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Arnaud Boissières : « Comme un goût de reviens-y »

Arnaud Boissière, skipper de La Mie Câline, a finalement touché terre ce mercredi 12 février en Martinique, après une traversée éprouvante sous gréement de fortune. Victime d’un démâtage le 30 janvier, alors qu’il remontait l’Atlantique dans le cadre de son cinquième Vendée Globe, il avait tenté de poursuivre sa route en improvisant un mât de fortune avec sa grand-voile découpée. Une solution fragile qui ne lui permettait pas d'avancer sereinement. Face à l’évidence, il avait officialisé son abandon le 2 février. Malgré cette issue, “Cali” a démontré une fois de plus sa détermination et son ingéniosité en naviguant jusqu’au port du Marin, où il a pu accoster en toute sécurité. Son bateau sera prochainement chargé sur un cargo affrété par la Transquadra pour son rapatriement en métropole. Un épilogue forcé pour une aventure qu'il espérait mener à son terme, mais qui témoigne néanmoins de son courage et de son engagement sans faille envers la course au large. Déjà tourné vers l’avenir, il ne cache pas son envie de rebondir et de reprendre la mer au plus vite.

LE MARIN, MARTINIQUE - 12 FEVRIER 2025 : Arnaud Boissières (FRA), skipper de La Mie Caline, arrive au Marin, Martinique, sous gréement de fortune après un démâtage lors du Vendée Globe, le 12 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo Marc Marsillon / Vendée Globe)
LE MARIN, MARTINIQUE - 12 FEVRIER 2025 : Arnaud Boissières (FRA), skipper de La Mie Caline, arrive au Marin, Martinique, sous gréement de fortune après un démâtage lors du Vendée Globe, le 12 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo Marc Marsillon / Vendée Globe)

Vendée Globe :

Comment vas-tu après ces dix-douze jours passés sous gréement de fortune ? Ça doit faire sacrément du bien d’arriver ?

Arnaud Boissières
Arnaud Boissières
LA MIE CÂLINE

Franchement, j’ai traversé toutes les émotions pendant cette épopée, mais au final, ça m’a fait du bien. Ça m’a permis d’être moins submergé par l’émotion à l’arrivée, tout en réalisant l’énorme privilège et la chance que j’ai d’avoir terminé quatre Vendée Globe, dont trois dans le top 10. Arriver fait un bien fou. Brieuc Maisonneuve (skipper et ami d'Arnaud) est venu avec une partie de ma famille et l’équipe, et j’ai reçu un accueil fabuleux ici, au Marin. Des plaisanciers étaient là, et même des Vendéens de passage en Martinique ont fait le détour pour venir me voir. Quand tu abandonnes une course et que tu arrives dans un endroit où tu n’étais pas censé être, c’est presque gênant. Mais là, c’était énorme. C’est aussi ça, toute la magie du Vendée Globe.

Vendée Globe :

Que ressens-tu ?

Un grand soulagement et de la fierté parce que, gamin, je rêvais de faire le tour du monde… mais aussi de franchir le cap Horn. Je l’ai passé cinq fois, et ça, ça restera. Je n’ai peut-être pas terminé cinq Vendée Globe, mais j’ai franchi cinq fois ce cap mythique. Fierté aussi parce que je suis rentré par mes propres moyens, sans demander d’assistance, et pour moi, ça a une vraie valeur. Mon bateau, c’est une partie de moi, une partie de ma vie, et même de ma vie familiale. Cette arrivée, qui aurait pu être teintée de tristesse, a finalement été fabuleuse. Tout le monde m’a félicité pour ce Vendée-Rhum, et beaucoup ont trouvé ce concept original et plutôt sympa.

Vendée Globe :

Quid de la suite et des timings pour le cargo, ton retour en métropole ?

Mardi et mercredi prochains, on sortira le bateau de l’eau. On le déquillera, on enlèvera les foils et les safrans. Deux appendices sont bien abîmés. Pour l’instant, on ne sait pas encore si le bateau sera posé sur un terre-plein ou remis à l’eau après, mais quoi qu’il arrive, il sera conditionné pour être prêt à embarquer sur le cargo affrété par la Transquadra. Les timings ne sont pas encore précis, mais sans doute début mars. Le cargo rentrera alors à Lorient. Quoi qu’il arrive, je serai au départ de la Transat Café L’OR. À l’origine, j’avais plein de projets, parce que j’adore mes bateaux et évoluer. Dans l’idéal, j’avais imaginé faire cette transat avec un autre bateau, qui aurait pu devenir le mien juste après. Mais aujourd’hui, je ne sais pas où on en est. Les décisions ne dépendent pas que de moi, il faut en discuter avec mes partenaires, surtout après cette avarie, qui n’est pas anodine financièrement. En tout cas, c’est comme quand on tombe de cheval : il faut vite remonter en selle. Ça fait des années que je fais de la course au large, et ce n’est pas cet abandon qui va m’arrêter. Je ne peux pas en rester là. Je vais tout faire pour rebondir et mettre toute mon énergie dans la suite. Forcément, pour ce qui concerne le Vendée Globe, j’ai un goût de reviens-y. Merci à tous du fond du cœur.


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