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Duel de haute intensité dans les alizés

Le match entre Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e) se poursuit dans les alizés. Les deux protagonistes filent droit vers l’anticyclone des Açores qu’ils devraient atteindre dans 48 heures. Derrière, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) a franchi l’équateur dans la matinée. Au large du Brésil, les poursuivants bataillent et, tout au Sud, Benjamin Ferré (Monnoyeur - DUO for a JOB, 20e) a dépassé le cap Horn. Pour lui comme pour le groupe qu’il précède, tout l’enjeu est de se préparer avant une forte dépression qui va déferler dans l’Atlantique Sud jeudi prochain.

À bord de Groupe Dubreuil ce dimanche.
© Sébastien Simon

Aux Sables d’Olonne, l’atmosphère a quelque peu changé ces derniers jours. Des équipes techniques s’affairent pour monter de grandes structures et, dans les journaux, on dissèque à n’en plus finir l’histoire et l’ascension du duo de tête. Avec l’approche des premiers concurrents, le village du Vendée Globe est en pleine ébullition. Car pour les principaux concernés, les routages mènent désormais jusqu’à l’arrivée. Et depuis hier, c’est « RAS » pour le duo qui domine la course depuis le début du Pacifique. Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) sont séparés de 130 milles au classement de 15 heures. « Ils sont toujours dans les alizés, le vent va se renforcer petit à petit jusqu’au passage d’une dorsale jeudi », précise Christian Dumard, le consultant météo du Vendée Globe. Joint ce matin aux vacations, Yoann Richomme, fatigué par la répétition des efforts, expliquait :


Finalement le pot-au-noir a été assez usant même si ça n’a pas duré très longtemps. En ce moment, ça va assez vite, 21 nœuds de moyenne et ça bouge beaucoup. Là, c’est simple, c’est tout droit pendant deux jours dans les alizés jusqu’à l’anticyclone des Açores. Une fois qu’on y sera, j’ai l’impression que Charlie sera un peu plus fort, c’est difficile à estimer. J’essaie surtout de garder le rythme. Je pense que si le scénario reste stable, on sera arrivé dans huit jours. Je ne réalise pas trop encore même si je sais que ça reste exceptionnel. Ce n’est pas une transatlantique, c’est un tour du monde et le bateau est en super état. C’est magique !

Yoann Richomme
PAPREC ARKÉA

« Finalement le pot-au-noir a été assez usant même si ça n’a pas duré très longtemps. En ce moment, ça va assez vite, 21 nœuds de moyenne et ça bouge beaucoup. Là, c’est simple, c’est tout droit pendant deux jours dans les alizés jusqu’à l’anticyclone des Açores. Une fois qu’on y sera, j’ai l’impression que Charlie sera un peu plus fort, c’est difficile à estimer. J’essaie surtout de garder le rythme. Je pense que si le scénario reste stable, on sera arrivé dans huit jours. Je ne réalise pas trop encore même si je sais que ça reste exceptionnel. Ce n’est pas une transatlantique, c’est un tour du monde et le bateau est en super état. C’est magique ! »

Quel sera l’écart entre les deux premiers à l’arrivée ? Les spécialistes aiment rappeler qu’il n’y avait que 2h31 entre Yannick Bestaven et Charlie Dalin il y a quatre ans (suite à la compensation de temps dont avait hérité le skipper de Maître CoQ). En 2012, l’écart entre François Gabart et Armel Le Cléac’h s’établissait à 3h17. Invité du Vendée Live ce midi, Gabart est revenu sur la bataille du moment :


Quand je vois MACIF Santé Prévoyance avec Charlie (Dalin) en tête, ça me replonge forcément dans mes souvenirs de Vendée Globe. On avait une bataille avec Armel (Le Cléac’h) qui ressemble à celle entre Charlie et Yoann. La gestion de la pression, ça fait partie de la difficulté et de la magie de la course au large. Il faut savoir rester dans la compétition jusqu’au bout. Mais c’est une chance d’avoir de l’adrénaline et de la pression jusqu’à l’arrivée. Pour moi, ça a rendu la victoire encore plus belle. Même dans les dernières minutes, je poussais mon bateau à 100% de son potentiel et c’est un privilège. Et pour le public aussi, c’est génial d’avoir du suspense jusqu’au bout !

François Gabart

Mardi 7 janvier | Vendée Live

Le troisième, Sébastien Simon, a franchi l’équateur ce matin à 7h08 (heure française). Il a également fait son entrée dans le pot-au-noir, même s’il ne devrait pas être beaucoup ralenti par les orages et les grains. En revanche, le Vendéen ne devrait pas bénéficier des vents du système dépressionnaire qui se forme au Sud-Est de Terre-Neuve et qui devrait pousser le duo de tête.

Une sacrée bataille pour le ‘top 10’

Concernant le groupe de poursuivants, la guerre de positions se poursuit. On observe toujours deux stratégies distinctes au cœur d’une zone de transition. D’un côté, ceux qui privilégient l’Est dont Jérémie Beyou (Charal, 4e) et Sam Goodchild (VULNERABLE, 5e) et ceux qui filent plus au large à l’instar de Paul Meilhat (Biotherm, 9e) et Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 10e). « C’est difficile de savoir qui va croiser devant l’autre, même si Jérémie a peut-être un petit avantage », décrypte Christian Dumard. Les bateaux sont usés et les pépins techniques se multiplient : Boris Herrmann (Maliza Seaexplorer, 6e) a dû monter au mât après un problème sur son arbalète (qui permet de réduire la bastaque). Aux vacations ce matin, Sam Goodchild expliquait que tous font face à des grains parfois très virulents :


J’en ai un qui gonfle et qui se rapproche avec des éclairs, du vent qui monte… Ça a l’air bien méchant, bien costaud et c’est ça ma préoccupation du moment. L’option Est était un peu fermée à cause d’une zone sans vent et j’ai estimé que l’option Ouest était moins risquée. Au mieux, je gagne trois à quatre places, au pire je reste avec les copains. On sent que les bateaux sont fatigués même si je n’ai pas de gros problème à déplorer. Nous essayons tous de ne pas prendre trop de risques !

Sam Goodchild
VULNERABLE

Derrière, le trio Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family, 11e), Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) devront bientôt faire face à une zone de vent erratique et de grains. De son côté, l’expérimenté, Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor Lux, 14e) grapille discrètement deux places en passant devant le duo Damien Seguin (Groupe APICIL, 15e) et Romain Attanasio (Fortinet Best Western, 16e). Alors que les deux hommes tentent de faire du Nord au près, le “Roi Jean” a décidé de prendre une option plus Est. 

Une forte dépression dans le viseur

Un peu plus loin, tous s’attachent à savoir comment se positionner face à une importante dépression qui va se former dans la cordillère des Andes et déferler sur le sud de l’Amérique du Sud jeudi. « C’est une dépression qui circule vite, avec du vent froid de 40 nœuds qui vient d’Antarctique, des rafales à 50 nœuds », précise Christian Dumard. Isabelle Joschke (MACSF, 18e), Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e) et Yannick Bestaven (Maître CoQ V, hors course) devraient pouvoir y échapper. En revanche, elle devrait concerner Benjamin Ferré (Monnoyeur - DUO for a JOB, 20e) qui a passé le cap Horn dans la matinée (à 8h47, heure française). « C’est une course contre-la-montre qui est lancée, précise Benjamin dans une vidéo. Plus on est en avance, moins on se fait taper sur la tête. Il y a peut-être un trou de souris à aller chercher mais c’est assez angoissant ».
 

Benjamin Ferré en approche du cap Horn | Vendée Globe 2024

Tandis que Violette Dorange (Devenir, 28e) a assuré qu’elle tente de ralentir en vue de cette dépression à l’approche de l’ultime cap, Guirec Soudée (Freelance.com, 24e), après avoir hésité un temps à mettre le pied sur le frein, préfère poursuivre sa marche en avant. Dès le passage du cap Horn, l’aventurier profitera d’une zone de calme pour monter au mât afin de réparer son J2 et son lazy-jack. Sourires aux lèvres, il a expliqué pourquoi il tenait coûte-que-coûte à continuer sa progression :
 


Je suis content d’en finir avec le Grand Sud et me retrouver dans l’Atlantique. Mais ce cap Horn, il ne se laisse pas passer comme ça ! J’ai 38 nœuds, on annonce des rafales à plus de 50 nœuds, on finit le Pacifique en beauté ! J’ai réfléchi à ralentir comme certains avec la dépression qu’il y a ensuite. Le problème, c’est que tu ne sais pas ce que tu auras comme conditions après… Je préfère avoir deux ou trois cartouches plutôt que d’avoir du vent de face. Il va falloir bien réduire, faire gaffe mais ça fait partie du jeu !

Guirec Soudée
FREELANCE.COM

Dans l’après-midi, l’organisation de course a appris qu’un autre skipper de ce groupe, Éric Bellion (Stand As One – Altavia, 27e) devait faire face à des problèmes techniques. En cause ? Une avarie au niveau de l’axe qui tient l’étai de J2 dans la nuit de dimanche à lundi. Son équipe a tenu à se montrer optimiste, assurant qu’Éric avait « réussi à récupérer toutes les pièces et les réparations sont envisageables ». Une nouvelle péripétie dans cette grande aventure autour du monde. 


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