Tanguy Le Turquais : « ce que j’ai le plus découvert, c’est moi-même »

C’est génial, je suis hyper heureux. On l’a fait… Je n’ai pas les mots, c’était trop bien ! Au départ, je ne savais pas où j’allais, j’étais en pleurs. Et là je reviens, je suis encore en pleurs et c’est incroyable. 

Ce n’est pas la place qui compte mais c’était le scénario parfait. Si ma course a été belle, c’est grâce à Benjamin. J’étais content qu’on soit ensemble et en même temps c’était horrible d’être à côté de lui. J’ai l’impression de revenir d’une étape de Figaro ! On ne s’est jamais lâché pendant deux mois, c’était si intense ! Je n’ai qu’une envie, c’est de le remercier. Je n’ai pas fait seulement un tour du monde, on s’est tiré la bourre jusqu’au bout ! J’ai détruit mon bateau juste pour être à côté de lui. Et je suis très content de finir à 16 minutes derrière lui. 

Oui, la remontée du chenal était incroyable avec la lumière, l’ambiance… La plus belle des récompenses, c’est le sourire des colocs de Lazare… C’est juste ouf ! 

Oui, même quand il y a eu des difficultés, même quand je me suis retrouvé dos au mur. Je suis fier d’avoir su rebondir malgré les galères. Je n’ai jamais mis ma course entre parenthèse. C’est un travail d’équipe, un sacré boulot en amont pour aller au bout. Je reviens changé comme jamais je ne l’aurais espéré.

Je me souviens lorsqu’on a passé le cap Horn. On est bord à bord et on se dit : « on rêve d’y être ». Et on s’est dit : « le top, ce serait de faire l’arrivée et la conférence de presse ensemble ! » Et on y est ! Nous avons beaucoup discuté avec Benjamin qui était extrêmement bavard (rire). Chaque jour, il m’envoyait des résumés de ces documentaires animaliers ! Mais j’étais honoré d’être un kangourou !

J’avais très envie de terminer devant Benjamin. Il avait racheté le Mini de Clarisse et je me demandais qui c’était… Benjamin ne fait pas la différence entre un tournevis plat et un cruciforme ! Moi, je sais bricoler sur un bateau. Du coup, j’avais vraiment envie de le battre (rire). On a beaucoup échangé pendant trois mois. Sur le Vendée Globe, on a parfois l’impression d’être tous sur le même bateau. Ça a créé un lien très fort. Et pendant tout le tour du monde, Benjamin a progressé, c’était impressionnant (rires) ! 

Ce que j’ai le plus découvert, c’est moi-même, mes limites, savoir comment je peux réagir quand je suis dos au mur. Là tu es seul, tu n’as pas le choix. Comment on réagit, comment on fait face. Ce sont les réponses que je suis allé chercher. J’aime bien dire que j’ai pas de limite mais avec ce Vendée Globe, je crois que je les perçois un peu plus.