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Szabolcs Weöres : « c’était le rêve de ma vie »

PAROLES DE SKIPPER (32/40). Sept ans après son mentor, Nandor Fá, Szabolcs Weöres sera le deuxième Hongrois à disputer le Vendée Globe. Triathlète confirmé, il a fait ses gammes en IMOCA ces dernières années et se dit prêt à s’élancer pour cet incroyable challenge.

LORIENT, FRANCE - 14 SEPTEMBRE 2024 : Szabolcs Weöres (HUN), skipper de la Nouvelle Europe, est photographié le 14 septembre 2024 à Lorient, France - Photo par Zsombor Kerekes
LORIENT, FRANCE - 14 SEPTEMBRE 2024 : Szabolcs Weöres (HUN), skipper de la Nouvelle Europe, est photographié le 14 septembre 2024 à Lorient, France - Photo par Zsombor Kerekes
© Zsombor Kerekes

Avant de s’élancer dans le grand bain du Vendée Globe à 51 ans, le skipper hongrois Szabolcs Weöres a découvert l’IMOCA et la course au large ces dernières années. Il a commencé à naviguer en Optimist sur le lac Balaton en Hongrie et a progressé dans les classes de dériveurs avant de découvrir le large via des courses en équipage. Szabolcs est ensuite devenu constructeur de bateaux et gréeur professionnel. Il a notamment travaillé avec l'équipe sud-africaine Shosholoza lors de la 32e édition de la Coupe de l'America, avant de diriger sa propre entreprise de gréement. 

Mais grâce à son mentor, Nandor Fá (qui a disputé deux fois le Vendée Globe), le Vendée Globe est devenu son rêve. « Szabi » est resté proche de Nandor tout en débutant son apprentissage en IMOCA. Son approche méthodique lui a permis de progresser rapidement en disputant toutes les grandes courses du calendrier. Désormais, « Szabi » se sent prêt à  réaliser son rêve. Il s’élancera à bord d’un plan Owen Clark mis à l’eau en 2007, l’ex-Aviva de Dee Caffari avec lequel le Finlandais Ari Huusela a terminé dernier du précédent Vendée Globe. 

Vendée Globe :

Dans quel état d’esprit abordes-tu le grand départ ? 
 

Szabolcs Weöres
Szabolcs Weöres
New Europe

Je ressens toujours les mêmes sentiments ambivalents, un mélange de tellement choses avec l’adrénaline et l’excitation à gérer quand on se retrouve seul à la barre. Ce n’est pas facile de quitter tous ceux qui ont travaillé dur pour l’aider et être seul à la barre. Les deux premiers jours de course sont difficiles et puis après, tu t’installes en « mode solo » et c’est agréable. 
 

Vendée Globe :

Vous êtes un compétiteur. Vous avez envie de rivaliser avec les bateaux de la même génération que le vôtre ?  
 

Oui, comme je le dis toujours, je ne suis pas le plus avancé ou le plus moderne en termes de technologie. Mon bateau date de 2007 donc je suis limité en termes de vitesse mais j’ai envie de bien naviguer donc de le pousser au maximum de son potentiel. Le bateau en est capable et je serai heureux de réussir cette belle performance technique. Mon objectif principal, ce sera de terminer la course en espérant qu’il y ait d’autres bateaux similaires à l’arrivée. 

Vendée Globe :

Avec quels autres skippers imaginez-vous batailler justement ? 
 

Certainement Denis (Van Weynbergh) qui a l’ancien bateau de Nándor et peut-être Antoine Cornic (HUMAN Immobilier). C'est triste que James Harayda et François Guiffant n'aient pas été retenus car pendant les qualifications, ces deux bateaux étaient très proches de moi. Je pense que Jingkun Xu (Singchain Team Haikou) est un cran au-dessus. Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise) navigue avec un sistership de mon bateau qui est plus léger et plus développé que le mien. J’ai aussi pu courir parfois avec Manuel Cousin (Coup de Pouce). Mais je sais que tout dépend de la course ! 

Vendée Globe :

Avez-vous eu peur de ne pas vous qualifier ou de ne pas prendre le départ ?

 

Oui, je me disais tous les jours que je n’allais pas y arriver. La ligne de départ semblait si loin pour moi ! Mais ma philosophie, ça a toujours été de continuer pas à pas sans trop penser à la ligne de départ. J’ai toujours fonctionné comme ça, ça simplifie les choses. 

Vendée Globe :

Lors de vos débuts en IMOCA, vous aviez surtout navigué en équipage et à bord de petits bateaux… 
 

Oui, le Vendée Globe, c’était le rêve de ma vie. J’avais beaucoup d’expérience en voile mais dans des catégories différentes. Je me suis toujours dit que c’était la course où je pouvais utiliser toutes mes connaissances et où j’allais aussi beaucoup apprendre. C’est le challenge ultime qui est aussi le plus complexe à relever. 

Vendée Globe :

Quelle est la partie de la course que vous attendez le plus ? 

 

C’est une bonne question… Le Grand Sud, je ne m'en préoccupe pas vraiment. Je ne sais pas comment le bateau va se comporter et comment je vais gérer ce nouvel environnement, ce sera très intéressant. Mais j’aborde tout ça en étant assez détendu. Je ne suis pas très inquiet en général, je sais qu’on va tous devoir faire face aux mêmes conditions.  

Vendée Globe :

Quels conseils t’a donné ton ami et mentor Nandor Fá qui travaille avec toi ? 

 

Sois courageux et fais attention ! 

Vendée Globe :

Qu’as-tu fait pour rendre ton bateau plus rapide ? 

Je ne pense pas trop aux performances parce que même en faisant des améliorations, je sais qu’on n’atteindra jamais un niveau beaucoup plus élevé. En revanche, j’aime dire que nous avons rendu le bateau plus fiable et plus convivial. Et nous l’avons doté d’une technologie bien plus avancée que celle de 2007 !

Vendée Globe :

La météo était votre point faible… Comment vous êtes-vous amélioré ? 
 

C’est la chose la plus importante. La météo et le routage, c'était complètement nouveau pour moi, et je pense qu'au cours des quatre dernières années, j'ai beaucoup appris. Je sais maintenant comment traiter les fichiers et toutes les données météorologiques et de routage. Lorsque vous entrez dans la communauté de navigateurs solitaires, vous discutez avec les gens, vous échangez vos expériences et vous les mettez en pratique, ce qui vous permet d'apprendre beaucoup même sans s’en rendre compte. 

Vendée Globe :

Qu'est-ce qui vous manquera le plus ? 

Je pense que la liberté de mouvement me manquera. J'aime beaucoup faire du vélo, courir, aller dans la nature et bouger… Cela me manquera parce que mon espace de vie est vraiment petit et limité. 

Vendée Globe :

Prévoyez-vous de rester en contact régulier avec le monde extérieur ? 

 

Oui je pense. On ne peut pas être complètement seul maintenant parce que nous avons aussi beaucoup de choses obligatoires à faire en termes de médias. Après, je suis quelqu’un qui apprécie justement être dans sa bulle et gérer son rythme. Donc ce ne sera pas forcément facile de communiquer avec l’extérieur. 

Vendée Globe :

Comment se sont passés vos débuts dans le monde de la course au large en solitaire ?  

 

Les débuts ont été très difficiles. Ce n’est pas une affaire de communication mais quand votre première expérience en solitaire est à bord d’un IMOCA, la marche est forcément très haute ! Mon abandon dès la première nuit à la Vendée Arctique a été très difficile. Mais je suis heureux d’avoir pu m’améliorer pas à pas. Désormais, j’ai beaucoup plus confiance en moi. C’est un bon sentiment de se dire que je suis prêt. J’ai la sensation d’avoir tout fait mais si c’était très, très dur.    

Vendée Globe :

Avez-vous conservé votre forme physique de triathlète ? 
 

En termes de condition physique et de force, je pense que je suis suffisamment en forme. Le projet est tellement prenant que je n’ai pas le même niveau physique qu’au triathlon. Mais j’essaie de trouver du temps pour m’entraîner tous les jours. Cet entraînement physique est très important pour moi. Ça me permet de me libérer l’esprit et de me sentir plus fort mentalement.  

LORIENT, FRANCE - 13 SEPTEMBRE 2024 : Szabolcs Weöres (HUN), skipper de New Europe, est photographié le 13 septembre 2024 au large de Lorient, France - Photo par Zsombor Kerekes
LORIENT, FRANCE - 13 SEPTEMBRE 2024 : Szabolcs Weöres (HUN), skipper de New Europe, est photographié le 13 septembre 2024 au large de Lorient, France - Photo par Zsombor Kerekes
© Zsombor Kerekes
Rencontre avec Szabolcs Weöres, New Europe | Vendée Globe 2024

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