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Dans l'assiette des skippers

Puisque aucun détail n’est négligé avant de s’élancer autour du monde, les provisions embarquées en matière de nourriture font l’objet d’une attention particulière. Plats lyophilisés, appertisés, snacks, douceurs… Entre les goûts et les techniques de préparation, rien n’est laissé au hasard pour tenir pendant trois mois. Explications avec Jérémie Beyou (Charal), Alan Roura (Hublot) et Manuel Cousin (Coup de Pouce).

Jérémie Beyou et la gamme Charal Sport
Jérémie Beyou et la gamme Charal Sport
© Marin Le Roux / Polaryse / VG2024

Tous les marins du Vendée Globe pourraient s’approprier un slogan pour une marque de fromage qui est resté dans les mémoires collectives : « bien manger, c’est le début du bonheur » ! Une affirmation qui prend encore plus son sens au large. Il y a l’importance des apports nutritifs tout au long de la course mais aussi l’aspect réconfort et plaisir de la nourriture qui est toujours plus prégnant pour les marins. C’est ce que rappellent les souvenirs de la précédente édition.  

Après la première forte dépression traversée, Damien Seguin (Groupe APICIL) disait apprécier un morceau de Beaufort alors que Boris Herrman (Malizia – Seaexplorer) expliquait s’être concocté un « petit apéro ». Un peu plus tard, Clarisse Crémer (actuellement L'Occitanie en Provence) s’offrait un bon pamplemousse et Alexis Barrier (TSE-4MyPlanet) détaillait le plaisir d’avoir retrouvé du chocolat fondu. Une nuit, Romain Attanasio (actuel Fortinet – Best Western), lui, s’était mis à table…  Dans ses rêves. Lors d’une vacation, il racontait en effet : « j’ai rêvé que je mangeais un steak-frites. J’ai approché ma fourchette vers ma bouche mais il n’y avait rien. Du coup, je me suis réveillé en sursaut ! » 

lyophilisés, appertisés, une affaire de goût

Ainsi, les skippers embarquent près de 150 kilos de nourriture pour tenir entre 70 à 100 jours de mer. Cet avitaillement est l’objet de toutes les attentions et pour cause. Tout le monde a encore en tête Armel Le Cléac’h, vainqueur du Vendée Globe 2016, qui avait perdu 8 kg après avoir trop puisé dans ces réserves dans les mers du Sud. Car il faut se restaurer pour tenir, résister à la fatigue, conserver la motivation en passant des semaines entières dans le chaos des océans Indien et Pacifique. 

Pour tous, la base est identique avec des préparations lyophilisées (déshydratés) et d'autres appertisées (sous vide). « Je fais un mélange entre les deux », explique Manuel Cousin qui reconnaît « avoir eu du mal à finir les lyophilisés en fin de Vendée Globe ». « Je crois que mon corps n’accepte plus les lyophilisés, ça ne passe pas », concède Alan Roura (Hublot). Il préfère les plats appertisés et tant pis si « c’est plus lourd ». « C’est un choix à faire : je préfère embarquer 10 kilos de plus mais être en forme et performant au maximum plutôt que de ne pas me sentir bien avec quelques kilos en moins à bord », précise le Suisse.  

La nourriture de Kojiro Shiraishi pour le Vendée Globe
Les plats de Kojiro Shiraishi, prêts à être embarqués dans son monocoque pour le Vendée Globe
© Thomas Deregnieaux / VG2024

quand la lassitude gagne les estomacs

Jérémie Beyou (Charal) qui s’élance pour une 5e participation, aime quant à lui « préparer lui-même ses repas ». « J’ouvre plusieurs sachets : un pour les légumes, l’autre pour la viande et j’ajoute ensuite des condiments, détaille-t-il. Ça me prend un peu plus de temps mais je trouve ça plus appréciable, un peu comme se préparer à manger à terre. ». Via son sponsor, Jérémie a également développé une gamme de produits lyophilisés (Charal Sport). 

D’un bateau à l’autre, on retrouve souvent les mêmes compositions de repas : parmentier, boulettes de viande, poulet tikka massala, Dahl de lentilles corail, salade thaïe, lotte aux épices et puis les recettes à base de riz, de pâtes, de semoule… Même si les progrès sont manifestes ces dernières années, à l’image de l’implication du chef étoilé Éric Guérin qui fournit plusieurs skippers, les marins concèdent que « les plats reviennent souvent », dixit Manu Cousin. « C’est sûr qu’après plus de dix ans et quatre Vendée Globe, tu finis par te lasser de certaines recettes », corrobore Jérémie Beyou. 

Samantha Davies s'apprêtant à manger une orange
Samantha Davies s'apprêtant à manger une orange
© Samantha Davies / Initiatives-Cœur

une dimension plaisir qui compte

Surtout, les goûts en mer sont parfois différents des goûts à terre. « Il y a des plats que j’aime beaucoup à la maison mais qui ne me plaisent pas trop en mer », confie Manu Cousin. « Les goûts évoluent au fil des années, encore plus au large qu’à terre », abonde Jérémie Beyou. Entre les repas, les skippers disposent de snacks, précieux notamment pendant les efforts (manœuvres, matossage). Le marin de Charal apprécie notamment la viande séchée et les oléagineux (noisettes, noix, noix de cajou).

Les concurrents n’étant pas des robots, la dimension plaisir n’est pas oubliée avec la nourriture. « Je garde toujours un peu de chocolat et des bonbons, ça peut remonter le moral, sourit Alan Roura. Et puis tu sais qu’après plusieurs semaines de mer, avec un petit morceau de fromage sur du pain en conserve, tu peux prendre un plaisir monstrueux ! » 

Manu Cousin, lui, aussi se dit « gourmand ». Un de ses partenaires et amis, Patrick Gelencser est maître chocolatier. Lors du dernier Vendée Globe, il lui avait confectionné des biscuits, des gâteaux au chocolat mais aussi de petites tablettes que Manu pouvait déguster au quotidien. Et pour en profiter, rien de mieux que de l’associer avec un bon café ! Le skipper de Coup de Pouce dispose à bord d’une machine à café manuelle qui fonctionne « avec une petite pompe ». « Il ne faut pas être pressé mais ça fonctionne très bien » s’amuse-t-il. Parfois, les marins doivent attendre plusieurs jours que la météo se calme avant de pouvoir se préparer un café. Mais l’attente fait qu’il est encore meilleur ! Alan Roura conclut : « il faut savoir conserver des aliments ‘plaisir’ tout au long du Vendée Globe, et encore plus vers la fin pour garder le moral et de l’énergie jusqu’au bout ! »  

Pour les fêtes, un coffret Sodebo

Sodebo, partenaire majeur du Vendée Globe, distribue à l’ensemble des marins engagés un repas de fête gourmand accompagné d’un petit message personnalisé. Au menu : suprême de pintade au foie gras, sauternes et risotto d’asperges, un muffin, du chocolat et un maxi cookie !


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