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À la découverte des stations polaires, bases des expéditions scientifiques

Alors que les skippers ont lancé leur tour de l'Antarctique, partez à la découverte de ceux qui y habitent. Une station polaire est un vaisseau immobile qui traverse le temps pour étudier son environnement.

Dumont d'Urville
© Samuel Blanc / Institut polaire français

Il y a deux organes principaux dans une station polaire : la salle commune et la centrale énergétique. Du moins c'est ce que pense Justin Sargenti, un architecte fasciné par les stations polaires d'Antarctique. Après en avoir visité plusieurs, il rédige sa thèse sur leur organisation spatiale. Selon lui, l'environnement de la base française Dumont-d’Urville est si hostile que le bâtiment de vie constitue un point vital. Lorsque des vents catabatiques déferlent, la visibilité devient nulle. Si quelqu'un se trouve à l'extérieur, des fils d'Ariane tracent une voie sûre jusqu'au cœur de la station. Un peu comme les lignes de vie auxquelles les skippers s'attachent pour circuler sur le pont et revenir dans le cockpit

Plus haut, au sommet de l'Antarctique, par exemple à Concordia, la température est si basse en hiver que le générateur fonctionne sur le fil. S'il s'arrête et ne redémarre pas dans les 24 heures, le mécanisme gèle. Dans ce cas, il faut évacuer la station et rejoindre un camp de survie. La production d'énergie est vitale dans cet environnement, inaccessible aux secours en hiver. La chambre du chef mécanicien est reliée à la centrale électrique par des alarmes, et il veille sur la machine en permanence. Les alarmes et les vérifications régulières… c'est aussi le lot du skipper en solitaire. « Le quotidien d'une station est très codifié, avec un planning précis », remarque Justin Sargenti. 

dumont d'urville
© Justin Sargenti

La mission sociale est l'une des plus importantes, il faut être capable de s'entendre avec tout le monde, même si ce n'est pas toujours facile. « L'organisation de l'espace doit être pensée en amont de la construction », explique l'architecte. « Cela permet de séparer les espaces intimes des espaces communs. » Quand quelqu'un a besoin de calme ou d'intimité, il cherche un endroit approprié. Les chambres sont parfois partagées, sinon il y a du bruit autour. Le salon est parfois occupé. Il faut alors s'approprier un espace, en quelque sorte délimiter un territoire. « Si les espaces sont trop petits et mal adaptés, cela peut créer des conflits », assure-t-il. 

À Dumont-d’Urville, une petite cabane isolée sur un promontoire de la baie est dédiée aux appels en visio avec la famille et les proches. "On dirait une cabane de pêcheur", décrit Justin Sargenti. « On peut aussi trouver de l'intimité dans le paysage ». Concordia se sépare en deux tours : une tour calme et une bruyante. Les bâtiments sont également séparés pour forcer les occupants à se déplacer et s'oxygéner, nous assure l'expert.

Base Dumont-d'Urville
© Justin Sargenti

L'utilisation de l'espace est en perpétuelle évolution. Chaque année cela change. L'été, des scientifiques installent leurs instruments, pendant qu'un autre programme s'achève. « C'est un peu comme une galaxie, il y a la salle commune au centre de la station. Autour, des tas de lieux constituent des systèmes solaires et des planètes », explique l'architecte. L'Institut polaire français construit en ce moment un second camp de secours à Concordia. En 2022, un nouveau laboratoire de glaciologie est arrivé à Dumont-d’Urville dans un conteneur. Les gens changent, le plan se modifie. C'est un peu comme pour certains IMOCA du Vendée Globe, sur lesquels a été ajouté un instrument de mesure scientifique de l'océan. 

Assurer une présence dans cette partie du globe est un défi en soi. Les scientifiques et le personnel de la base doivent s'activer dans les salles de sport quand l'extérieur est tourmenté par le mauvais temps. Les skippers ne manquent pas d'exercice, mais plutôt de repos. Les cuisines et les repas rythment le quotidien. Les marins endossent toutes les casquettes, et peuvent compter sur leur équipe à terre ainsi que sur une bonne préparation. Dans le froid, on mange beaucoup plus. Au même titre, une station polaire ne doit manquer de rien. Les skippers nous l'ont dit, ils prévoient un repas supplémentaire lorsqu'ils naviguent dans les mers du sud. 

Base Dumont-d'Urville
© Justin Sargenti

« Hurlant, rugissant, déferlant, les noms des parallèles sont directement liés aux ressentis », souligne Justin Sargenti. Même après de longs mois sur la glace, ils se font sentir sur l'Astrolabe, alors que le personnel revient progressivement vers Hobart dans le sud de l'Australie. À moins qu'il rentre en avion au départ de la piste glacée de Wilkins. Auquel cas les membres de l'expédition atterrissent directement sur un aéroport international, avec sa foule, ses panneaux lumineux et ses escaliers roulants. 


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