Sébastien Simon : « Mon rêve ultime reste de remporter la course »
Sébastien Simon, l’enfant des Sables d’Olonne, a marqué ce vendredi une page inoubliable de l’histoire du Vendée Globe. À 1h27 du matin, il a franchi la ligne d’arrivée, illuminant la nuit sablaise d’un éclat de gloire. En décrochant une magnifique troisième place, il devient le premier Vendéen à monter sur le podium de cette épreuve mythique. Un succès éclatant pour ce héros local, acclamé avec ferveur sur sa terre natale. Ce tour du monde est bien plus qu’une simple course pour lui : c’est une odyssée jalonnée de records et de défis. Avec 615,33 milles parcourus en 24 heures, le skipper de Groupe Dubreuil a repoussé les limites du possible. Mais sa victoire est avant tout celle d’un homme capable de se relever, même quand le sort s’acharne. La casse de son foil tribord, en plein océan Indien, aurait pu anéantir ses ambitions. Il n’en fut rien. Au contraire, ce coup du destin a révélé la force intérieure d’un marin résilient, prêt à tout pour défendre sa place dans le Top 3. Quatre ans après un abandon au goût amer, à l’ombre du cap de Bonne-Espérance, Sébastien Simon revient en conquérant, prouvant que la ténacité triomphe toujours. Mais pour lui, ce podium n’est qu’une étape. Dans son cœur brûle déjà un rêve encore plus grand : celui de revenir ici, un jour, en vainqueur absolu de cette aventure hors du commun, et d’inscrire son nom tout en haut de la légende du Vendée Globe.
Vendée Globe :
Qu’as-tu ressenti à ton arrivée ?
« L’accueil a été extraordinaire, malgré le froid glacial. Ce moment était incroyable, et j’en garderai des souvenirs impérissables. Tout est passé si vite que j’ai l’impression d’être parti hier. C’est fou comme on oublie les épreuves difficiles, et pourtant, il y en a eu. Mais je me suis battu jusqu’au bout. Ce projet, lancé il y a seulement un an et demi avec le Groupe Dubreuil, a dépassé toutes nos attentes. Leur soutien a été exceptionnel. En un an et demi, nous avons bâti une équipe remarquable. Finir le Vendée Globe était déjà un exploit, mais décrocher un podium en ayant été leader à plusieurs reprises, c’est extraordinaire. Paul-Henri Dubreuil m’a confirmé son soutien pour la prochaine édition, et je suis profondément touché par cette confiance. »
Vendée Globe :
Qu’as-tu éprouvé lors de la remontée du chenal ?
« C’était un moment unique, un tourbillon d’émotions. Je ne suis pas quelqu’un qui aime se mettre en avant, mais là, c’était du pur bonheur. J’ai une seule envie : revenir dans quatre ans pour revivre ces instants magiques. Le départ avait été une claque, mais cette arrivée est une fabuleuse récompense. On ramène un bateau magnifique, même avec un foil en moins. Cette troisième place appartient à toute l’équipe, à mes partenaires, et à ceux qui m’ont soutenu dans les moments difficiles. Je suis incroyablement fier de ce parcours. »
Vendée Globe :
A quoi as-tu pensé ?
« Je suis quelqu’un qui anticipe beaucoup, parfois trop. Mais à cet instant, j’ai juste voulu profiter du présent, de cet incroyable moment. Certes, j’aurais aimé rendre une copie encore plus parfaite, mais une troisième place au Vendée Globe… Qui l’aurait cru ? Je reviendrai dans quatre ans avec des objectifs encore plus ambitieux. Terminer était un rêve, mais mon rêve ultime reste de remporter cette course. »
Vendée Globe :
Hormis la casse de ton foil tribord, d’autres dommages ?
« Oui, j’ai aussi perdu l’ogive de quille dans le Pacifique et les lèvres de quille, ce qui peut être critique car cela met le puits de quille sous pression. Dans l’océan Indien, un de mes réservoirs de gasoil s’est vidé sur quatre de mes six sacs de nourriture. Toute ma réserve était contaminée. Heureusement, j’ai pu récupérer le carburant, mais gérer une nutrition dégradée a été un vrai défi mental. Malgré tout, c’est pour ces épreuves que je fais le Vendée Globe. Cette course a tenu toutes ses promesses et m’a rendu plus fort. Cette troisième place en est la récompense. »
Vendée Globe :
Le Vendée Globe est-il, selon toi une régate planétaire ?
« Absolument. Jusqu’à la casse de mon foil, le rythme était infernal. J’aurais aimé tenir cette cadence jusqu’à l’arrivée, mais les circonstances en ont décidé autrement. Malgré cela, j’ai réussi à conserver une place dans le Top 5, puis à monter sur le podium. Cette édition a atteint un niveau de compétition jamais vu. Dans quatre ans, ce sera probablement encore plus intense. Les équipes se préparent incroyablement bien, et le Vendée Globe est désormais une véritable course au sommet. »
Vendée Globe :
On a le sentiment que tu as tout donné jusqu’au bout, même lorsque tu étais assuré de ta place. Vrai ?
« Ce qui m’anime, c’est le sport et me dépasser sans regrets. J’ai continué à pousser, même quand chaque mille comptait, près du Raz de Sein. Je n’avais plus rien à gagner, mais tout à perdre. L’isolement m’a permis de relâcher un peu la pression et de récupérer, mais jusqu’au bout, je me suis donné à fond. »
Vendée Globe :
Ton record des 24 heures et celui des 65 jours sont-ils battables ?
« Bien sûr, les records sont faits pour être battus. Les bateaux progressent sans cesse, et dans quatre ans, ils iront encore plus vite. Avec une descente de l’Atlantique comme celle d’Armel Le Cléac’h, on aurait pu terminer en 58 jours ! Cependant, aller vite ne rend pas la course plus facile. Maintenir de telles vitesses est mentalement et physiquement éprouvant. À 30 nœuds, le bateau tape fort, et il faut rester concentré. Charlie (Dalin) a su gérer cela brillamment. »