« Retourner jouer dans le Sud », voilà ce qui poussait Alan Roura à reprendre un ticket pour faire un troisième tour de grand huit ! Il a été servi le marin suisse, qui tout au long de sa course, a bravé les éléments avec ténacité. Il faut dire que sur son foiler Hublot, le dernier IMOCA d’Alex Thompson au design si radical, le compromis n’existe pas vraiment, et cela change forcément par rapport à ses deux derniers tours du monde sur des bateaux plus anciens, à dérives droites.
Mais Alan Roura n’est plus un jeune premier, lui qui, en 2016, s’était élancé à 23 ans seulement – nous rappelant une certaine Violette Dorange – et en 2020 était encore le benjamin de l’édition. A 31 ans, fort de toute son expérience, le skipper de Hublot a pu gérer sa course et son bateau, en plaçant le curseur entre cœur de compétiteur et raison d’entrepreneur.
S’il a malheureusement vu partir un peu trop tôt la tête de flotte en restant englué dans la pétole au large du Cap Vert, Alan Roura n’a malgré tout pas manqué de confrontation. En franchissant le premier équateur en 33e position, il a bataillé pour remonter la flotte d’abord dans l’Atlantique Sud, puis dans « l’Indien du diable », mais aussi tout au long du Pacifique, dans le quatuor qu’il a formé avec Jean Le Cam, et surtout Giancarlo Pedote et Isabelle Joschke. Contrairement à ces deux derniers, Alan Roura fera même le choix de ne pas ralentir avant le Cap Horn, malgré des conditions tempêtueuses. Un choix courageux mais peu récompensé, puisque l’anticyclone au large du Brésil allait, quelques jours plus tard, remettre les compteur à zéro.
La fin d’Atlantique fut ainsi une série de coups d’élastique, un coup en défaveur, un coup en faveur du marin suisse. Jusqu’à la dépression finale au Nord des Açores, qui permet au skipper de Hublot de mettre les bouchées doubles, et finir sa course dans l’intensité qu’il espérait tant trouver. Un match « oufissime » conclu à la lutte avec Damien Seguin, Benjamin Ferré et Tanguy Le Turquais. Aux portes du Top 15, barbu, heureux, et surtout fier d’avoir à nouveau réussi son pari !