Certes, il a fallu faire des concessions, fermer le village au public au bout d’une dizaine de jours puis accepter que les skippers traversent un chenal vide de supporters au moment du départ. Pourtant, alors que de nombreux événements sportifs sont mis en suspens, le Vendée Globe tient bon. Les skippers s’élancent, le public est massivement au rendez-vous derrière ses écrans et, surtout, le scénario est au rendez-vous.
En début de course, une tempête intertropicale, Thêta, bouscule la hiérarchie. Certains bateaux à dérives droites - Jean Le Cam (Yes We Cam) et Benjamin Dutreux (OMIA Water Family) - parviennent à la franchir dans les premières positions. Un favori fait demi-tour (Jérémie Beyou, Charal), un outsider démâte (Nicolas Troussel, Corum L’Epargne) avant qu’Alex Thomson (Hugo Boss), grand animateur du début de course, abandonne dans l’Atlantique Sud.
Et puis tout bascule au cap de Bonne-Espérance, le 30 novembre. Le bateau de Kevin Escoffier (PRB), alors 3e, se casse en deux. Immédiatement, les quatre skippers les plus proches se déroutent pour lui venir en aide. Les recherches durent 12 heures avant que Jean le Cam ne parvienne enfin à secourir Kevin. Six jours plus tard, le marin est transféré à bord d’une frégate, le Nivôse. Le jury du Vendée Globe décide ensuite d’attribuer des compensations à ceux qui se sont déroutés. Cela ne concerne plus Sébastien Simon (ARKEA PAPREC) qui a abandonné (choc avec un OFNI) tout comme Samantha Davies (Initiatives Cœur), Fabrice Amedeo (Newrest – Art & Fenêtres) et plus tard Isabelle Joschke (MACSF).
Dans les mers du Sud, Louis Burton (Bureau Vallée) monte au mât trois fois pour réparer ses voiles d’avant, Thomas Ruyant (LinkedOut) doit composer avec un foil en moins et Yannick Bestaven passe en tête au cap Horn devant Charlie Dalin. La remontée de l’Atlantique est un concentré de suspense avec des regroupements successifs en tête et une régate de haute volée. Ils sont quatre à se « tenir » en quatre heures à l’équateur, ils seront huit à franchir la ligne d’arrivée en 24 heures, du jamais-vu !
Dans le rush final, Charlie Dalin franchit la ligne en tête mais la victoire revient à Yannick Bestaven, 3e sur la ligne et incroyable par sa ténacité et son engagement. Après les compensations de temps, Charlie Dalin est finalement 2e, Louis Burton se hisse sur le podium (3e) et Jean Le Cam prend une incroyable 4e place. Après être tombé dans les bras de Charlie Dalin, le trophée en main, Yannick Bestaven lui fait cette confidence : « dans quatre ans, ce sera le tien ».