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Le golfe de Gascogne prêt à s’enflammer

Une grosse semaine après les arrivées des trois premiers, qui avaient embrasé les Sables d’Olonne dans une ambiance mémorable, le Vendée Globe continue de captiver. Jérémie Beyou (Charal) ouvrira le bal cette nuit, avec un finish prévu entre 1 heure et 3 heures, lançant ainsi une véritable vague de retours au port jusqu’à la fin du week-end. Les quais promettent une nouvelle fois de vibrer pour accueillir ces héros des mers. La plupart des concurrents, jusqu’à Sam Davies (Initiatives-Cœur), devraient boucler leur tour du monde avant que les conditions - notamment l’état de la mer - ne se dégradent franchement. Boris Herrmann, lui, (Malizia – Seaexplorer) pourrait ralentir son allure en s’approchant du golfe de Gascogne, afin d’éviter la dépression maousse costaud qui menace les derniers milles de son parcours. Et pendant que les regards se tournent vers ces marins sur le point d’achever leur incroyable aventure, Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group), la lanterne rouge de la course, a franchi le mythique cap Horn à 7h39, ce matin. Désormais, toute la flotte est donc de retour dans l’Atlantique. Entre les souvenirs flamboyants d’il y a quelques jours, les dénouements imminents et les péripéties qui continuent pour les autres, l’épreuve prouve encore une fois qu’elle n’est pas qu’une course, mais une saga palpitante. Frissons, stratégies et suspense : le spectacle n’est pas prêt de s’arrêter, ni sur l’eau, ni à Port Olona !

COURSE, 23 JANVIER 2025 : Photo envoyée depuis le bateau Biotherm lors de la course à la voile du Vendée Globe le 23 janvier 2025. (Photo du skipper Paul Meilhat)
COURSE, 23 JANVIER 2025 : Photo envoyée depuis le bateau Biotherm lors de la course à la voile du Vendée Globe le 23 janvier 2025. (Photo du skipper Paul Meilhat)

La dernière ligne droite du Vendée Globe, c’est un peu comme le dernier kilomètre d’un marathon : l’arrivée est là, mais il faut encore éviter de marcher sur ses lacets ou de se prendre une bonne gamelle. La météo, fidèle à elle-même, enchaîne les systèmes comme si elle voulait tester la patience et la ténacité des skippers jusqu’au bout. Personne n’a le droit de se détendre. Pas même pour rêver d’un bain chaud ou d’un bon steak-frites à terre. Entre les pièges de dernière minute, les bateaux à ménager après tant d’efforts partagés, et le classement à défendre bec et ongles, chaque décision compte. Ce n’est pas le moment de perdre le fil. « Il faut rester focus surtout que le chemin est tortueux », a indiqué Jérémie Beyou. Le skipper de Charal continue son avancée dans cette ambiance tendue. Concentré sur ses manœuvres, les yeux rivés sur ses instruments, il décortique chaque variation du vent. Après des semaines d’efforts intenses, son corps réclame du repos, mais il sait qu’il doit rester pleinement lucide. Les derniers milles exigent une vigilance sans faille. « L’enchaînement de cette fin de parcours est vraiment compliqué », a-t-il assuré, presque aussi perplexe qu’un canard devant un lac gelé.

Concentration maximale requise

Il le sait, chaque instant est un test : l’excitation de la fin peut devenir un ennemi, et se projeter trop tôt sur l’arrivée, c’est risquer une erreur. La moindre distraction pourrait anéantir tout ce qui a été accompli jusque-là. Pour atteindre l’objectif, il doit donc rester ancré dans le présent, précis. Transformer l’impatience en contrôle, l’énergie en concentration. Mais l’incertitude persiste, rendant ce sprint final encore plus éprouvant. « La problématique, c’est que depuis deux jours, quasiment aucun modèle météo ne se cale correctement. Il faut donc composer avec le vent tel qu’il se présente sur place », a expliqué le Finistérien. « Je devrais avoir 20 nœuds, mais pour l’instant, j’en ai 15. Je devais empanner dans deux heures, mais finalement, je viens tout juste de le faire… » Cette imprécision, combinée à la pression du classement, l’oblige à rester constamment sur le qui-vive. « Tout cela montre à quel point les prévisions de route sont peu fiables en ce moment. Je pense avoir un peu de marge sur les autres, mais il est hors de question de me relâcher », a-t-il confié. Et pour cause, chaque mille parcouru a son lot de défis. 


Le passage du cap Finisterre n’a pas été de tout repos : le vent s’est soudain renforcé à 35-40 nœuds, rendant la navigation particulièrement intense. Heureusement, cette phase n’a pas duré trop longtemps. Cette nuit, j’ai aussi vraiment galéré à franchir la dorsale, avec un vent hyper irrégulier, oscillant entre 3 et 20 nœuds. Et maintenant, ce sont des empannages à répétition. Jusqu’au bout, je vais avoir du boulot, c’est une certitude !

Jérémie Beyou
CHARAL

Malgré tout, Jérémie Beyou garde son cap.  Il a conscience qu'une (grosse) boulette pourrait relancer ses poursuivants, eux-mêmes propulsés par un flux plus régulier et une trajectoire directe. Dans cette configuration tendue, il lui faut à la fois contrôler son avance et anticiper les chausse-trappes éventuelles.

Ferveur aux Sables d’Olonne, tension en mer

Et cette vigilance constante n’est pas de trop, car derrière, c’est l’effervescence. Pas moins de huit skippers devraient boucler leur tour du monde d’ici la fin de la semaine, transformant le golfe de Gascogne en une sorte de périphérique parisien un soir de grand départ. Mais ici, pas de klaxons ni de ralentissements : seulement un vent qui se renforce, des vagues de plus en plus féroces, et des solitaires qui jouent des coudes dans ce sprint final. Aux Sables d’Olonne, c’est déjà l’ébullition. Les quais se préparent à accueillir les marins à toute heure, qu’ils débarquent sous les étoiles ou au lever du jour. Les plus intrépides, enveloppés comme des esquimaux, se posteront sur les quais pour acclamer les skippers au cœur de la nuit, tandis que les lève-tard profiteront de l’option "petit-déjeuner avec arrivée en direct", café fumant et croissant à la main. Le chenal, quant à lui, promet d’être un véritable spectacle : entre embruns, feux de Bengale et cris d’encouragement, l’ambiance s’annonce électrique. Mais sur l’eau, la fête n’est pas encore au programme. Chaque mille est un combat. Les pointages restent mouvants et les navigateurs doivent rester aussi éveillés qu’un hibou sous caféine. Le moindre faux pas pourrait redistribuer les cartes à la dernière minute. Une chose est sûre : les spectateurs, comme les marins concernés, vivront ces dernières heures avec le souffle coupé.


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