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Sébastien Simon : « je suis un enfant du Vendée Globe »

PAROLES DE SKIPPERS (25/40). Le Vendéen est de retour, quatre ans après un abandon au large de l’Afrique du Sud. Une nouvelle participation qu’il doit au Groupe Dubreuil qui l’accompagne depuis mai 2023. À bord de l’ex-11th Hour Racing, Sébastien Simon a connu une préparation express et spectaculaire. Il rêve désormais d’aller au bout et ne s’interdit pas de jouer les trouble-fêtes dans le ‘top 10’.

LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 31 JUILLET 2023 : Sébastien Simon (FRA), skipper du Groupe Dubreuil, s'entraîne le 31 juillet 2023 au large des Sables d'Olonne, France - Photo Groupe Dubreuil Sailing Team
LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 31 JUILLET 2023 : Sébastien Simon (FRA), skipper du Groupe Dubreuil, s'entraîne le 31 juillet 2023 au large des Sables d'Olonne, France - Photo Groupe Dubreuil Sailing Team
© Groupe Dubreuil Sailing Team

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Sébastien Simon est un rescapé de l’histoire du Vendée Globe. La course de ses rêves, celle avec laquelle le Sablais a grandi, semblait se refuser à lui. Il avait abandonné la dernière édition au large du Cap de Bonne-Espérance, ses sponsors l’avaient quitté, le temps filait et une nouvelle participation s’éloignait au fil des mois. Et puis il y a eu un texto, en mai 2023, celui de Paul-Henri Dubreuil. Son groupe vendéen, à la tête notamment des compagnies Air Caraïbes et de French Bee, souhaite un bateau à ses couleurs, au Vendée Globe, pour fêter ses 100 ans d’existence. Les deux hommes se connaissent et se font confiance. Alors ‘Seb’ replonge dans l’aventure, acquiert l’ex-11th Hour Racing qui vient de remporter The Ocean Race, constitue une équipe et dispute quatre transatlantiques en moins de dix mois. Tout n’a pas été facile dans ce contre-la-montre effréné mais le skipper sera bien sur la ligne de départ, là où il a toujours rêvé d’être. Il raconte. 

Vendée Globe :

Qu’est-ce que tu ressens à l’idée d’être au départ après tout ce que tu as traversé ?

Sébastien Simon
Sébastien Simon
Groupe Dubreuil

Il y a un sentiment de fierté et de soulagement. J’ai douté pas mal de temps avant d’espérer être au départ et revenir. C’est aussi la satisfaction du travail accompli avec mes sponsors et mon équipe. On a bossé d’arrache-pied pour en être ! 

Vendée Globe :

Avant le texto de Paul-Henri Dubreuil, croyais-tu encore en tes capacités à disputer un jour le Vendée Globe ? 

Oui j’y croyais, je savais que tout était une question de patience, d’énergie, de sacrifice. Quand j’ai reçu le texto, je m’apprêtais à quitter Halifax (Canada) après avoir démâté à bord de Guyot Environnement lors de The Ocean Race. Sur le moment, j’ai eu du mal à y croire. La recherche de partenaires a tellement été longue, il y a eu beaucoup de faux espoirs… C’est deux ans de travail et d’attente avant que tout se déclenche en une seconde ! 

Vendée Globe :

Ensuite, tout s’est vite enchainé…

Le projet a réellement débuté en juillet 2023 ce qui nous a laissé à peine plus d’un an pour se préparer au Vendée Globe. On partait d’une page blanche : il fallait trouver les ressources humaines et le matériel aussi parce qu’on n’avait pas un tournevis !  On a monté une équipe et on a montré qu’on était capable de grandir ensemble au fil des courses. Même si le timing a été serré, on a fait une belle préparation et on s’est rassuré à l’image du bon résultat à New York – Vendée Les Sables d’Olonne (4e). On s’est que rien n’est acquis pour le Vendée Globe mais l’équipe est prête, concentrée et mobilisée. 

Vendée Globe :

Dans ta préparation, il y a eu Retour à la Base en décembre dernier. Tu as été victime d’une commotion cérébrale, d’une cervicale cassée, puis d’un démâtage… Comment as-tu vécu cette succession d’événements de l’intérieur ? 

Je n’ai aucun souvenir de l’accident. J’étais 3e de la course, j’imagine que le bateau volait et qu’il y a eu une forte décélération. Le bateau a planté d’un coup et j’ai dû être projeté à l’intérieur. Ensuite, tout était trouble et confus. J’ai appelé ma team manager pour suivre un protocole d’urgence, puis le médecin mais je n’en ai aucun souvenir. J’avais le visage ensanglanté, je me suis agrafé le front, j’ai appelé ma fiancée qui a tenté de me dire où j’étais. Je savais juste que c’était une course qualificative pour le Vendée globe et qu’il fallait que j’aille au bout. J’ai fait une escale technique de 24 heures aux Açores parce que j’avais un blackout d’énergie à bord. Et puis à 12 milles de l’arrivée, alors que j’avais des douleurs insoutenables pour respirer, j’ai démâté. Je me suis débrouillé pour faire un gréement de fortune et couper la ligne. 

Vendée Globe :

Après ton arrivée, les médecins ont découvert que tu avais une vertèbre cassée, ce qui t’a immobilisé pendant trois mois...

Je ne sais pas si je serais capable de revivre ça. J’en ai envie de ce Vendée Globe, j’avais envie de montrer à ceux qui m’accompagnent et qui me soutiennent qu’ils ont eu raison de me faire confiance. Après, ce que j’ai vécu est très extrême. Ça démontre à quel point notre sport est de plus en plus violent. Nous avons d’ailleurs adapté le bateau en conséquence pour que ça ne se reproduise pas. 

Vendée Globe :

Tu as souvent bataillé dans le ‘top 10’ voire le ‘top 5’ des courses précédentes. Ce sera ton objectif ? 

J’ai du mal à me positionner. La New York Vendée – Les Sables a laissé entrevoir de belles choses. J’ai un super bateau et c’est à moi de prouver ce dont je suis capable. Mais l’objectif, c’est surtout d’aller au bout, je garde encore en tête la frustration de l’abandon du précédent Vendée Globe. J’espère aller au bout et si je sors des mers du Sud avec un bateau dans un état correct, je suis sûr que les résultats suivront. 

Vendée Globe :

Comment composes-tu avec tous les aléas de la course ?

Mon abandon il y a quatre ans avait été lié à un phénomène aléatoire (le choc avec un Ofni). Ces derniers mois, nous avons beaucoup travaillé sur la fiabilisation du matériel afin de diminuer au maximum le risque de petites avaries ou de pannes. Je pense que je connais bien les limites du bateau pour les avoir déjà franchis plusieurs fois. Et puis l’expérience va compter même s’il me reste encore un peu d’insouciance. 

Vendée Globe :

Est-ce qu’on peut s’attendre à une course qui explose les compteurs et le record de 74 jours ?

Oui j’en suis persuadé. Il y a quatre ans, nous n’avions pas eu beaucoup de chance avec la météo. Mais si on compare les bateaux de l’édition du record (74 jours, Armel Le Cléac’h, en 2016-2017) et ceux de maintenant, ça n’a plus rien à voir. Nos bateaux ont des vitesses moyennes incroyables et nous savons plus les exploiter à 100% sur du long terme. Je suis sûr que le record sera battu. 

Vendée Globe :

Ton projet est un des plus vendéens et sablais. Tu es né aux Sables d’Olonne, tu portes les couleurs d’une entreprise vendéenne…. C’est un motif de fierté ? 

Ce qui est sûr c’est que je me considère comme un enfant du Vendée Globe. Je suis né quelques mois après la première édition, j’ai grandi avec la course, je l’ai suivi, je l’ai vu évoluer. Pour moi, c’est exceptionnel d’y participer et d’être accompagné par une entreprise vendéenne. Maintenant, il faut la terminer !

LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 11 SEPTEMBRE 2024 : Sébastien Simon (FRA), skipper du Groupe Dubreuil, s'entraîne le 11 septembre 2024 au large des Sables d'Olonne, France - Photo Groupe Dubreuil Sailing Team
LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 11 SEPTEMBRE 2024 : Sébastien Simon (FRA), skipper du Groupe Dubreuil, s'entraîne le 11 septembre 2024 au large des Sables d'Olonne, France - Photo Groupe Dubreuil Sailing Team
© Groupe Dubreuil Sailing Team
Rencontre avec Sébastien Simon, Groupe Dubreuil | Vendée Globe 2024

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