Toutes les actualités

Chauffe qui peut !

« Quand on est parti trop longtemps, de l'autre côté du printemps, chantait Gilberd Bécaud, c'est le meilleur moment du voyage, le Retour ». Bien sûr, dans le cas de nos marins du Vendée Globe, seul celui au port des Sables d’Olonne constituera la vraie délivrance, mais en attendant, les retours sont déjà nombreux, qu’ils soient sur le camarade de devant, sur leurs pas, en mer, ou même à la maison…

COURSE, 04 JANVIER 2025 : Photo envoyée depuis le bateau Biotherm lors de la course à la voile du Vendée Globe le 05 janvier 2025. (Photo du skipper Paul Meilhat) Coucher de soleil
COURSE, 04 JANVIER 2025 : Photo envoyée depuis le bateau Biotherm lors de la course à la voile du Vendée Globe le 05 janvier 2025. (Photo du skipper Paul Meilhat) Coucher de soleil

Le retour, en voilà un mot qu’ils aiment bien nos marins qui semblent pourtant passer leur vie à vouloir partir. Sauf que certains retours sont plus douloureux que d’autres. Ce n’est pas à Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 15e) qu’on va l’apprendre, lui qui grimace depuis plusieurs jours en voyant se dessiner l’implacable mais irréfutable… retour du roi ! 

Contraint par un vent de Nord, le skipper de Fortinet-Best Western a en effet dû emprunter ces derniers jours une route qui l’a fait passer par le détroit de Le Maire, ces seize petits milles qui séparent l'île des États de la pointe orientale de la Terre de Feu argentine (on ne lâche rien côté Trivial Pursuit, c’est la dernière ligne droite), puis l’intérieur des Malouines. Un passage qui a d’ailleurs davantage souri à son acolyte Damien Seguin (Groupe Apicil, 14e), qui en a profité pour prendre l’avantage dans leur duel à foils tirés ! 


C’était un peu chiant météorologiquement, parce que je suis arrivé dans le détroit de Le Maire sur la portière au taquet, et après il y a un énorme grain qui est rentré, et après pétole derrière, et Damien est revenu… Bref, j’ai pas trop de chance météorologiquement depuis ce Cap Horn, mais comme depuis un petit moment déjà ! J’ai eu une très bonne descente de l’Atlantique, et après ça a merdé !

Romain Attanasio
FORTINET - BEST WESTERN

« Jean, il est gentil dans la vie »

Et ça va continuer un peu, puisque rien ne semble pouvoir arrêter la « remontada » de Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor Lux, 16e), qui bénéficie lui, depuis son passage à l’Est des Malouines, d’un flux bien établi de Nord-Ouest… c’est le pompon sur le marin, pour Romain !


C’est n’importe quoi la météo ! Je rends mon tablier ! Après c’est le roi Jean, il a le bon karma, qu’est-ce que tu veux… Je ne le connais pas bien, mais je pense que Jean, il est gentil dans la vie, il est travailleur, il est toujours à son chantier… il a tout pour avoir les dieux avec lui en mer ! On n’a qu’à être meilleurs nous, mais quand même, c’est incroyable la météo qu’il a ! Nous, c’est même pas du près, c’est du louvoyage : face au vent à tirer des bords ! Pour l’instant, c’est un peu le scénario terrible, alors que Jean arrive avec du vent de travers… Normalement on devrait se retrouver dans deux jours pour passer une bulle anticyclonique. Là il a un meilleur angle depuis un mois, on peut rien faire contre ça !

Romain Attanasio
FORTINET - BEST WESTERN

Heureusement, Romain Attanasio n’est pas du genre à ruminer, et se sent déjà bien heureux d’être dans l’Atlantique où, malgré le près qui devrait l’accompagner les 1000 prochains milles, la température s’adoucit et les conditions avec. Un micro repos du guerrier après ce grand Sud sauvage, qui a pu faire le constat qu'il n'est pas la seule créature à apprécier un peu de répit :


Ce qui est rigolo, c’est que les albatros qu’on voit dans le Grand Sud derrière le bateau sans jamais battre une fois des ailes, là ils sont comme des canards en train de flotter dans l’eau, ça perd un peu de son charme !

Romain Attanasio
FORTINET - BEST WESTERN

COURSE, 05 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Monnoyeur - DUO for a JOB lors de la course à la voile du Vendée Globe le 05 janvier 2024. (Photo du skipper Benjamin Ferré)
COURSE, 05 JANVIER 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Monnoyeur - DUO for a JOB lors de la course à la voile du Vendée Globe le 05 janvier 2024. (Photo du skipper Benjamin Ferré)

« C’est pas parce qu’on est à l’arrière de la flotte qu’on se donne pas autant ! »

Un constat que partage complètement Manuel Cousin (Coup de Pouce, 34e), qui barbote dans la pétole en plein milieu du Pacifique, et aimerait bien pouvoir compter sur le retour… du vent ! 


Contrairement à l’Indien qui a été furieux pour moi, le Pacifique l’est beaucoup plus, pacifique. Même peut-être un peu trop depuis 2-3 jours ! On a eu des zones de molle importantes, et pour rejoindre la ZEA, je suis obligé de passer dans des zones très très molles, ça ne m’amuse pas, mais on n’a pas le choix ! Et en plus c’est au près, dans une mer formée, ça n’aide pas pour avancer !

Manuel Cousin
Coup de Pouce

Il a pourtant de l’appétit le skipper de Coup de Pouce, qui se verrait bien croquer son voisin Fabrice Amédéo (Nexans – Wewise, 33e), même s’il reconnaît que sa présence à ses côtés est plus du genre motivante qu’usante, surtout pour continuer de rêver à un retour sur les camarades de devant :


Ça met un coup de pied aux fesses ! On est en course, même si malheureusement on est loin. On sait que dans les Mers du Sud, 500 milles ça peut être vite repris ou vite perdu. Des fois c’est long, mentalement c’est dur, je ne pensais vraiment pas faire un Vendée Globe comme celui-ci. Si je peux gratter devant je le ferai, on a tous le même état d’esprit, on reste positif, on fait au mieux, on donne tout ce qu’on a… C’est pas parce qu’on est à l’arrière de la flotte qu’on se donne pas autant !

Manuel Cousin
Coup de Pouce

Retour aux manivelles

A tous les étages de la fusée, c’est en effet la même furieuse envie de remonter. Plein pot (de colle) pour Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA, 2e) qui a essayé toute la nuit de mettre le turbo pour revenir sur Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er), ralenti par un début de Pot-au-Noir toujours un peu aléatoire. L’occasion peut-être pour le leader de fredonner le couplet de Gilberd Bécaud « Où es-tu? Que fais-tu? / La nuit je pense à nous / Compte les jours / Compte à rebours », alors que leur distance au but fond désormais aussi vite qu’une motte de beurre à l’équateur.

Avec la niaque aussi côté Jérémie Beyou (Charal, 4e), qui a repris dans la nuit bien du terrain sur Thomas Ruyant (VULNERABLE, 6e) et Paul Meilhat (Biotherm, 8e), partis dans une option plus à l’Est avec Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 10e). Qui l’emportera en termes de stratégie pour faire le retour en tête dans l’Atlantique Nord ?

Enfin, deux autres retours font aussi chauds au cœur aujourd’hui. Celui de l’IMOCA de Louis Burton (Bureau Vallée), arrivé cette nuit à son port d’attache de Saint-Malo après un long voyage depuis l’Afrique du Sud, où son marin avait dû se résigner à abandonner. Et puis le retour en mer de Yannick Bestaven (Maître CoQ V), après son abandon le 30 décembre dernier. Grâce à un travail acharné de son équipe technique, le tenant du titre va en effet pouvoir reprendre ce matin sa boucle, hors course, certes, mais tout de même en bonne compagnie, puisqu’il devrait en profiter pour se recaler dans le groupe mené par Benjamin Ferré (Monnoyeur, Duo For a Job, 20e). Car au fond, ce qui compte, c’est bien le retour, mais autant que le chemin qui y mène soit le plus agréable possible !


Partager cet article

Dernières actualités