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« Ici, le Vendée Globe n’est pas un événement, c’est une religion »

Dans le Département qui lui a donné son nom, le Vendée Globe est bien plus qu’une course au large : c’est une affaire de fierté, de partage, et d’émotions. Cette dixième édition, inédite en termes d’affluence et de médiatisation, a animé l’hiver des Vendéens, qui ont vibré aux côtés des marins et constaté avec fierté que « leur » événement rayonne désormais bien au-delà de leurs frontières, rassemblant des passionnés aux quatre coins du monde.

LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 10 NOVEMBRE 2024 : La foule est photographiée dans le chenal avant le départ du Vendée Globe, le 10 novembre 2024 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Bernard Le Bars / Alea)
LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 10 NOVEMBRE 2024 : La foule est photographiée dans le chenal avant le départ du Vendée Globe, le 10 novembre 2024 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Bernard Le Bars / Alea)

C’était un rendez-vous professionnel comme il en a chaque mois ou presque, avec un client potentiel - « que j’avais vraiment envie de convaincre de travailler avec nous ». Alors Vincent, 43 ans et commercial dans le BTP, fait le déplacement jusqu’à Francfort. Nous sommes début décembre, les premiers échanges sont à l’image du temps : glacial. Jusqu’à ce que le chef d’entreprise l’interroge sur son lieu de résidence. « J’ai dit : un village à côté des Sables d’Olonne, au Sud de la Bretagne, parce qu’en général les étrangers connaissent mieux ça que la Vendée. Il m’a répondu : « Ah, mais incroyable, je suis un grand fan de Boris Herrmann ! » Et on s’est mis à parler Vendée Globe pendant trente minutes, c’était dingue. » 

Vincent repart ce jour-là avec un contrat signé, puis plusieurs mails par semaines pour échanger sur la course, et une certitude : « le Vendée Globe, ce n’est plus qu’un événement sportif, c’est devenu un genre d’atout magique pour notre territoire, qui ouvre beaucoup de portes ».

« Offrir un peu de notre bonne humeur de Vendéens ! »

Cette dixième édition a montré toute la puissance du rassemblement public, mais aussi le savoir-faire vendéen en termes d’événementiel. Bénévole à l’année aux Sables d’Olonne et réquisitionnée sur le village du Vendée Globe pour la quatrième édition successive, Colette, 74 ans, n’aurait raté pour rien au monde le rendez-vous. Devenue la coqueluche de Tiktok avec son amie Gisèle et son trafic de cartes Panini, la native de Port Olonna, qui travaillait auparavant au conseil général, se dit « impressionnée mais pas surprise » par la montée en puissance de la course. « Ça attire, c’est comme un aimant, c’est tellement grandiose ! Et ce qui me surprend toujours, c’est la patience des gens, qui font parfois deux heures de queue pour aller sur le ponton, alors même qu’ils viennent parfois de très très loin. Mais il y a un tel sentiment de joie partout , ça doit être contagieux », raconte la retraitée.

Est-ce là une partie du secret de ce succès ? « La bonne ambiance oui, c’est sûr que c’est l’ingrédient principal. En tant que bénévoles on prend beaucoup de plaisir, on rit beaucoup, et on est fiers d’offrir un peu de notre bonne humeur de Vendéens, qui n’est pas une légende ! », s’enthousiasme la septuagénaire, qui promet d’être là dans quatre ans « si ma santé le permet. Mais je suis comme les marins, j’ai bien récupéré depuis leur arrivée ! »

LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 2 NOVEMBRE 2024 : Les bénévoles sont photographiés au centre d'accréditation lors du pré-départ du Vendée Globe, le 2 novembre 2024 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Anne Beauge / Alea) Giselle et Claudette, dites "les Claudettes", sont inséparables. Depuis 2012, elles sont présentes sur le Vendée Globe, et la plupart du temps à la billetterie.
LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 2 NOVEMBRE 2024 : Les bénévoles sont photographiés au centre d'accréditation lors du pré-départ du Vendée Globe, le 2 novembre 2024 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Anne Beauge / Alea) Giselle et Claudette, dites "les Claudettes", sont inséparables. Depuis 2012, elles sont présentes sur le Vendée Globe, et la plupart du temps à la billetterie.

« Ca a créé des jaloux »

Pendant les trois mois de la course, le Département a vécu en effet « comme eux », au rythme si particulier de cette course autour du monde. Dans les bars, les écoles, les maisons de retraite, les grandes surfaces, les noms de Clarisse Crémer, Yoann Richomme ou Samantha Davies sont devenus si familiers, qu’ils « faisaient partie du quotidien », raconte Marie Bernard, commerçante à la Roche-sur-Yon. Elle qui a constaté « plus de fréquentation » dans son commerce d’habillement, a surtout l’impression « que les mois sont passés plus vite, parce qu’on avait toujours des choses à commenter avec les clients, avec les voisins, avec les amis ».

Et avec les enfants ! C’est peu dire que ses deux filles, respectivement scolarisées en CE1 et en 6ème, ont suivi assidûment la course… « Ca a créé des jaloux parmi les cousins, qui sont en région parisienne et les enviaient de pouvoir aller à l’arrivée de Violette (Dorange, ndlr). Pour une fois, je suis tellement contente que ce soient elles qui puissent frimer parce qu’un truc incroyable se passe près de chez elles », se réjouit la mère de famille.

Le succès de l’enfant du pays

« Ça fait du bien à l’image de notre région », explique Dimitri, 23 ans, alternant en marketing. D’ailleurs, le jeune homme, originaire de Luçon, a vécu « un vrai moment de fierté vendéenne en allant à l’arrivée de Sébastien Simon ».

Car pour les Vendéens, c’est bien sûr aussi cette belle troisième place de l’enfant du pays, premier local à atteindre le podium sur un Vendée Globe, qui aura marqué cette dixième édition du tour du monde sans escale et sans assistance. « Franchement, c’était aussi fou qu’une finale de coupe du monde de foot, il y avait une ambiance incroyable alors qu’il faisait nuit et qu’on se les gelait », raconte Dimitri, qui a « beaucoup ri, et bien perdu sa voix » dans le désormais célèbre « virage Sébastien Simon ». Lui qui est plutôt « un mec de la terre, qui n’a jamais mis les pieds sur un bateau », a compris ce jour-là pourquoi « le Vendée Globe ici, ce n’est pas qu’un événement, c’est une religion ».

« Chez nous, la mer, c’est pas qu’un décor de carte postale.», renchérit Françoise, ancienne enseignante à Fontenay-le-Comte, qui a suivi elle aussi le Vendée Globe chaque jour. « Elle prend des gens. Elle en ramène aussi. Quand un skipper remonte le chenal, on a tous les yeux humides, même les plus taiseux. Et surtout, je crois qu’ici, on aime bien les gens un peu fous, capables de beaucoup travailler pour réaliser leur rêve. » 

LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 17 JANVIER 2025 : Sébastien Simon (FRA), skipper de Groupe Dubreuil, est photographié dans le chenal après avoir pris la 3e place du Vendée Globe, le 17 janvier 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Vincent Curutchet / Alea)
LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 17 JANVIER 2025 : Sébastien Simon (FRA), skipper de Groupe Dubreuil, est photographié dans le chenal après avoir pris la 3e place du Vendée Globe, le 17 janvier 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Vincent Curutchet / Alea)

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