Kojiro Shiraishi : « Chaque tour du monde est une nouvelle aventure »
Kojiro Shiraishi réalise un exploit remarquable en terminant son deuxième Vendée Globe, devenant ainsi le premier marin asiatique à accomplir deux tours du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Originaire de Kamakura, au Japon, il porte fièrement ses racines dans une discipline largement dominée par les skippers européens, démontrant que la passion de la mer dépasse toutes les frontières. Cette aventure, jalonnée de défis constants, témoigne de sa ténacité et de son expérience. Dès les premiers milles, il doit composer avec un mal de mer persistant et des avaries techniques qui freinent son début de course. Mais il ne renonce jamais : il s’adapte, répare et poursuit sa route, déterminé à ne pas laisser les échecs du passé le rattraper. Il termine à la 24e place, fier d’avoir dompté les océans et surmonté chaque obstacle avec brio. Le skipper de DMG MORI Global One incarne parfaitement l’esprit de la course : persévérance, courage et une résilience sans faille. Par sa détermination exemplaire, il prouve que les limites sont faites pour être repoussées. Ses premières impressions.
![LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 09 FEVRIER 2025 : Le skipper de DMG MORI Global One Kojiro Shiraishi (JAP) est photographié après avoir pris la 24ème place du Vendée Globe, le 09 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Olivier Blanchet / Alea)](/sites/default/files/styles/article_header_desktop/public/imported_img/2025/02/67a8c730bc04b.jpg.webp?itok=V349WBJk)
Vendée Globe :
Que ressens-tu en ayant bouclé ton deuxième Vendée Globe ?
![Kojiro Shiraishi](/sites/default/files/styles/thumbnail/private/2024-05/_PSB_CALAGE_0033s_0000s_0001_Shiraishi.png.webp?itok=d0dmV_qc)
Merci d’être aussi nombreux pour m’accueillir aujourd’hui ! Le ciel est gris, mais l’enthousiasme et le plaisir sont bien là ! Chaque fois que je prends le départ du Vendée Globe, je ne sais jamais vraiment ce que je viens y chercher. Mais à chaque édition, je trouve des réponses à mes questions et je comprends pourquoi j’y participe. Cela me pousse à tout donner.
Vendée Globe :
Avant le départ, tu disais que la mer teste les marins constamment. Que t’a-t-elle appris cette fois-ci ?
C’était ma troisième participation au Vendée Globe. Il y a quatre ans, à cause de la pandémie de Covid-19, on n’avait pas pu se préparer comme on l’aurait voulu. J’avais cassé ma grand-voile au milieu de la course, mais malgré tout, j’avais réussi à finir. Pour cette édition 2024, nous avons eu dix courses de qualification et d’entraînement qui nous ont permis d’arriver bien mieux préparés. Cependant, mon bateau était très inconfortable. Je crois que Jean Le Cam a trouvé la bonne solution avec les bateaux à dérives, car ils sont bien moins violents. Naviguer sur un foiler à mon âge a été très difficile et physiquement éprouvant. Je termine fatigué, mais très heureux d’avoir réussi ce tour du monde.
Vendée Globe :
Si tu devais définir le Vendée Globe en trois mots ?
Grandeur, challenge et amitié !
Vendée Globe :
Penses-tu que tes participations ont contribué à populariser la course au Japon ?
Cette fois-ci, tous les vendredis soir, un live était diffusé sur une chaîne de télévision nationale au Japon. Cela a permis de faire parler de la course dans mon pays. Comparé à mes précédentes participations, j’ai vu un réel engouement. Pour preuve, lors de la prochaine Mini Transat cet automne, trois jeunes skippers japonais seront au départ.
Vendée Globe :
Comment as-tu vécu la fin de la course et la navigation sur ton bateau ?
La portion la plus difficile a été celle entre le cap Horn et l’arrivée aux Sables d’Olonne. C’était très long et éprouvant. Nous pratiquons un sport où l’on évolue au cœur de la nature, et il est difficile de toujours faire les bons choix. J’ai navigué en me fiant à mon ressenti et à mon instinct, ce qui m’a permis de construire ma stratégie. Par exemple, vers la fin du parcours, j’avais d’abord choisi une route vers le nord, mais je n’avais pas un bon pressentiment. J’ai donc changé de cap pour une route plus directe, et cela a payé.
Vendée Globe :
Parmi les avaries, comme le dessalinisateur, l’hydrogénérateur ou les problèmes de quille et de panneaux solaires, qu’est-ce qui a été le plus dur à gérer ?
C’était la cinquième fois que je faisais un tour du monde, et à chaque fois, les problèmes sont différents. C’est ce qui rend cet exercice unique et passionnant. C’est aussi ce qui m’empêche de m’en lasser : chaque tour est une nouvelle aventure.
Vendée Globe :
Tu avais un temple à bord de ton bateau, c’est vrai ?
Oui, j’ai invoqué sept dieux pour avoir du bon vent ! Il y a un proverbe au Japon qui dit que si l’on jette un noyau de prune salée à la mer, on peut attirer le vent. Je crois que ça a bien fonctionné !
Vendée Globe :
As-tu pris du plaisir pendant ces 90 jours de course ?
Oui, énormément. Je ne suis pas un régatier, je suis un aventurier. Mon objectif principal a toujours été de terminer la course. Ce qui est magique avec le Vendée Globe, c’est la diversité des profils des participants. Par exemple, Violette a presque l’âge de ma fille. Ce n’est pas seulement une course, c’est une épreuve où l’on se bat contre les éléments, et cela la rend unique et épanouissante. Ce qui fait la magie de cette course, c’est l’engouement du public. Il est là pour les premiers, ceux qui arrivent après moi, les derniers, et même ceux qui ont abandonné. Chacun de nous revient avec une histoire différente, et c’est cette richesse qui fait la grandeur du Vendée Globe.
![LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 09 FEVRIER 2025 : Le skipper de DMG MORI Global One, Kojiro Shiraishi (JAP) et la skipper de DeVenir, Violette Dorange (FRA) sont photographiés sur scène après avoir pris les 24ème et 25ème places du Vendée Globe, le 09 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Anne Beauge / Alea)](/sites/default/files/styles/image_desktop/public/imported_img/2025/02/67a8a71dbcbef.jpg.webp?itok=YFvzvcG7)