Jusque-là, même si, nous avoue-t-il dans la nuit, il n’a « pas envie de se prendre trop le chou » avec le résultat de son choix, il n’est pas trop mécontent, « dans le sens où j’ai réussi à ne pas m’arrêter dans de la pétole, j’ai toujours eu du vent pour avancer ». Ces derniers jours, les routages avaient plutôt privilégié l’option à la côte, suivie notamment par Jérémie Beyou (Charal, 4e), Sam Goodchild (VULNERABLE, 5e), Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, 6e) et Justine Mettraux (Teamwork – TEAM SNEF, 8e). Mais le quatuor accordé a vu le vent tomber cette nuit, ce qui promet bien du suspense sur l’issue de cette stratégie, dont on devrait connaître le fin mot d’ici deux-trois jours. « Celui qui prend des risques peut perdre, celui qui n'en prend pas perd toujours », disait Tartakover.
Un IMOCA « mi-avion, mi-sous-marin »
Sauf qu’en course au large, la nature du risque est un peu plus intense qu’une salle à l’ambiance feutrée. Car si Mac Mahon disait qu’ « il y a plus d'aventures sur un échiquier que sur toutes les mers du monde », on ne peut constater tout de même qu’il était commandant d’infanterie, et qu’il aurait peut-être moins fait le malin si on l’avait mis sur un IMOCA lancé à vive allure vers les Malouines, face à une « grosse Bertha » en cours de formation, comme l’a surnommée Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For a Job, 20e), qui devrait franchir le Cap Horn dans la matinée !
Car jeudi, il ne fera pas bon être un marin sur le pont dans ce coin du monde, si bien que pour le petit groupe derrière lui, la question de ralentir pour éviter le gros de la dépression se pose, car la zone n’est pas franchement connue pour ses nombreux abris ! Violette Dorange (Devenir, 28e) a déjà annoncé avoir levé le pied, tout comme Eric Bellion (Stand as One – ALTAVIA, 27e). Mais d’autres continuent tête baissée, et même plutôt galvanisés, à l’image de l’expérimenté néo-Zélandais Conrad Colman (MS Amlin, 22e), qui nous racontait cette nuit, sur son bateau « mi-avion, mi-sous-marin » sa « légère jalousie d'imaginer les premiers bientôt à Terre, aller chercher leurs enfants à la sortie de l'école ». Mais il reste heureux de sa position et du match en cours avec ses concurrents, alors qu'il approche de son quatrième Cap Horn :