Aujourd’hui, pour Sam Goodchild (VULNERABLE), Jérémie Beyou (Charal), Paul Meilhat (Biotherm), Nicolas Lunven (Holcim – PRB), Justine Mettraux (TeamWork – Groupe Snef) et Thomas Ruyant (VULNERABLE), c’est le calme avant la tempête. Une dorsale s’est installée sur leur route, ralentissant leur progression et leur imposant une journée frustrante, presque trompeuse. Sous ce ciel apaisé, les voiles claquent parfois mollement, et les vitesses chutent. Mais tous savent que cette lenteur est une parenthèse, le calme qui précède l’assaut. Dès demain, la fameuse dépression XXL annoncée débarquera comme une diva en colère, bien décidée à secouer tout ce petit monde à grand renfort de vents violents et de vagues spectaculaires. Et ils ne seront pas les seuls à devoir composer avec son tempérament capricieux. Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence), Benjamin Dutreux (GUYOT environnement), Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) et Sam Davies (Initiatives-Cœur) risquent eux aussi d’être aux premières loges pour ce spectacle dantesque. Le hic, c’est qu’après près de 70 jours en mer, ni les hommes ni les bateaux ne sont épargnés par l’usure. Les corps sont marqués par des semaines de sommeil morcelé, d’efforts intenses, et d’une alimentation parfois approximative. Les bateaux, eux, portent les cicatrices d’un tour du monde et ressemblent à des guerriers revenus de trop de batailles : voiles fatiguées, structures sollicitées jusqu’à l’extrême, bricolages de fortune parfois plus basés sur l’espoir que sur des pièces solides. Pourtant, l’objectif reste clair : franchir cette fameuse ligne d’arrivée, quoi qu’il en coûte. À ce stade, il ne s’agit plus d’impressionner la galerie, mais de rester dans le match et, surtout, d’arriver entier.
Quand le courage dépasse tout
Et si la fatigue se fait sentir, l’appréhension aussi. Pour cette poignée de marins qui s’apprête à affronter du gros temps pendant 24 heures, l’angoisse est presque palpable. Mais la peur ne se limite pas à ce groupe en première ligne. Elle prend mille visages dans la flotte, allant des frayeurs soudaines aux inquiétudes diffuses. Hier encore, au large du Brésil, Violette Dorange (DEVENIR) en a fait l’amère l’expérience. Dans des conditions difficiles, elle a dû affronter l’une des manœuvres les plus redoutées des marins : monter en tête de mât.