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Records à corps

Voilà, s’il restait encore un petit doute, on en est désormais complètement certains : il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Enfin si, justement ! Comme ils veulent tous se rattraper mutuellement, sauf le leader Charlie Dalin qui veut lui rattraper sa revanche du Vendée Globe 2020, on obtient cette nuit en tête de flotte une pluie de records façon mousson tropicale !

24 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Fives Group - Lantana Environnement lors de la course à la voile du Vendée Globe le 24 novembre 2024. (Photo du skipper Louis Duc)
24 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Fives Group - Lantana Environnement lors de la course à la voile du Vendée Globe le 24 novembre 2024. (Photo du skipper Louis Duc)

On serait sur l’autoroute, on s’inquiéterait de savoir si tous leurs disques de freins ont lâché simultanément ! Non mais quelle mouche les a piqués ? La page « statistiques » de notre cartographie a rarement connu une telle activité, elle en est toute épuisée de sa nuit, à deux doigts de poser une RTT… Figurez-vous seulement : le 20 novembre, Yoann Richomme (Paprec Arkea) brisait le record de distance en monocoque en solitaire sur 24 heures avec 551,4 milles parcourus (1022 kilomètres), déjà amélioré quelques jours plus tôt par Nicolas Lunven (Holcim-PRB). On applaudissait à tout rompre en se gargarisant de l’exploit, et voilà que cinq jours plus tard, ils sont six bateaux à exploser ce nouveau record ! Six ?! Imaginez tous les coureurs d’une finale de 100 mètres faire voler en éclats le meilleur chrono du monde, tout simplement…

« La survie se passe bien »

Malheureusement, et même si la tête de flotte de cette dixième édition du Vendée Globe la mérite haut la main, il n’y a pas de performances collectives homologuées dans un record de vitesse. A la fin, il n’en restera bien qu’un. Alors qui est le plus pressé de ces empressés ? A l’heure où nous écrivons ces lignes (un peu trop) matinales, c’est bien Yoann Richomme qui conserve sa timbale, avec 579,86 milles parcourus en 24 heures. Soit 1073,9 kilomètres, ou plutôt un Dunkerque-Marseille pour faire plaisir au Nordiste Thomas Ruyant (VULNERABLE), qui s’amusait cette nuit de ces affolements de compteur, signant lui-même la deuxième meilleure performance avec 568.35 milles (1052,58 km) :
 


Le match est hyper serré, tout le monde va vite, la flotte est vraiment impressionnante ! On est tous là en une centaine de milles, en IMOCA c’est que dalle ! Je viens de faire une petite pointe à 32 nœuds là, j’ai l’impression d’être un petit animal dans cette coque qui va à Mach 12 ! Mais la survie se passe bien !

Thomas Ruyant

VULNERABLE

Car oui, il faut bien réaliser que cette inédite accélération ne va pas sans conséquences pour les marins-astronautes propulsés dans leur fusée. A quoi ressemble le quotidien à bord dans ces conditions ? « On vit un peu accroupi, à se tenir, assis, allongé, à faire extrêmement attention parce que le bateau a parfois des mouvements et des réactions un peu inattendues à cause de l’état de mer, expliquait Thomas Ruyant. On se fait bien secouer, mais en même temps on s’habitue à tout ! Je prends le pli et le rythme des conditions du moment, qui sont quand même sympa ! Moralement ça va bien, physiquement j’arrive à bien dormir malgré les conditions donc je suis content, ce n’était pas forcément le cas au début de ce bord mais on s’habitue, le corps est bien fait ! »

Pourtant promis, les dix-sept solitaires - de Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) à Damien Seguin (groupe Apicil) qui se sont échappés dans cette queue-leu-leu infernale ne font pas exprès de battre ces records, nous racontait le skipper de VULNERABLE, bien calé en deuxième position : 
 


On ne va pas vite pour faire le record mais surtout pour essayer de garder la position idéale avec cette dépression, on ne sait pas ce que donnera la suite mais en tous cas si on peut la garder le plus longtemps possible, c’est bien, on se rapproche de l’objectif et des Mers du Sud.

Thomas Ruyant

VULNERABLE

24 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Fives Group - Lantana Environnement lors de la course à la voile du Vendée Globe le 24 novembre 2024. (Photo du skipper Louis Duc)
24 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Fives Group - Lantana Environnement lors de la course à la voile du Vendée Globe le 24 novembre 2024. (Photo du skipper Louis Duc)

« Nous, on va avoir les miettes »

Cet objectif, ils l’ont aussi bien en tête, les marins du deuxième paquet relégués désormais quelque 800 milles derrière… Mais avec plus de 10 nœuds de moyenne en moins, forcément, il se rapproche moins vite ! Un constat qu’aborde avec philosophie le skipper Louis Duc (Fives Groupe – Lantana Environnement) : 


On a une belle dépression qui va emmener nos camarades à foils bien propulsés vers les Mers du Sud, et nous on va avoir les miettes de leur dépression, on va devoir longer le front le long des côtes brésiliennes !

Louis Duc

Fives Group - Lantana Environnement

Alors, gardant en tête, comme dirait Philippe Labro, qu’« il ne faut pas Il ne faut jamais aller plus vite que sa vitesse », le bizuth du Vendée Globe, qui semble avoir un peu de répit sur le « quota emmerdes » profite de l’instant, des « conditions paradisiaques hormis la chaleur qui est un peu dure à vivre pour un Normand » : 


J’ai toujours un petit moment de plaisir le soir à regarder le coucher de soleil dans le cockpit, les couleurs sont magiques, c’est extraordinaire, donc je prends mon petit thé devant la mer, c’est génial. J’essaie de garder toujours une belle vitesse, je suis assez attentif à ça. Mais je fais ma route, je ne me préoccupe pas trop des autres pour l’instant, mon objectif c’est de garder du vent au maximum, je vais essayer de travailler pas mal avec les images satellite et faire au mieux pour limiter la casse !

Louis Duc

Fives Group - Lantana Environnement

Difficile pourtant de ne pas déjà commencer à songer la suite, comme si cet Atlantique Sud n’était pour tous qu’un passage obligé avant d’entrer dans le cœur du sujet…  A l'unisson avec ses petits camarades à dérives droites, menés par Jean Le Cam (Tout Commence en FInistère - Armor-Lux, 19e), tous commencent déjà à anticiper : 


Les Mers du Sud, c'est un peu ça maintenant mon obsession, maintenant qu'on commence à dépasser les latitudes qu'on connaît déjà. Peut-être qu’une fois là-bas je ne dirai plus ça, mais en tous cas là j’ai hâte d’aller découvrir ces paysages, ces mers, ces longues houles !

Louis Duc

Fives Group - Lantana Environnement


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