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Un océan Pacifique et (très) rapide ?

Après avoir passé la fameuse dorsale qui engendre un regroupement allant de Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) jusqu’à Samantha Davies (Initiatives Coeur, 13e), ce groupe aux dents longues va appuyer sur l’accélérateur. Ils vont ainsi réduire l’écart dans la semaine avec le trio de tête - Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er), Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) - et pourraient jouer les trouble-fêtes. À l’autre bout de la flotte, Szabolcs Weöres (New Europe, 38e) doit composer avec la casse de son hauban bâbord. De leur côté, Damien Seguin (Groupe APICIL, 17e) bénéficie enfin de conditions un peu plus clémentes, Antoine Cornic (HUMAN Immobilier, 33e) se dirige vers Saint-Paul pour s’abriter et réparer son rail de grand-voile, Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 37e) a un problème de girouette et Sébastien Marsset (FOUSSIER, 24e) a fêté ses quarante ans à bord.

À bord de Groupe Dubreuil ce dimanche.
© Sébastien Simon

Attention, changement en vue ! La guerre des positions fait rage chez les premiers. Yoann Richomme (PAPREC ARKEA, 2e) n’en finit plus de se rapprocher de Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) : il est revenu à moins de 100 milles et comptait 83,2 milles de retard en milieu de journée. L’écart n’avait pas été aussi faible entre le duo de tête depuis début décembre, quand Charlie était en prise avec Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e). Actuellement, les trois premiers « progressent en étant à l’arrière d’un système dépressionnaire » précise Christian Dumard, le consultant météo du Vendée Globe.

« Ensuite, ça peut aller assez vite ! »

C’est surtout derrière eux que les regards se tournent, même si – et c’est de bonne guerre – Charlie Dalin assurait ce matin ne pas avoir « routé » (fait des projections sur leurs trajectoires à venir, ndlr) le groupe de poursuivants. Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e), Jérémie Beyou (Charal, 5e) et Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 6e) butent dans la fameuse dorsale et seront bientôt imités par six autres skippers. Comme envisagé dès hier, cet arrêt ne devrait pas durer. Après s’être regroupés, ces marins vont faire route vers l’Est, se glisser sous l’anticyclone puis allonger la foulée jusqu’à une dépression attendue en fin de semaine prochaine. « Ils pourraient avoir une traversée du Pacifique très rapide », assure Christian Dumard. Jérémie Beyou (Charal) décrypte la situation :
 


Le petit centre anticyclonique qui s’est créé a eu valeur de barrière infranchissable. J’ai essayé de remonter vers le Nord, comme Thomas Ruyant mais j’ai été un peu trop rapide, j’ai buté dedans. Forcément c’est rageant mais il faut être un peu philosophe, se débrouiller avec ce qu’on a. Là, je me suis évertué à faire des empannages pour être bien positionné et progresser dans le Sud-Est. Ensuite, si on garde des moyennes autour de 25 nœuds de vent, ça peut aller assez vite !

Jérémie Beyou
CHARAL

Des ennuis pour ‘Szabi’, une accalmie pour Seguin


À plus de 6 800 milles de là, dans l’Atlantique Sud, Szabolcs Weores (New Europe, 38e) n’a pas vraiment l’opportunité de se projeter sereinement sur la suite de la course. La lanterne rouge a en effet averti la direction de course que son hauban bâbord (D2, celui n’allant pas en tête de mât) était cassé. Il avançait en bordure d’une dépression générant des rafales allant jusqu’à 40 nœuds, le tout à 450 milles de Cape Town. Son équipe s’est voulue rassurante – « Szabolcs n’est pas blessé et le bateau n’est pas endommagé » - et assure que le skipper s’emploie « pour garder son gréement en sécurité ».

De son côté, Damien Seguin (Groupe APICIL, 17e) respire enfin. Même s’il doit composer avec une trentaine de nœuds de vent, cela semble presque plus vivable après plusieurs jours en prise avec une forte dépression dans l’océan Indien. Joint par la direction de course, Damien s’est montré rassurant sur ses soucis physiques (blessure au cou et au genou) et réfléchit à une réparation définitive (l’ancrage d’une cadène s'était arrachée et avait engendré un trou dans la coque). 

Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One, 32e) navigue lui aussi depuis plusieurs jours « avec 40 nœuds de vent et une mer croisée de 5 à 7 mètres ». Il s’est réjoui de n’avoir « que des petits bobos sans gravité » sur le bateau. En revanche, le Japonais se plaint depuis plusieurs jours d’aphtes, « particulièrement inconfortables ». Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 37e) a quant à lui un problème de girouette qui l’oblige à progresser à vitesse réduite. De son côté, Antoine Cornic (HUMAN Immobilier, 33e) rêve de pouvoir enfin réparer. Le Rétais souhaite monter au mât pour résoudre son problème de rail de grand-voile mais il doit attendre que les conditions le permettent. Antoine continue de faire route vers l’île Saint-Paul même s’il sera difficile de s’y abriter, la houle étant toujours forte à proximité de ses côtes (autour de 4,50 mètres). « J’ai préparé tout le matériel, mes outils et j’y crois, je sais que ça va marcher, a-t-il confié dans une vidéo. Je vais réparer et finir mon tour du monde ».

« Je suis simplement là où j’aimerais être ».

De son côté, Sébastien Marsset (FOUSSIER, 24e) a pu se consacrer à un événement plus joyeux : ses 40 ans, en mer, au cœur de l’aventure d’une vie. Ses yeux sont rougis, l’émotion est palpable et ses mots sont forts :


C’est incroyable de célébrer son anniversaire ici. Normalement, on le fête avec sa famille, ses proches, surtout l’entrée dans la quarantaine. Mais moi, je suis tout seul sur mon bateau, je travaille depuis quatre ans pour être là. En fait, c’est un peu ma crise de la quarantaine ! Je n’ai jamais été fan des anniversaires mais celui-là, c’est le kiff ! Je suis simplement là où j’aimerais être.

Sébastien Marsset
FOUSSIER

Sébastien a eu le droit à quelques cadeaux, des chocolats, une étonnante perruque – pour se moquer de sa coupe de cheveux actuelle – et de nombreuses attentions. Une petite idée du bonheur flottait ainsi dans la flotte. On l’a ressenti aussi quand Kojiro Shiraishi a décrit « la lune qui sortait des vagues qui semblait plus intense et plus forte » la nuit dernière. Mais aussi quand Jérémie Beyou évoque sourire aux lèvres les albatros qui se rapprochent de son IMOCA et avec lequel « on finit par créer une espèce de connexion ». Et le skipper de Charal de conclure : « finalement, ce sont les seuls êtres vivants qui sont dans le coin avec nous. »

 

LE 15 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau FOUSSIER lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 décembre 2024. (Photo du skipper Sébastien Marsset) 40ème anniversaire
LE 15 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau FOUSSIER lors de la course à la voile du Vendée Globe le 15 décembre 2024. (Photo du skipper Sébastien Marsset) 40ème anniversaire

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