Parfois, on a l’impression d’ausculter la cartographie comme un médecin consulterait une radio, avec l’air sérieux de celui qui va annoncer que le petit « crac » était en fait une double fracture carabinée. A chaque fois qu’on repère à proximité de nos bateaux ce vilain rouge grenat, voire en rafales ce violet indigo qui vrille la rétine, on sait qu’on va garder les sourcils froncés, et le téléphone allumé. Ce fut le cas cette nuit, alors qu’au Sud de l’immense Argentine, une poignée de solitaires se faisait rattraper par la tempête.
« ce n’est plus de la course mais juste de la survie »
Pour Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e) qui menait la troupe, le moment n’a pas été agréable, mais aurait pu être pire. Suffisamment rapide après son passage du Cap Horn, le bizuth breton a réussi à échapper au gros de la dépression, avec « seulement » 40 nœuds de vent. Mais derrière en revanche, ils ont été « en plein dedans », comme on dit poliment. En début de nuit, alors qu’il évoluait au large des Malouines, Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 26e), nous racontait ainsi :