Il y a deux organes principaux dans une station polaire : la salle commune et la centrale énergétique. Du moins c'est ce que pense Justin Sargenti, un architecte fasciné par les stations polaires d'Antarctique. Après en avoir visité plusieurs, il rédige sa thèse sur leur organisation spatiale. Selon lui, l'environnement de la base française Dumont-d’Urville est si hostile que le bâtiment de vie constitue un point vital. Lorsque des vents catabatiques déferlent, la visibilité devient nulle. Si quelqu'un se trouve à l'extérieur, des fils d'Ariane tracent une voie sûre jusqu'au cœur de la station. Un peu comme les lignes de vie auxquelles les skippers s'attachent pour circuler sur le pont et revenir dans le cockpit.
Plus haut, au sommet de l'Antarctique, par exemple à Concordia, la température est si basse en hiver que le générateur fonctionne sur le fil. S'il s'arrête et ne redémarre pas dans les 24 heures, le mécanisme gèle. Dans ce cas, il faut évacuer la station et rejoindre un camp de survie. La production d'énergie est vitale dans cet environnement, inaccessible aux secours en hiver. La chambre du chef mécanicien est reliée à la centrale électrique par des alarmes, et il veille sur la machine en permanence. Les alarmes et les vérifications régulières… c'est aussi le lot du skipper en solitaire. « Le quotidien d'une station est très codifié, avec un planning précis », remarque Justin Sargenti.