Tous les marins du Vendée Globe pourraient s’approprier un slogan pour une marque de fromage qui est resté dans les mémoires collectives : « bien manger, c’est le début du bonheur » ! Une affirmation qui prend encore plus son sens au large. Il y a l’importance des apports nutritifs tout au long de la course mais aussi l’aspect réconfort et plaisir de la nourriture qui est toujours plus prégnant pour les marins. C’est ce que rappellent les souvenirs de la précédente édition.
Après la première forte dépression traversée, Damien Seguin (Groupe APICIL) disait apprécier un morceau de Beaufort alors que Boris Herrman (Malizia – Seaexplorer) expliquait s’être concocté un « petit apéro ». Un peu plus tard, Clarisse Crémer (actuellement L'Occitanie en Provence) s’offrait un bon pamplemousse et Alexis Barrier (TSE-4MyPlanet) détaillait le plaisir d’avoir retrouvé du chocolat fondu. Une nuit, Romain Attanasio (actuel Fortinet – Best Western), lui, s’était mis à table… Dans ses rêves. Lors d’une vacation, il racontait en effet : « j’ai rêvé que je mangeais un steak-frites. J’ai approché ma fourchette vers ma bouche mais il n’y avait rien. Du coup, je me suis réveillé en sursaut ! »
lyophilisés, appertisés, une affaire de goût
Ainsi, les skippers embarquent près de 150 kilos de nourriture pour tenir entre 70 à 100 jours de mer. Cet avitaillement est l’objet de toutes les attentions et pour cause. Tout le monde a encore en tête Armel Le Cléac’h, vainqueur du Vendée Globe 2016, qui avait perdu 8 kg après avoir trop puisé dans ces réserves dans les mers du Sud. Car il faut se restaurer pour tenir, résister à la fatigue, conserver la motivation en passant des semaines entières dans le chaos des océans Indien et Pacifique.
Pour tous, la base est identique avec des préparations lyophilisées (déshydratés) et d'autres appertisées (sous vide). « Je fais un mélange entre les deux », explique Manuel Cousin qui reconnaît « avoir eu du mal à finir les lyophilisés en fin de Vendée Globe ». « Je crois que mon corps n’accepte plus les lyophilisés, ça ne passe pas », concède Alan Roura (Hublot). Il préfère les plats appertisés et tant pis si « c’est plus lourd ». « C’est un choix à faire : je préfère embarquer 10 kilos de plus mais être en forme et performant au maximum plutôt que de ne pas me sentir bien avec quelques kilos en moins à bord », précise le Suisse.