BILAN SPORTIF : UNE ÉDITION SPECTACULAIRE ET DES RECORDS !
RECORD DE PARTICIPANTS AU DÉPART ET À L’ARRIVÉE
Si le record de l’épreuve n’a pas été battu, cette édition a enregistré des records de participation, tant au départ avec le plus grand nombre de candidats (37 vs 34 en 2016), de partants (33 vs 30 en 2008) et de partantes (6 femmes vs 2 en 2012), qu’à l’arrivée avec le plus grand nombre d’arrivants : 25 en course et 2 hors-course.
À noter également le record féminin de l’épreuve, battu par Clarisse Crémer en 87j 02h 24m 25s, soit 7 jours de mieux qu’Ellen MacArthur en 2001.
LA MÉTÉO GOMME LES ÉCARTS ENTRE LES GÉNÉRATIONS
Expérimentaux il y a quatre ans, les foils étaient attendus, redoutés, et les derniers-nés de la flotte IMOCA promettaient d’aller encore plus vite qu’il y a quatre ans. La démonstration est faite, mais elle n’a pas été éclatante.
Les foils de dernière génération ont montré une partie de leur efficacité : Charlie Dalin a été le premier sur la ligne d’arrivée, et Thomas Ruyant a terminé 4e, avant que les compensations de temps attribuées aux sauveteurs de Kevin Escoffier soient appliquées. Ces deux skippers d’IMOCA dernière génération ont pourtant eu des problèmes avec leur foil bâbord rapidement inutilisable. Sur les portions de la course où ils ont pu s’appuyer sur leur foil valide, dans des conditions de navigation propices, ces nouveaux foilers ont été très efficaces.
Mais la fiabilisation de tels bateaux est une question de temps : quelques foilers de dernière génération ont abandonné (Nicolas Troussel – Corum L'Epargne, sur le seul démâtage de cette édition, Sébastien Simon - Arkéa Paprec, après un choc avec un OFNI et Alex Thomson - HUGO BOSS, pour divers problèmes de structure) et certains ont connu des problèmes qui les ont éloignés de la course à la victoire (L’Occitane en Provence d’Armel Tripon, DMG Mori de Kojiro Shiraishi et Charal de Jérémie Beyou, qui a été contraint de revenir aux Sables pour réparer et qui est reparti 9 jours après les autres).
La navigation en haute mer avec des foils reste le sujet de beaucoup de développements à venir et d’expérimentations. Le Vendée Globe qui vient de s’achever donnera aux architectes de formidables retours d’expérience.
Les bateaux d’ancienne génération ont quant à eux prouvé qu’ils savaient très bien naviguer, et c’est pourquoi les équipes techniques qui avaient bien préparé leurs bateaux à dérives droites ont pu surnager dans le top 10.
Il y a plus que jamais de la place dans le Vendée Globe pour les projets sportifs moins dotés, mais bien fiabilisés.
Ce qui est notable, c’est que dans le contexte météo, qui a proposé une étonnante succession de phénomènes qui ont ralenti la course (la session de près en tout début de course, la tempête Théta au Cap-Vert, l’anticyclone de Sainte-Hélène décalé dans l’Atlantique Sud, des zones de calmes dans les mers du Sud et des angles au vent inhabituels dans les dépressions), les bateaux d’ancienne génération ont trouvé l’occasion de prouver la valeur d’IMOCA totalement fiabilisés.
Cela se voit par le plus faible taux d’abandons – seulement 24% (vs 37% avec 9 abandons sur 24 partants en 2000) - et par la position des bateaux des générations 2016 et même 2008 au classement final.
Ces bateaux plus anciens dont les skippers ont pu tirer le plein potentiel et ainsi limiter la distance réelle parcourue ont animé la tête de course :
- Sur un bateau à foils de 2016, Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) gagne le Vendée Globe.
- Louis Burton, sur Bureau Vallée 2, l’ex-Banque Populaire d’Armel Le Cléac’h vainqueur en 2016, prend la 3e place
- Jean Le Cam, grâce à son Yes We Cam! à dérives droites de 2008, prend la 4e place
- Boris Herrmann, avec SeaExplorer – Yacht Club de Monaco, un bateau de 2016 à foils, aurait terminé sur le podium du Vendée Globe s’il n’avait pas touché un bateau de pêche à l’arrivée
- Enfin Damien Seguin, premier skipper en situation de handicap de l’histoire de la course, avec son IMOCA à dérives droites de 2008, a pris une formidable 7e place, devant le foiler de première génération de Giancarlo Pedote, et les bateaux à dérives droites de Benjamin Dutreux et Maxime Sorel, 10e.
On savait que le plateau sportif de cette 9e édition était dense, il a démontré tout son potentiel en mettant en lumière la diversité des projets sportifs et des profils des skippers.
Dans le top 10, on compte 2 foilers de dernière génération, 4 foilers de la génération précédente, et 4 bateaux à dérives droites.
Pour regarder autrement le top 10, on constate que six bizuths y figurent (Charlie Dalin, Benjamin Dutreux, Boris Herrmann, Giancarlo Pedote, Damien Seguin et Maxime Sorel), que le vainqueur et le sixième jouaient leur deuxième Vendée Globe, et qu’ils l’ont terminé pour la première fois ; et que deux marins très expérimentés ont performé : Louis Burton avec son podium après une course très riche en rebondissements, et Jean le Cam, qui termine 4e, à 61 ans, son 5e Vendée Globe.
UN FINISH INCROYABLE, DES VALEURS ET UNE INTERNATIONALISATION CONFIRMÉES
Autre ligne au bilan : le sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam, avec l’assistance de Yannick Bestaven, Boris Herrmann et Sébastien Simon, a joué un rôle imposant sur le classement final.
Si celui-ci a contribué à créer un dénouement et un suspense aussi incroyable avec l’arrivée de 8 skippers en 24 heures, dont certains bénéficiaient de temps compensés, il a aussi et surtout démontré l’évident, avec le secours et la solidarité que chacun doit aux autres, en mer comme à terre.
Enfin, le Vendée Globe prouve qu’il peut sourire aux skippers internationaux : Boris Herrmann, 5e, est le premier finisher allemand. Le Japonais Kojiro Shiraishi, 16e, est le premier skipper asiatique à boucler le Vendée Globe ; et le Finlandais Ari Huusela, 25e, est le premier marin nordique à boucler la grande et belle boucle.