Six jours de course, 1 600 milles parcourus (2960 km) et plus du tiers de la flotte qui se tient dans un rayon de 150 milles ! Il faut parfois se frotter les yeux, à regarder la cartographie et à s’habituer à ce scénario si atypique. Et ce que les météorologues et les spécialistes essaient de décrypter depuis la terre s’apparente, en mer, à une guerre des nerfs permanente ou à une étape de la Solitaire du Figaro dont l’arrivée a lieu dans plus de deux mois. Les raisons de cette situation ? Encore et encore ces grandes zones de molle (vent faible) qui barrent la route de la tête de flotte, ce qui a engendré un regroupement général depuis hier. Désormais, tous tentent de trouver la meilleure façon de s’en sortir et de s’échapper vers le Sud, sans avoir aucune certitude.
Trois options et beaucoup d’incertitudes
« Ça fait six jours qu’on est en course, c’est une régate planétaire et nous sommes tous à égalité, savoure Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) aux vacations. On vit presque un nouveau départ ». « Les vitesses vont faire du yo-yo, poursuit Christian Dumard, consultant météo du Vendée Globe. Ils avancent, butent dans la molle, avancent à nouveau, butent encore… Il va y avoir beaucoup de changements de rythmes, des manœuvres, la journée sera stressante à coup sûr ». Louis Burton (Bureau Vallée) ne dit pas autre chose : « c’est le ciel qui décide de notre sort, il faut profiter de chaque risée ».
Pour bien comprendre la situation, il convient de diviser la tête de flotte en trois groupes : les audacieux de l’Est, les fonceurs de l’Ouest et les partisans du milieu. Les audacieux de l’Est, ce sont Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor-lux) suivi par Conrad Colman (MS Amlin). Cette stratégie audacieuse a permis au Roi Jean de prendre les commandes de la course la nuit dernière. « Qui ne tente rien n’a rien » disait-il hier. Au fil de la journée, Jean semblait bénéficier de conditions plus légères, ce qui l’a obligé à refaire une route plus Ouest. « Bien sûr qu’on regarde l’option de Jean, ça va être intéressant de voir s’il s’en sort », confiait ce matin Giancarlo Pedote (Prysmian).