mechin. Un peu plus loin, de nombreux étudiants de l’INSA dont elle fait partie se sont regroupés autour d’une fanfare et sous un balcon où mixe un ami Figariste, Mael Garnier. Une foule massive, intergénérationnelle et joyeuse se masse progressivement autour du chenal malgré la pluie fine qui s’est également invitée un peu avant son arrivée. 

Une remontée du chenal mémorable 

L’effervescence à terre est également palpable en mer où des dizaines d’embarcations la suivent. La benjamine effectue une dernière manœuvre puis passe la ligne et savoure. Elle se tient la tête, reste longtemps sur le pont en levant les bras, saluant les plaisanciers venus en nombre. Un peu plus tôt, c’est Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One) qui est le premier à remonter le chenal. Le public l’applaudit et se chauffe la voix. Dans la foule, un petit groupe de parisiens d’origine japonaise secoue un drapeau nippon. L'équipe technique les voit, l'indique à Kojiro qui se retourne expressément pour leur faire signe, premier grand moment d’émotions de la journée. 

Et puis c’est au tour de Violette d’entrer dans ce stade nautique géant vers 12h30. Des « Violettte, Violette, Violette » ou des « c'est à bâbord, qu'on gueule, qu'on gueule... C'est à tribord... » s’échappent des deux rives, la clameur est vivace.  La navigatrice sautille sur le pont, affiche un large sourire. La foule marche pour suivre le bateau et ne rien rater. Toutes les générations se sont données rendez-vous : les smartphones sont brandis pour immortaliser le moment comme Violette a su le faire tout au long de son aventure.  Chacun a son lien avec elle : on s’identifie, on se sent proche, on évoque son courage dans les petits riens du quotidien. Un père explique ainsi qu’il a inventé une chanson pour que sa fille se brosse les dents le soir et qu’il a rebaptisé « Violette sur l’océan, se brosse les dents ». Il rigole en se demandant comment cela va se passer ce soir, maintenant que l'idole est de retour sur terre ! Certains crient, d’autres chantent et applaudissent à tout rompre. Il y a le virage aussi où les fumigènes sont allumés, certains sont torses nus, un feu d’artifice est lancé et tous font preuve d'un enthousiasme débordant.  

L’atmosphère est à peine croyable pour le public comme pour la jeune navigatrice. Elle se retourne, forme un cœur avec ses mains et se tient longtemps la tête comme si elle n’en revenait pas, elle aussi, de l’engouement qu’elle a suscité. Quelques centaines de mètres avant d’amarrer, Violette craque, fond en larme et se tient le visage.  

La suite, c’est un moment de douceur, comme en lévitation avec les sonorités de Billie Eilish. Une jeune icône pour une jeune étoile : la musique fait office de filiation comme pour adoucir l’atterrissage et le retour sur terre. Pour sa montée sur scène, Violette a choisi la chanson "kids" du groupe MGMT. 

Nombreux sont les marins à vivre l’instant et à être présents ce dimanche : Jean Le Cam (qui était à la barre du bateau de Violette il y a quatre ans), Guirec Soudée arrivé la veille, Benjamin Ferré, Samantha Davies mais aussi Miranda Merron et Marie Tabarly sont là pour accueillir les quatre héros du jour : Kojiro Shiraishi, Violette Dorange, Louis Duc et Sébastien Marsset. 

Violette est félicité par Alain Leboeuf, Président du Vendée Globe et du Département de la Vendée, elle sabre le champagne puis tombe dans les bras de son père et de sa mère. « Merci » répète la navigatrice devant le ponton d’honneur. Dans une étreinte, elle s’amuse « d’être salée ». Face aux caméras, elle explique « être sous le choc », « sidérée par le monde qu’il y avait dans le chenal ». « J’ai ressenti énormément d’émotions » à l’issue de cette « course qui a été à la hauteur de mes attentes ». « Je crois que j’ai trouvé ma voie et que je reviendrai surement ». Violette peut aussi être fière d’avoir embarqué avec elle ces centaines de milliers de personnes qui l’ont acclamé ce dimanche ou qui l’ont suivi par écrans interposés. Et parmi eux, certains auront peut-être envie, comme elle l’a dit simplement,  « d’aller au bout de leur rêve ».