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Leur monde de Nemo

Les trois leaders continuent leur incroyable bataille. Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) a pris une petite avance sur Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e à 47 milles) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e à 73 milles). Ils devront passer le point Nemo, le point le plus éloigné de toute terre, ce vendredi matin. Derrière, chacun sa réalité. Le groupe mené par Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) empanne pour filer plein Est, Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) progressent au près, la bande menée par Isabelle Joschke (MACSF, 17e) file au reaching alors qu’Antoine Cornic (Human Immobilier, 32e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 33e) affrontent encore du vent fort.

COURSE, 19 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau MS Amlin lors de la course à la voile du Vendée Globe le 19 décembre 2024. (Photo du skipper Conrad Colman)
COURSE, 19 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau MS Amlin lors de la course à la voile du Vendée Globe le 19 décembre 2024. (Photo du skipper Conrad Colman)

Dalin retrouve sa marche en avant

« MACIF Santé Prévoyance est de retour à 100% » Dans sa vidéo hier, Charlie Dalin n’annonçait pas seulement qu’il avait résolu ses problèmes de voile. Il rappelait qu’il allait remonter sur le ring et batailler à nouveau. Après les mots, les actes : le Normand a repris les commandes de la course hier après-midi. Et depuis, en étant légèrement plus rapide que ses rivaux, il a pu s’offrir une petite avance. À 15 heures, l’écart était de 47,2 milles devant Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) et 73,7 noeuds sur Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Demain, le trio devrait repasser en bâbord amure, bord légèrement moins favorable à Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e), privé d’un de ses foils.

Néanmoins, les trois devraient dépasser ce vendredi matin le point Nemo. Un passage symbolique puisqu’il s’agit du point de la planète le plus éloigné de toute terre. La première île se situe en effet à plus de 2 600 km et les humains les plus proches sont donc les astronautes de la Station spatiale Internationale, à 400 km au-dessus de l’océan ! L’avarie y est donc particulièrement redoutée puisque les secours mettraient une quinzaine de jours à atteindre les marins par la mer.

Ça cavale chez les poursuivants

Derrière, à 600 milles de là, ça s’active chez les poursuivants. L’anticyclone qui bloquait la bande de Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) remonte vers le Nord. Tous sont mobilisés pour réaliser une aile de mouette (profiter d’une rotation de vent pour changer d’amure), et donc empanner afin de filer vers l’Est. « Ils vont pouvoir accélérer à partir de cette nuit, avec plus de 20 nœuds de vent et une mer plate, assure Basile Rochut, consultant météo. Ils seront derrière un flux de Sud-Ouest, ce sera propice à la haute-vitesse.  À l’arrière de ce groupe, il y a Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef, 11e). La Suissesse a cravaché devant le front ce qui lui a permis d’être la plus rapide. Mais à bord, elle a souffert :


J’ai eu les conditions les plus dures. En plus, j’ai dû faire face à des avaries d’aériens donc je n’avais plus d’informations sur la force et la direction du vent. Tout était difficile, il fallait tenir le coup alors que c’était impossible de freiner le bateau. Je crois que je n’ai jamais fait de bord aussi compliqué en IMOCA.

Justine Mettraux
Teamwork-Team Snef

Des situations météorologiques très variées

La capacité de Justine à rester à l’avant du front lui a néanmoins permis de creuser l’écart avec ses deux poursuivantes. Car désormais, Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) pointent à plus de 800 milles de la Suissesse. Actuellement, le duo progresse au près, bloqué entre une dorsale et un système dépressionnaire. Cette grande zone sans vent concernera bientôt Damien Seguin (Groupe APICIL, 16e) et occupe déjà Romain Attanasio (Fortinet-BestWestern, 15e). « J’ai été arrêté toute la nuit », reconnaît ce dernier.

Un peu plus loin, le groupe mené par Isabelle Joschke (MACSF, 17e), Alan Roura (Hublot, 18e), Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e) et Jean Le Cam (Tout commence en Finistère - Armor-lux, 20e) progresse dans un flux au reaching qui devrait les mener sereinement jusqu’en Nouvelle Zélande. Ils pourraient franchir ce vendredi la latitude de la Tasmanie qui marquera leur arrivée dans l’océan Indien. Par ailleurs, les conditions sont encore très toniques pour Antoine Cornic (Human Immobilier, 32e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 33e) situé plus au Sud. Ça devrait d’ailleurs s’intensifier pour le skipper chinois avec un passage de front prévu samedi et des rafales annoncées jusqu’à 60 nœuds. 

Des galères et « des petits moments de joie »

Personne n’est jamais préservé des soucis techniques après 39 jours de mer. Invitée du Vendée Live, Violette Dorange (Devenir, 25e) a confié être « à fleur de peau » après avoir traversé un grain de 50 nœuds. « Ma bastaque s’est cassée, j’ai vraiment cru que j’allais démâter. C’était très dur moralement », a reconnu la benjamine de la course.

LE 19 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau DeVenir lors de la course à la voile du Vendée Globe le 19 décembre 2024. (Photo du skipper Violette Dorange) travaux
LE 19 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau DeVenir lors de la course à la voile du Vendée Globe le 19 décembre 2024. (Photo du skipper Violette Dorange) travaux

 Mais les nouvelles envoyées par les marins ces dernières heures sont plutôt rassurantes. Tanguy Le Turquais (Lazare, 22e) a ainsi pu reprendre sa course après s’être activé à strater le fond de coque.  De son côté, Louis Duc (Fives Group-Lantana Environnement, 24e) n’a pas chômé non plus après la casse de sa barre de liaison de safran. « J’ai transformé mon cockpit en chantier naval ! Ça m’a pris du temps, de l’énergie, je suis bien cramé… Mais je suis content que le bateau soit reparti et qu’il soit à 100% ! »

Chez Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 36e), les soucis de girouette semblent déjà appartenir au passé. Il progresse désormais dans l’océan Indien sur une route très Nord, non loin de Manuel Cousin (Coup de Pouce, 34e) et Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise, 35e). Surtout, il savoure son aventure sans compter et son plaisir, à l’autre bout du monde, est communicatif :


Tant que je serais sur le Vendée Globe, j’aurais le sourire ! Il n’y a pas de grands bonheurs mais plein de petits : des couchers de soleil, des sensations de glisse du bateau, un bout de chocolat, un bon café dans une chouette tasse, un petit apéro au lendemain d’une montée au mât… Et Noël s’annonce particulier : il y a très peu de personnes qui l’ont vécu en étant skippers du Vendée Globe. C’est une chance énorme

Denis Van Weynbergh
D'IETEREN GROUP

COURSE, 19 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Lazare lors de la course à la voile du Vendée Globe le 19 décembre 2024. (Photo du skipper Tanguy Le Turquais)
COURSE, 19 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Lazare lors de la course à la voile du Vendée Globe le 19 décembre 2024. (Photo du skipper Tanguy Le Turquais)

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