Nicolas Lunven : « Le doux rêve de faire du bateau et non de la bricole »
PAROLES DE SKIPPER (17/40) : S’il s’est déjà distingué en remportant deux fois l’exigeante Solitaire du Figaro (2009 et 2017) et par ses trois participations à The Ocean Race à l’appel des plus grands marins internationaux (Iker Martinez, Dee Caffari, Boris Hermann), Nicolas Lunven a toujours affirmé sa volonté de participer au Vendée Globe. Malgré son parcours exceptionnel en course au large, le marin aura cependant dû patienter jusqu’en septembre 2023 pour voir le team Holcim PRB lui confier son IMOCA et, par ricochet, son rêve se concrétiser. Sur le papier, le Vannetais affiche toutes les qualités nécessaires pour figurer au plus haut sur le tour du monde. Rigoureux, sérieux et discret, il a notamment la réputation de savoir faire aller très vite les bateaux. Il bénéficie, de plus, de l’un des IMOCA les plus véloces de la flotte, un plan Verdier qui a, par ailleurs, accueilli une nouvelle paire de foils cet été.
Vendée Globe :
Voilà aujourd’hui presque dix ans que tu évolues sur le circuit IMOCA. Il s’agit toutefois de ton premier Vendée Globe. On a presque envie de dire « enfin » !
Je n’aime pas dire « enfin » car le Vendée Globe ne m’est pas dû non plus, mais évidemment que c’est chouette. Je suis très heureux d’être au départ. Je vais me donner à fond pour faire une belle course. De manière factuelle, l’expérience que j’ai pu acquérir sur le support ces dernières années est effectivement une carte en plus, mais je ne suis pas le seul à l’avoir. Je suis content d’avoir déjà eu l’occasion de naviguer dans les mers du Sud lors de The Ocean Race mais je ne repose pas ma préparation là-dessus. J’essaie plutôt d’être concentré sur ce qui arrive devant moi. Un premier tour du monde en solo, ce n’est pas anodin. J’avoue que parfois, le soir avant de m’endormir ou le matin dès que j’ouvre un œil, il m’arrive de prendre mon téléphone et de me mettre une petite note d’un truc qu’il ne faut pas oublier ou d’une chose à voir avec l’équipe technique… preuve que ça cogite un peu.
Vendée Globe :
Preuve aussi que ça reste un défi hors-normes…
Tout à fait. Ce n’est pas quelque chose qui se présente tous les jours. C’est une montagne à gravir. C’est une échéance importante. C’est aussi une aventure. Il y a donc beaucoup de paramètres à gérer et beaucoup de choses à préparer. Il y a des trucs qu’on ne maîtrise pas, même si on essaie autant que possible d’en réduire le nombre. Il y a une part d’inconnue, mais c’est ce qui est sympa aussi.
Vendée Globe :
Selon toi, qu’est-ce qui fait ta force aujourd’hui ?
C’est difficile de répondre à cette question. Je pense que j’ai un bon bateau. Je l’aime bien car il est polyvalent et performant. C’est un bon compagnon de route. J’ai une super équipe qui l’a bien préparé. Je pense que lui et moi, on forme un bon binôme. Je me sens à l’aise à bord. Je pense en avoir bien pris la mesure.
Vendée Globe :
Quels sont les points sur lesquels tu as vraiment mis l’accent lors de ta préparation ?
Sur la préparation technique, pour tendre vers un maximum de fiabilité. On a essayé de pallier tous les problèmes. On sait, bien sûr, qu’il y a une part d’inconnues qu’on ne maîtrise pas. L’idée a été de faire en sorte que cette part soit la plus petite possible. J’ai le doux rêve de faire du bateau et pas de la bricole pendant ce Vendée Globe.
Vendée Globe :
Quelles sont tes ambitions sur la course ?
C’est difficile de donner un chiffre. Je vais faire du mieux que je peux avec ce bateau qui mérite qu’on tire un peu dessus et qu’on l’amène le plus haut possible dans le classement. Tout au long de la préparation, notre objectif a été de se dire qu’avant de parler de résultat sportif, il fallait finir le tour du monde avec une machine en bon état, ou dans le meilleur état possible. Ça a été notre fil conducteur. Je vais chercher avant tout à faire une belle course et si j’arrive à la faire en ayant le moins de galères possibles, ensuite on parlera de classement.
Vendée Globe :
Quelle est la première image qui te vient à l’esprit à l’évocation du Vendée Globe ?
Celle du sauvetage de Philippe Poupon par Loïck Peyron, en 1989. Je n’étais pas bien vieux mais c’est une image qui m’a marqué.
Vendée Globe :
Ton plus beau souvenir de mer ?
Il y en a beaucoup, c’est difficile de faire le tri, mais ce qui reste marqué dans ma mémoire, c’est la course Cap Istanbul en Figaro Beneteau. Elle nous permettait de traverser la Méditerranée, de la France jusqu’à la Turquie en solitaire, avec tout notre matériel à bord. C’était vraiment un super voyage, dans des mers où on ne va pas naviguer souvent.
Vendée Globe :
Ton meilleur moment sur ce bateau ?
J’ai envie de dire le Défi Azimut, en septembre dernier.
Vendée Globe :
Ton rêve le plus fou sur ce Vendée Globe ?
Le gagner.
Vendée Globe :
Le marin qui t’inspire le plus ?
Loïck Peyron. Comme je l’ai dit, j’ai été marqué par le Vendée Globe 1989. Il y avait participé et il faisait déjà le clown à l’époque. J’adorais ses vidéos. J’étais gamin mais son tour du monde était génial à suivre.
Vendée Globe :
Ce que tu fais quand tu ne fais pas de bateau ?
Je ne fais que du bateau ! (Rires)
Vendée Globe :
La chose que tu emmènes toujours en mer avec toi ?
Je n’emmène jamais rien de superflu, en revanche j’embarque beaucoup de chocolat ! Selon moi, le cacao a des vertus thérapeutiques (Rires). En course, j’en consomme énormément. C’est bon pour mon moral ! Heureusement que ce n’est pas considéré comme un produit dopant ! (Rires)