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Dré dans l’pentu !

La flotte du Vendée Globe a profité de la troisième nuit de course pour chausser les skis, et se lancer tout schuss dans une grande descente le long des côtes portugaises, dans un vent encore soutenu. Non sans quelques frissons au passage !

12 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau MACSF lors de la course à la voile du Vendée Globe le 12 novembre 2024. (Photo du skipper Isabelle Joschke)
12 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau MACSF lors de la course à la voile du Vendée Globe le 12 novembre 2024. (Photo du skipper Isabelle Joschke)

Après les grandes cogitations du Cap Finisterre, la troisième nuit des solitaires a eu le mérite de leur faire se poser un peu moins de questions ! La feuille de route était claire : une descente au portant, poussée par un alizé portugais puissant, tout en commençant à mettre un peu d'Ouest dans son cap pour anticiper le coup d’après, car le Vendée Globe se joue rarement par la côte marocaine !

Les leaders de la flotte l’ont d’ailleurs bien compris, à commencer par le très inspiré Yoann Richomme (Paprec Arkea) qui, à la faveur d’un recalage occidental mardi matin, a ravi dans la nuit la première place à Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sam Goodchild (VULNERABLE), désormais au coude-à-coude. Si l’on avait encore un doute, ces trois-là ne sont assurément pas venus pour acheter du terrain !

La “petite plaisanterie” de Nicolas Lunven

Derrière, les chevaux sont aussi lâchés à bord de Bureau Vallée (Louis Burton) et Maître CoQ V (Yannick Bestaven), qui se sont livrés un intense duel au coucher du soleil, avant de se séparer en bons termes ! Plein gaz aussi pour HOLCIM-PRB, le plus rapide de la flotte avec 23,7 nœuds de moyenne en début de nuit ! Seul sur son côté du plan d’eau, le skipper Nicolas Lunven revient sur son placement atypique : 


J’ai choisi une option un peu différente pour le passage du Cap Finisterre, globalement je pense que ça va me faire perdre un peu. C’est un peu con, mais je ne voulais vraiment pas prendre de risque ! J’ai fait une option plus sage mais un peu perdante !

Nicolas Lunven

HOLCIM - PRB

Une légère frustration qui s’explique aussi par « une petite plaisanterie qui a duré quelques heures », relate le marin breton. « J’ai un bout qui s’est pris sous le palonnier de safran tribord et donc ça a fait déchausser le palonnier de son logement, ça l’a un peu arraché. Je m’en suis rendu compte assez vite parce que, tout de suite, le bateau n'était plus barrable... ça m’a valu d’ailleurs un petit départ au tas, mais comme le safran tribord n’était plus opérationnel j’ai mis un peu de temps à récupérer la situation ! »

Après avoir sorti la caisse à outils, Nicolas Lunven s’est donc retrouvé, voiles roulées et bateau arrêté, « à califourchon sur le tableau arrière, c’était pas le plus confortable parce qu’il y avait quand même 20-25 nœuds et un peu de mer ! »

COURSE, 12 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau GUYOT Environnement - Water Family lors de la course à la voile du Vendée Globe le 12 novembre 2024. (Photo du skipper Benjamin Dutreux)
COURSE, 12 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau GUYOT Environnement - Water Family lors de la course à la voile du Vendée Globe le 12 novembre 2024. (Photo du skipper Benjamin Dutreux)

Car si le programme stratégique des dernières heures était un peu plus lisible, les petits bobos, eux, s’accumulent. D’autant que le vent continue de souffler fort sur la flotte. Un spi dans l’eau pour Guirec Soudée (Freelance.com) - et heureusement une pizza pour se remettre de ses émotions - ou encore des soucis de lazy jacks, ces précieux cordages qui permettent de maintenir en place la grand-voile,  pour Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group).

« faire plein de choses, mais pas ce qu’il fallait »

Et il n'y a pas que le matériel qui souffre, après ces longues journées à manœuvrer, et ce tempo du large encore difficile à trouver. C’est d’ailleurs avec un peu de frustration qu’Isabelle Joschke le constatait au milieu de la nuit :


Ce début de Vendée Globe n'a pas été facile facile à bord de MASCF, j’ai eu un peu l’impression de faire plein de choses, mais pas ce qu’il fallait ! En gros, j’étais dessus tout le temps, mais plutôt en me compliquant les choses au lieu de les simplifier ! Ca m’épuisait et du coup je ne naviguais pas vite... Je me rends vraiment compte que c’est ce truc des premiers jours de Vendée Globe que déjà la dernière fois j’avais trouvé impressionnant. Il y a quelque chose de tellement différent par rapport à une transat qu’il y a forcément un moment d’adaptation ! J’ai besoin de me mettre au rythme de cette course qui est très particulier, et clairement pour l'instant je suis passée à côté... C’est un peu frustrant !

Isabelle Joschke

MACSF

Faire le deuil de son début de course rêvé, ce n'est pas facile à avaler ! Mais, toujours aussi philosophe, la navigatrice franco-allemande, dont une voile déchirée l'a obligée à une périlleuse opération de sécurisation, réussissait à positiver : « Malgré tout ça, je suis super contente d’être là ! C’est pas du tout comme il y a quatre ans où j’étais beaucoup plus stressée à l’idée de tout ce qui pouvait se passer derrière, je suis quand même beaucoup plus cool ! Et surtout je sais que la route est encore longue ! »

Et cette route, qui prendre bientôt la direction des Canaries à la recherche des alizés, devrait être progressivement un peu moins ventée. De quoi, enfin, grappiller un peu de repos, pour mieux repartir au combat !


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